À la loupe | Les Preds ont haussé l’intensité… et les Blackhawks se sont écroulés
C’est une grande première! Jamais, depuis le début de l’ère Quenneville, les Blackhawks n’avaient été menés 2-0 au départ d’une série amorcée à domicile. Après leur victoire d’hier (5-0), les Prédateurs ont également engrangé un deuxième jeu blanc de suite. Une belle récompense pour le portier Pekka Rinne, qui a porté les siens avec une nouvelle performance de haut-vol, ponctuée de 30 arrêts. Mais il faut l’avouer, le Finlandais a été bien aidé par une formation de Nashville capable de prendre à défaut des Hawks en sous-tension, surpris par l’incroyable intensité déployée, au long de la rencontre, par leurs adversaires.
Zolnierczyk et Sissons, les tueurs à gages
Récemment, nous constations que ces Séries Éliminatoires, comme souvent, laissaient la place à des héros parfois peu connus du grand public, qui surprennent leur monde en marquant pour leur formation. D’ordinaire discrets, ces patineurs parviennent à faire la différence dans des rencontres serrées, illustrant ainsi la nécessité d’une bonne profondeur à l’offensive lors du tournoi printanier. Hier soir, Nashville pouvait ainsi compter sur deux spécimens de ce type: Harrison Zolnierczyk et Colton Sissons. Tous deux ont su scorer dans un moment critique du match, en second tiers, pour permettre aux Preds de creuser définitivement l’écart sur une équipe des Blackhawks en manque criant de réussite (ils ont touché deux fois le poteau hier soir…).
Des deux, Zolnierczyk fut le premier à frapper, avec un filet inscrit en échappée, qui doit beaucoup à la maestria technique de Mattias Ekholm. Depuis sa zone, le Suédois profitait de l’espace laissé par Chicago pour délivrer une longue passe traversant le territoire neutre jusqu’à son partenaire, lequel mystifiait ensuite Corey Crawford en un-contre-un. Au passage, le gardien Pekka Rinne récupérait là sa première assistance de la soirée (il en aura deux au total). Quelques minutes plus tard, c’est la quatrième ligne des Preds qui rentrait en action, avec un but plus maîtrisé. Une nouvelle fois, l’escouade du Tennessee surprenait les Hawks sur phase de transition, avec une entrée en zone contrôlée de Craig Smith. Arrivé aux abords de la cage, l’ailier réalisait ensuite un spinorama avant de décocher un premier tir repoussé par Crawford. Placés dans l’enclave, Pontus Aberg et Colton Sissons récupérait le disque et après quelques rebonds, le joueur de centre finissait finalement par trouver l’ouverture. Rapides et travailleurs, les trois compères portaient ainsi la marque à 3-0.
Des réalisations qui récompensent le travail acharné fourni par les deux avants pour mettre en difficulté les Blackhawks. Dans un match où les Preds ont dominé leur adversaire au niveau de l’engagement physique, Sissons et Zolnierczyk n’ont pas failli à leurs rôles d’avants rudes, postant respectivement 3 et 4 mises en échec. Techniquement au point, la quatrième ligne de Nashville a également compilé des chiffres intéressants au niveau du Corsi. Sur la rencontre, Sissons a posté un CF% à 5-contre-5 de 60,87%, tandis que ses partenaires Craig Smith (54,17%) et Pontus Aberg (57,14%) ont tous deux flotté au-dessus de la moyenne. C’est plus mitigé au niveau du trio de Zolnierczyk (46,67%), alors que son CF% et celui de ses équipiers Mike Fisher (40%) et Austin Watson (47,62%) est tombé plutôt bas. Mais à l’arrivée, les résultats sont là, et ces deux hommes peuvent se prévaloir de filets cruciaux ayant définitivement scellé l’avance des Preds sur Chicago.
Échec avant et défense de fer
Pour maintenir leur emprise offensive sur les Hawks, les hommes de Peter Laviolette ont donc dû faire preuve d’un certain engagement tout au long du match. Rapidement, ils sont parvenus à mettre une grosse intensité dans la rencontre, leurs adversaires n’arrivant pas à répliquer. Au total, Nashville s’est ainsi déchaîné avec un total de 48 charges, contre 31 pour les locataires du United Center. Si une part de ces mises en échec a donc été prise par des attaquants au profil bottom-6 traditionnel (3 pour Sissons, 4 pour Zolnierczyk et 8 pour Watson), un avant comme James Neal (7) où des arrières top-4 tels que Ryan Ellis (4), P.K Subban (4) ou Mattias Ekholm (3) ont aussi amené leur contribution. Survolté, Viktor Arvidsson n’a chargé qu’une seule fois, mais il accumulé les efforts défensifs, dont une séquence impressionnante face à Nick Schmaltz. Après avoir débuté leur saison régulière sans grande volonté de s’imposer par la rudesse, les Preds ont cette fois-ci décidé de faire souffrir leurs opposants, en mettant une pression importante contre la bande dès l’entame du premier tiers.
Et si l’échec avant est un bon moyen de maintenir la possession dans le camp adverse, n’oublions pas que les visiteurs ont aussi pris le meilleur dans le cercle des mises au jeu, avec un ratio d’efficacité de 56%. Capable de pousser les Hawks à la faute, mais aussi de poser leur jeu en territoire ennemi, les Preds ont donc engrangé davantage de tirs dans les zones dangereuses, devant Crawford, mais aussi à l’entrée de la zone offensive, où Ellis et Josi se sont régalés. Une tendance illustrée par ce graphique publié sur le compte Twitter de l’analyste Justin Bradford:
Nashville's goals are lining up like the planets. Driving to the net with their shots. #Preds pic.twitter.com/mTgL6lnrcq
— Justin Bradford (@justinbbradford) 16 avril 2017
Avec intensité, les Prédateurs sont parvenus à se tailler la part du lion pour ce qui est des chances de marquer, ce qui est intéressant compte tenu du fait que les Blackhawks ont pourtant posté plus de tirs au but (30-29). Mais la dangerosité de ces lancers stoppés par Rinne était visiblement minime et ce, notamment grâce à l’excellent travail des défenseurs top-4 de Nashville. Intraitables, ils ont écœuré les Blackhawks, comme Jonathan Toews l’expliquait après la rencontre:
« Ils font tout défensivement pour nous frustrer, ils ne nous donnent rien » a-t-il avancé, sur NHL.com. « On dirait qu’on essaie parfois de forcer des jeux qui ne sont pas là et quand ils obtiennent des occasions, ils profitent de nos erreurs et ça aboutit dans notre filet. »
Le capitaine est lui même bien placé pour en parler, lui qui n’était sur la glace que pour un seul tir durant l’ensemble du premier tiers, comme le relève James Neveau, de NBC Chicago. Une disette qui s’est un peu estompée au fil de la rencontre, le nombre de lancers pris à 5-contre-5 (27-27) étant équivalent pour les deux formations à l’issue du match. Mais c’est bien la qualité des chances accordées par les Preds qui fut le nerf de la guerre, les Toews, Kane, Panarin, Anisimov, Hossa et autres Panik ayant eu une grande difficulté à prendre en défaut un bloc adverse mobile et attentif. Une bonne prestation de leurs adversaires notamment illustrée par la superbe fiche statistique de Ryan Ellis. Hier soir, le défenseur canadien a été omniprésent, cumulant 1 but, 3 lancers bloqués, 4 charges et 3 tirs au but pour un CorsiFor de 60,78% à forces égales, le tout en 24:08 de temps de glace.
Avec ce genre de performances individuelles, il n’est donc pas surprenant de voir les Preds afficher une certaine domination au niveau des chances de marquer. Sur Twitter, Andrew Berkshire, de Sportsnet, a dévoilé quelques données intéressantes, soulignant l’aisance des Preds sur ce match:
Preds/Hawks scoring chances were 24-19 for NSH, 8-4 in high danger chances, 15-11 in chances on net.
— Andrew Berkshire (@AndrewBerkshire) 16 avril 2017
L’analyste constate ainsi que les représentants de Music City ont dominé leurs adversaires au chapitre des chances de marquer (24-19), des occasions survenues dans les zones dangereuses (8-4) et des occasions cadrées (15-11). Un avantage qui illustre bien toute l’emprise des visiteurs sur le jeu et ce, des deux côtés de la patinoire.
Au final, ce n’est qu’un match de plus remporté par Nashville, qui place toutefois Chicago dans une position critique. Incapable de contourner la défensive des Preds lors de sa première défaite (1-0), la troupe de Jonathan Toews a pris la foudre hier soir, se montrant trop apathique pour répondre à l’intensité déployée par ses adversaires. Désormais, la Série va suivre son cours dans le Tennessee, où les partisans locaux attendront les Blackhawks de pied ferme. Maître de la reconfiguration des lignes offensives, Joel Quenneville devra se montrer créatif pour capitaliser sur le probable sursaut d’orgueil de ses hommes. Sans quoi, les chances de qualification des siens continueront de s’amenuiser lors des deux prochains matchs.
Sources Statistiques: hockeystats.ca, NHL.com.
[STATS_EQUIPE]NSH[/STATS_EQUIPE]
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