À la loupe l Colin White, espoirs et questionnements sur le prolifique attaquant des États-Unis au CMJ
Les Américains ont eu très chaud hier en marge des quarts de finale du Mondial junior, l’emportant de justesse face aux Suisses (3-2). Une victoire à mettre au crédit de Tyler Parsons, le gardien yankee, qui a repoussé 19 tirs parmi lesquels une tentative extrêmement dangereuse de Nico Hischier, tout proche de niveler la marque dans le troisième tiers. Devant lui, Jordan Greenway et Luke Kunin ont de nouveau porté l’offensive des USA avec un but chacun, tandis que Jeremy Bracco a ouvert la marque sur le jeu de puissance. Meilleur pointeur de la formation, Clayton Keller est resté discret hier soir, mais a cependant offert de belles séquences de jeu à 5-contre-5, exploitant régulièrement toute l’étendue de sa palette technique sur l’aile gauche de l’attaque américaine. Cependant, il reste un leader de cette formation qui, s’il s’est avéré peu en vue hier face aux Helvètes, n’en demeure pas moins un joueur important dans le système mis en place par Bob Motzko…
Choix de première ronde des Sénateurs lors de l’encan amateur 2015 (21ème au total), Colin White pivote actuellement le premier trio d’Équipe États-Unis en compagnie de Keller et de Joey Anderson. Attaquant polyvalent, privilégiant le rôle de centre, il est reconnu par de nombreux observateurs comme un avant à l’aise dans les trois zones, capable d’une saine activité en défensive, doublée d’un excellent sens de la passe. Parmi ses quelques défauts, cependant, une certaine inaptitude à marquer de façon constante a pu l’éloigner du Top-15 des espoirs lors de son repêchage, comme le soulignait, il y a un peu plus d’un an, Chris Dilks de SB Nation College Hockey. Cependant, c’est bien dans la colonne des buts que White a su s’imposer cette année à l’occasion du Mondial junior, postant jusqu’ici un total de 4 buts pour 1 assistance et 5 points, le tout avec un pourcentage de tirs remarquable de 44,44%.
Une efficacité remarquable, qui semblait lui faire défaut auparavant, mais qui lui a permis de se révéler dernièrement aux yeux du public comme un attaquant de plus en plus complet. Prompt à remporter ses face-à-face contre les gardiens, comme pour ce but inscrit lors de la victoire sur les Lettons, ou bien à exploiter sans problème son excellent positionnement dans l’enclave sur le jeu de puissance, ici face au Canada, White fait sans cesse montre d’une certaine diversité dans la concrétisation de ses chances de marquer. Souvent bien placé, il s’insère logiquement sur la supériorité numérique des siens, et parvient dans toutes les situations à faire valoir son jeu sans la rondelle. Patineur émérite et bon passeur, il possède un apport très précieux sur les entrées en territoire adverse, qu’il contrôle au mieux en distribuant habilement le jeu autour de lui. En complément, il est un défenseur habile avec le bâton, actif dans la zone neutre, et sait bien se servir de son physique pour générer des opportunités, en allant batailler pour le disque.
Quand des doutes subsistent
Pourtant, malgré la réussite certaine de son tournoi sur le plan statistique, certaines problématiques entourent toujours le cas Colin White. Loué pour ses qualités de fabricant de jeux, il n’a pour l’heure qu’une seule assistance au compteur, laissant filer l’initiative de la création à Clayton Keller, son partenaire sur l’aile gauche. Ses passes, souvent éclairées en transition, se font parfois assez hasardeuses sur les phases plus contrôlées, notamment en avantage numérique. Un petit manque de lucidité qui ternit donc occasionnellement le jeu développé par White, ses instincts naturels ne parvenant pas à combler ces quelques erreurs. Hier, comme l’ensemble des patineurs américains, l’attaquant a également manqué de mordant, semblant parfois perdre ses moyens alors que l’opposition montait en niveau et en intensité. Gageons que, s’il est bon de savoir concrétiser les bonnes assistances délivrées par ses partenaires, ou de se montrer relativement efficace face à de faibles équipes comme la Lettonie, un joueur possédant le statut de White se doit d’en faire plus lorsque l’opposition s’avère très tenace. Auteur d’un match bien négocié contre Équipe Canada, il devra renouveler ce genre de performance au moment d’affronter les Russes en demi-finale. C’est ainsi que le natif de Hanover, Massachusetts fera pleinement honneur au ‘A’ qu’il porte sur son chandail.
Finalement, White est-il un leader à part entière de l’escadron américain ou bien le premier bénéficiaire du niveau de jeu affiché par ses partenaires, en particulier par Clayton Keller? En matière de qualités pures, il apparaît bien comme un joueur au potentiel certain, et ses statistiques hors-CMJ ne trompent d’ailleurs pas: cette saison, il cumule 17 points (dont 10 buts) après 18 matchs avec Boston College en NCAA, contre 43 (19 buts, 24 passes) en 37 rencontres l’an passé. Une production régulière, qui le place naturellement comme un espoir de premier plan au sein de l’alignement d’Équipe États-Unis. Pour autant, si White garde l’initiative dans son apport physique et ses passes intéressantes en entrées de zone, il apparaît davantage comme un produit du collectif américain que comme son moteur. Dans ce registre, Greenway, Keller, Kunin ou l’arrière Charlie McAvoy font plus. Face à la Russie, il sera donc intéressant de voir ce que Colin White pourra produire, et s’il saura ou non s’imposer comme un vrai détonateur offensif. Un rendez-vous qui comptera énormément dans sa jeune carrière, tandis que Pierre Dorion, DG des Sénateurs, aura probablement son espoir à l’œil, lui qui se serait récemment déplacé au Mondial junior pour y épier quelques éléments.
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Colin White
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