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À la loupe l Drake Caggiula, l’attaquant énergique avance dans l’ombre

Il était l’un des joueurs de la NCAA les plus convoités l’an passé avant de rejoindre les Oilers, et le voilà désormais forcé de s’adapter à l’exigence de la Ligue Nationale. Cette saison, c’est celle de tous les dangers pour Drake Caggiula (22 ans), mais c’est aussi celle de toutes les opportunités. Natif de l’Ontario, passé par le système universitaire américain et jamais repêché, l’attaquant possède un profil très particulier, en plus d’un parcours atypique. Pourtant, alors que son acclimatation au circuit Bettman demeure assez complexe sur le plan tactique, Caggiula s’accroche et poursuit petit à petit son apprentissage du haut niveau.

Un ailier gauche décalé au centre

L’histoire du jeune Drake dans le grande ligue, c’est d’abord celle d’un joueur amené à prendre des responsabilités inattendues au vu de sa relative inexpérience. Comme le note ici Jim Matheson, du Edmonton Sun, c’est non sans une certaine appréhension que le joueur, inséré dans l’alignement des Oilers à la mi-novembre, s’est retrouvé implanté au poste de troisième centre par Todd McLellan. L’objectif ? Permettre à Leon Draisaitl, pourtant plus habitué à pivoter des trios, de rester à l’aile droite sur les deux premières lignes, tout d’abord avec Ryan Nugent-Hopkins, puis aux côtés de Connor McDavid. Voilà donc comment Caggiula, ailier gauche en NCAA, s’est retrouvé au centre d’un trident complété par Milan Lucic et Anton Slepyshev. Une intégration particulière donc, même si le principal intéressé se dit plutôt satisfait de pouvoir développer une certaine chimie avec ses partenaires réguliers :

« C’est assez sympa cette stabilité, le fait d’évoluer tout le temps sur la même ligne » expliquait-il à l’Edmonton Sun, « Mais il faut se montrer capable de faire ce qui est demandé. Je peux m’adapter. Ce dont je suis sûr, c’est que je dois m’améliorer sur les mises au jeu (39,5%…), si je dois jouer au centre. Des meilleures mises au jeu, ça signifie plus de confiance de la part des coachs et la possibilité de jouer dans toutes les situations. »

S’il est logique de le voir tâtonner, Caggiula possède cependant les faveurs de l’équipe technique quant on en vient à son rôle sur la glace. Niveau « faceoffs », il est le plus souvent laissé à l’écart du cercle, ce qui réduit quelque peu ses responsabilités ainsi que ses apparitions au long des rencontres. Avec un temps de jeu moyen de 13:18, il demeure l’un des attaquants les moins utilisés par McLellan, qui fait donc le choix de préserver son joueur des situations les plus critiques. Ainsi, l’ancienne vedette des Fighting Hawks de North Dakota prend par exemple 58,9% de ses entrées en zone offensive, au deuxième rang chez les attaquants qui composent l’alignement actuel des Oilers. Idem pour le jeu de puissance où, avec 1:43 de moyenne par match, Drake Caggiula se poste comme le dixième joueur le plus utilisé par son coach à 5-contre-4. Certes, on est loin d’une contribution de premier plan sur l’avantage numérique, mais on relève déjà un décalage assez net avec un Jesse Puljujarvi par exemple, lui qui était de son côté utilisé 49 secondes par match sur ce type de phases. Une différence importante, illustrant les dynamiques opposées de leurs saisons respectives.

Une vraie pile électrique

Pourtant, avec seulement 8 points (3 buts, 5 passes) en 30 matchs, Caggiula ne compte pas sur une production offensive mirifique, celle-ci étant au contraire relativement identique à celle de l’espoir finlandais. Cependant, c’est par d’autres moyens que le jeune Drake parvient à se distinguer. Petit gabarit (5’9 », 185 livres), il s’avère, toutefois, être l’un des avants les plus redoutables à Edmonton en matière d’intensité physique. Avec un bon coup de patin, Caggiula est un joueur capable d’avoir un vrai impact au niveau de la possession du disque, car il combine à la fois vitesse, technique et énergie. Un profil qui sied à merveille aux besoins d’une troisième ligne s’illustrant par la pression qu’elle distille en zone offensive : contre les bandes, Lucic et Caggiula s’activent pour gêner au maximum les défenseurs adverses. Cette étiquette atypique de petit joueur tenace, notre homme la porte d’ailleurs depuis un moment, et il y a fort à parier que c’est en partie pour cela que Peter Chiarelli a tenu à l’acquérir au printemps dernier. Il y a quelques semaines, nous vous rapportions ainsi les propos de l’ancien homme fort des Bruins à l’endroit de Zack Kassian, récupéré l’an passé pour évoluer sur le quatrième trio des Oilers. Pour expliquer ce choix, le DG s’était fendu d’une citation qui fait également écho au cas Caggiula :

« L’objectif était de devenir plus robuste. C’est difficile de trouver ce genre de joueurs, capables d’évoluer dans cette division avec San José, Anaheim et L.A, des équipes fortes, physiques. »

Ce qui est clair, c’est que si l’on peut adresser certains reproches au haut-dirigeant quant à sa gestion de la franchise, il est certain que notre homme possède une vision qu’il applique pour l’heure avec une réelle constance. Le leitmotiv est simple : si la Section Pacifique est exigeante physiquement, nous devons donc nous mettre au diapason, et vite. Dans ce contexte, l’embauche et le maintien de Caggiula font énormément de sens. Pour souligner ce point, notez comment, en septembre dernier, l’expert en hockey universitaire Chris Dilks décrivait le joueur à David Staples, de l’Edmonton Journal :

« Caggiula est un petit avant, mais il a du cran, et place beaucoup d’efforts dans son jeu. Il pourrit la vie de l’adversaire sur l’échec avant, tout en jouant bien des deux côtés de la patinoire. Ce sera difficile pour lui de produire des tas de buts au haut niveau, mais il peut devenir un joueur d’énergie formidable sur le bottom-6. »

Une prédiction éclairée, qui anticipait parfaitement la saison que connaît actuellement l’Ontarien. S’il est logique de le voir réduire la voilure sur le plan numérique en LNH (pour rappel, il cumulait l’an passé 25 buts et 26 passes pour 51 points en 39 matchs de NCAA), son activité physique, elle, reste remarquable. Avec un total de 54 charges, il se place au neuvième rang pour les mises en échec chez les Oilers, un bel exploit pour un joueur de 5’9 », qui découvre encore les subtilités de son poste de centre. On garde ainsi le sentiment que c’est via cette débauche d’activité contre les bandes que notre homme s’assure une place dans l’alignement assemblé par Peter Chiarelli.

Au sein d’une équipe où des Patrick Maroon, Milan Lucic et autres Zack Kassian complètent les différentes strates de la hiérarchie offensive, Caggiula rentre dans le rang et offre lui aussi la dimension physique recherchée pour concurrencer les grosses écuries de la Division Pacifique. Pour le reste, sa relative habileté avec le disque, couplée à son coup de patin explosif, laissent à penser que le jeune joueur aura encore la possibilité de progresser statistiquement parlant. Non repêché, le champion universitaire et meilleur joueur du Frozen Four 2015/16 s’est révélé sur le tard, et cette particularité semble indiquer que notre homme peut encore surprendre si on lui laisse du temps. Parmi les secteurs à travailler, l’efficacité au lancer s’avère entre autres un point très important. À 97,5%, son PDO** se trouve parmi les plus bas à Edmonton. Buteur prolifique en NCAA, Drake Caggiula doit donc encore retrouver sa touche en LNH et avec seulement 30 matchs au compteur, il n’est pas surprenant que sa période d’adaptation s’éternise quelque peu.

Avec son profil atypique, chaque minute de plus sous la tunique des Oilers représente déjà une victoire pour le jeune canadien. À Edmonton, Caggiula est parvenu à faire son chemin, bien que la route soit encore longue avant de pouvoir prétendre à une place sécurisée en LNH. Quoi qu’il en soit, c’est bien grâce à cette mentalité exemplaire affichée jusqu’ici, et via l’implication physique constante qu’il met dans chacune de ses rencontres, qu’il se donnera les moyens de conserver les faveurs de Todd McLellan.

Sources Statistiques : hockey-reference.com

** Il s’agit du pourcentage de réussite aux tirs additionné au pourcentage d’arrêts du gardien adverse lorsque le joueur est présent sur la glace.

[STATS]11308[/STATS]

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