À la loupe : les gardiens de Vancouver, une lueur d\’optimisme et quelques doutes
Les Canucks amorceront leur saison ce soir à domicile face aux Flames de Calgary (22h Heure de l\’Est) dans une atmosphère marquée par un certain scepticisme. Annoncée par de nombreux observateurs comme la formation la plus faible du circuit, la franchise dirigée par Jim Benning est confrontée aux questionnements générés par l\’âge avancé de ses leaders, Daniel et Henrik Sedin (36 ans), ainsi que la relative faiblesse de son offensive. À la ligne bleue, derrière le solide Chris Tanev, le reste de la brigade arrière demeure plutôt quelconque. Malgré tout, il subsiste cependant un poste où les hommes de Willie Desjardins ne paraissent en rien démunis. Entre expérience, talent et potentiel, les gardiens des Canucks sont en effet un véritable facteur d\’optimisme pour les partisans, d\’autant que la profondeur dans les cages s\’étant au-delà du groupe professionnel, dans les ramifications de la banque d\’espoirs…
Avec Ryan Miller et Jacob Markstrom dans les cages, c\’est même un petit casse-tête qui s\’est offert à la direction locale au moment de désigner le cerbère partant pour l\’entame de la saison. D\’un côté, le vétéran de 36 ans et sa stature de dernier rempart reconnu et respecté à travers la ligue. De l\’autre, le suédois âgé de 26 printemps distingué par sa solide prestation durant la dernière Coupe du Monde, avec notamment ses 27 arrêts lors du premier match de la « Tre Kronor » face à Équipe Russie. Choix cornélien s\’il en est, qui démontre la maîtrise apportée par ce duo devant le but de Vancouver, dont la constance a trouvé un certain écho l\’an passé sur le plan statistique. Les deux hommes ont ainsi chacun posté un pourcentage d\’arrêts supérieur à .910 (.916 en 51 matchs pour Miller, .915 en 33 rencontres pour Markstrom) témoignant de leur capacité commune à s\’imposer comme de réelles options pour une place de titulaire au sein de leur équipe.
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De plus, la régularité de ces chiffres est à mettre en perspective avec l\’état de la défensive des Canucks, touchée par de nombreuses blessures au cours de l\’exercice 2015/16. Dans ce contexte, la stabilité des performances offertes par le duo de portiers n\’est pas simplement positive, c\’est en fait une vraie chance pour le staff de Vancouver, qui y trouvera un bon facteur d\’assurance dans l\’optique de modeler cette saison une défense plus étanche que l\’an passé.
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De solides espoirs issus de la NCAA
Derrière ce tandem plutôt sécurisant, la jeunesse des Canucks est en bonne voie avec la présence dans la banque d\’espoirs de deux jeunes cerbères très en vue l\’an passé, Thatcher Demko et Michael Garteig. Tous deux sortent du circuit universitaire américain et tous deux ont su y briller, Demko obtenant même l\’an dernier le Trophée Mike Richter du meilleur gardien ainsi qu\’une place de finaliste au prestigieux Trophée Hobey Baker, récompensant le joueur le plus performant de l\’année en NCAA. Avec les Eagles de Boston College, notre homme a atteint un excellent pourcentage d\’arrêts de .935, se présentant par la suite en pleine confiance du côté du camp d\’entraînement des Canucks. Comme le soulignait alors Jeff Godley du site Fansided thecanuckway.com, la performance de Demko lors de sa titularisation en pré-saison face aux Oilers fut encourageante et ponctuée de 29 arrêts, malgré une défaite 4-1. Malheureusement pour le jeune américain, la faiblesse intrinsèque de l\’alignement mis en place ce jour-là ne lui a guère parmi de sauver les apparences, alors qu\’il s\’est parfois montré trop timide, notamment face à un Jesse Puljujärvi remonté.
C\’est en LAH que Demko débutera la saison, sous la tunique des Comets d\’Utica. À bientôt 21 ans, le choix de deuxième ronde (36ème au total) des Canucks au Repêchage 2014 semble sur la voie de la progression, lui qui a impressionné les dépisteurs par sa maturité, son sens du positionnement et sa technique papillon qui lui vaut, entre autres, des comparaisons avec son aîné des Prédateurs, Pekka Rinne.
Autre talent passé lui aussi par la NCAA, Michael Garteig est un gardien de 24 ans en qui certains voient le potentiel d\’un suppléant de choix au niveau LNH. Natif de la Colombie-Britannique, il fut élu deux années de suite meilleur gardien de BCHL (2010/11 et 2011/12) dans les rangs des River Kings de Powell. Après avoir rejoint l\’équipe de Quinnipiac sur le circuit universitaire américain en 2012, notre homme s\’est imposé petit à petit comme un indiscutable devant le filet des Bobcats. Réalisant une saison 2015/16 marquée par un pourcentage d\’arrêts de .924, il a porté la formation du Connecticut jusqu\’en finale du Frozen Four, avant d\’être défait par les Fighting Hawks de North Dakota. À l\’instar de ce que souligne à nouveau Godley sur thecanuckway.com, son apparition en pré-saison face aux Jets de Winnipeg incite à l\’optimisme, avec 28 tirs stoppés et une victoire 3 buts à 2 pour Vancouver.
Barré par l\’expérimenté Richard Bachman pour un poste d\’auxiliaire en LAH, Garteig commencera la saison en ECHL du côté d\’Anchorage, comme titulaire pour les Aces de l\’Alaska. Avec Demko, ce tandem semble prometteur pour l\’avenir et laisse les partisans avec l\’espoir de trouver, parmi ces deux joueurs, une doublure solide pour Markstrom d\’ici quelques années.
Une hiérarchie qui fait débat
Malgré tout, le tableau n\’est pas entièrement idyllique concernant les gardiens des Canucks, pour lesquels certaines problématiques subsistent encore. Chez les professionnels, la controverse autour de la répartition des départs entre Miller et Markstrom reste centrale et divise partisans et observateurs. Concrètement, et comme le résume Jason Botchford du journal The Province, la hiérarchie du poste à Vancouver est influencée par des facteurs contractuels et des questions d\’anticipation, le vétéran américain entrant actuellement dans la dernière année de son contrat. Étant donné que, sauf surprise, Miller ne devrait pas recevoir d\’offre de prolongation venant de la haute-direction des Canucks, Markstrom est donc sensé prendre la relève au poste de titulaire dès l\’an prochain. Cependant, si la politique de Benning consistant à faire de Miller le gardien numéro 1 de l\’équipe pour l\’ensemble de cette nouvelle saison est rigoureusement appliquée, le suédois ne se retrouverait qu\’avec un total avoisinant la trentaine de matchs disputés (à moins d\’une éventuelle blessure). Trop peu pour acquérir les certitudes suffisantes en vue de prendre une soixantaine de départs à partir de 2017. Pour Botchford, une campagne de 40/45 rencontres serait plus sage afin d\’évaluer les capacités de Markstrom sur une saison rythmée et ainsi lui permettre de confirmer sa régularité statistique vue l\’an passé dans le sillage de Ryan Miller.
Côté espoirs, si la qualité d\’un Demko ou encore le potentiel intriguant d\’un Garteig sont encourageants, reste que le contingent de jeunes gardiens se limite uniquement à ces deux joueurs, comme vu ici sur le site Hockey\’s Future. En termes de profondeur, cela reste limité lorsque l\’on constate que certaines formations comptent jusqu\’à 5 éléments prometteurs à ce poste dans leur banque d\’espoirs. Et bien que l\’émergence de Thatcher Demko sur ces dernières années soit remarquable, son arrivée à Utica servira à coup sûr de vrai révélateur pour juger ses chances de s\’imposer comme doublure de Markstrom d\’ici les prochaines saisons. Reste que le jeune américain, qui fêtera ses 21 ans en décembre, possède encore une grosse marge de progression.
Avec son parcours atypique, Michael Garteig n\’offre de son côté que peu de garanties, à l\’instar de nombreux cerbères ayant connu ce genre de trajectoire particulière. Comme pour son collègue, on surveillera son passage dans l\’Alaska où il récupérera le rôle de partant, ce qui sera une bonne occasion d\’évaluer son potentiel face à des adversaires plus expérimentés que ceux rencontrés auparavant en NCAA.
Derrière l\’apparente solidité du duo Miller/Markstrom, quelques brèches subsistent donc chez les portiers des Canucks et il sera intéressant de voir quelle approche sera suivie par les dirigeants concernant la hiérarchie et le développement de leurs gardiens. Malgré tout, protégée par un tandem partageant expérience et régularité, lui-même complété par une relève intéressante, la cage des Canucks semble, à l\’orée de la saison 2016/17, entre de bonnes mains.
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