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A-t-on mis le doigt sur ce qui cloche dans le hockey québécois?

Ceux qui fréquentent les arénas les samedis matins pour aller voir leur enfant apprendre à patiner (en temps hors pandémie) ne le savent probablement pas encore, mais cet environnement sera rapidement couvert par la passion et la hargne. Pour avoir endossé le maillot d’un officiel dans le hockey mineur pour de nombreuses années, je peux vous confirmer que dans le peewee A, un bon nombre de parents agissent encore comme si leur enfant était voué à la ligue nationale. Ce fléau perdure depuis des lunes et ce n’est pas près de changer puisqu’après tout, c’est notre sport national.

Cela dit, j’ai vraiment apprécié la série de texte de TVA Sports, qui a débuté avec un portrait de Xavier Parent, ce joueur qui fut comparé à Mario Lemieux et à Sidney Crosby dès l’âge de 12 ans pour ensuite se faire traiter de flop dans la LHJMQ. Je me suis d’ailleurs permis de commenter le fameux dossier des comparaisons en bas âge récemment sur le site. Anthony Martineau, l’auteur des lignes de ce dossier hautement étoffé, a poussé plus loin dans son deuxième texte. Ainsi, il a mis en lumière toute la  »business » d’agents de joueurs qui courtisent de jeunes enfants dès l’âge de 11 ans. Je vous laisse le lien ci-bas, car sérieusement, c’est un  »must » à lire.

La pression de performance

C’est ce qui m’a poussé à commenter ce fléau encore une fois aujourd’hui. Dès l’âge de 11-12 ans, les jeunes joueurs de hockey endossent d’ores et déjà la pression de performer au détriment de l’aspect numéro un du sport à cet âge: le plaisir ! On a complètement oublié l’un des principes fondamentaux dans le hockey mineur aujourd’hui, et c’est que le sport est avant tout un jeu. En guise d’expérience personnelle, trouvez-vous cela normal qu’un arbitre de 16 ans, qui officie un match Atome A, doive être escorté par ses collègues adultes à cause d’un parent qui l’a menacé de l’attendre à sa sortie ? (Fait vécu) Un bel exemple pour un jeune, qui demeure aux premières loges de ce type d’épisode.

La passion qui anime certains parents dans le hockey est tellement néfaste, mais elle est fondée sur quoi exactement ? La pression de la performance. Cette pression est nourrie, visiblement, par des agents de joueurs qui courtisent des familles en leur promettant de payer la saison de leur jeune, leur équipement et toutes les dépenses autour. Alléchant, vous dites ? C’est certain ! Le hockey coûte tellement cher de nos jours qu’on peut clairement avancer que ce sport au Québec est réservé à l’élite. Pour un agent de joueurs, cette façon de faire est maintenant rendue pratique courante, que cela n’en déplaise aux principaux artisans de ce métier:

 »Quand je me suis lancé en affaires avec mon partenaire Étienne, on avait convenu de ne pas approcher les patineurs qui évoluaient dans les catégories d’âge inférieures au niveau midget. Le plan était d’évaluer avant les fêtes et de présenter notre plan de match aux parents des joueurs qui nous intéressaient en janvier. Mais rapidement, on a constaté que tous les joueurs que l’on avait ciblés étaient représentés par des agents depuis déjà deux ans dans certains cas! Évidemment, pour survivre, il a fallu s’ajuster. Étienne et moi avons donc convenu de nous tourner vers les rangs bantam (13-14 ans), mais nous nous sommes fait la promesse de ne pas approcher les joueurs de première année, » expliquait Nicolas Riopel, agent au sein du groupe Propulsion, auprès d’Anthony Martineau de TVA Sports.

S’inspirer des pays scandinaves

L’idée de cette manchette n’est pas de rapporter tout ce qui a été dit dans l’article de TVA Sports. Je vous suggère vraiment d’aller le lire, c’est un trois à quatre minutes très bien investi. En fait, tous parents ayant de jeunes hockeyeurs dans leur foyer devraient impérativement lire le texte de TVA Sports. Il y a toutefois un point que j’aimerais commenter et c’est la fameuse comparaison avec les pays scandinaves comme la Suède et la Finlande. Lorsqu’on veut comparer notre système d’éducation, on donne comme exemple la Suède. Lorsqu’on veut parler de gestion de pandémie, on donne l’exemple de la Suède.

C’est drôle, en matière de hockey au Québec, on se pense si bon qu’on ne croit nullement bon de regarder ailleurs on dirait. En Suède et en Finlande, les hockeyeurs en bas de 14 ans ne voient aucune statistique s’accumuler lors de leur saison. C’est du moins ce qu’expliquait Pascal Dupuis dans le texte de TVA Sports. Lorsqu’on regarde le rendement de la Finlande et de la Suède en termes de hockey professionnel, ils n’ont clairement pas à se cacher. Pendant ce temps, ici au Québec, un parent de joueur atome (fait vécu) va venir cogner à la chambre des officiels en fin de match pour ajouter une passe à son garçon ou à sa fille. Rappelons aux lecteurs que la catégorie atome au Québec regroupe des joueurs de 9-10 ans. On est loin de la mentalité de la Suède ici !

Au final, comment peut-on préparer le terrain pour une carrière professionnelle auprès d’un jeune de 11 ans qui n’a clairement pas atteint un début de maturité physique ? C’est tellement faux de croire qu’un agent en bas âge réglera tout ! Plus de 400 joueurs s’alignent dans la LHJMQ et selon les chiffres lancés par Jean-Philippe Glaude, recruteur chez les Predators de Nashville, près de 350 sont déjà représentés par un agent. Combien d’entre eux se rendent dans la NHL ? Cinq, six ?

Évaluer le potentiel d’un joueur à l’âge de 11 ans, c’est comme installer des meubles dans une maison qui n’est pas encore construite. Pour celui qui n’a jamais joué ou observer du hockey en bas-âge, une comparaison avec Mario Lemieux ou avec Sidney Crosby peut se faire, mais c’est totalement absurde. Je peux vous garantir qu’à l’âge novice, atome et peewee, les meilleurs joueurs sont souvent les plus développés physiquement ou les plus rapides. La marge est extrêmement large entre les meilleurs et les moins bons en raison du développement physique des enfants. J’ai vu des joueurs de petits gabarits être tellement bons au niveau atome, puis ne jamais se rendre à même le midget AAA puisqu’ils ne se sont pas développés sur le plan physique. J’ai vu des joueurs dominer des rangs novice à LHJMQ pour se retrouver en Europe à faire carrière dans le hockey sans jamais obtenir une chance à un camp NHL. Est-ce gênant ? Aucunement, mais ça démontre qu’en bas âge, même avec le plus grand talent du monde, accéder à la NHL n’est clairement pas garanti pour ses enfants.

Car après tout, ce sont des enfants ! Des enfants qui se font embobiner par des agents qui veulent absolument mettre la main sur la perle rare rapidement. Je comprends leur partie de leur travail, mais on démontre encore une fois que le hockey québécois est teinté par la pression de performance, et ce, dès l’âge de 11 ans ! Je suis très content qu’un tel dossier soit exposé et je lève encore mon chapeau au rédacteur de TVA Sports d’avoir couvert cet aspect longtemps évité dans les médias.

On chiale souvent que peu de Québécois accèdent à la NHL, mais sommes-nous responsables, par la trop grande passion envers ce sport, de notre propre perte ? Je pense que la réponse est dans la question !

Note : J’ai écris un texte – que vous trouverez ci-bas – concernant la possibilité de créer une équipe de développement regroupant les meilleurs 16-17 ans dans la LHJMQ. Je réitère mon souhait encore plus à la suite de la publication de ce dossier chez TVA Sports. Regroupons les meilleurs et faisons les développer ensemble pendant que les autres joueurs âgés de 18 à 20 ans, pourraient obtenir plus  »d’exposure » au sein de leur club LHJMQ. Pour plus de détails, consultez le texte  »Une équipe nationale de développement à part entière dans la LHJMQ? » ci-bas.

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