Besoin de joueurs francophones ?
L’historien Emmanuel Lapierre a publié récemment dans la revue internationale d’études québécoises Globe sa recherche intitulée « Nationalisme culturel et performance dans l’histoire du Canadien (1926-2012) : Une étude de cas ».
Pour les fins de la recherche, les joueurs qui ont été comptabilisés comme « francophones » sont ceux qui sont nés en Amérique du Nord et dont la langue maternelle est le français. Par exemple, Francis Bouillon, né aux États-Unis, fait partie de ce groupe, mais pas Christobal Huet, né en France.
Selon les résultats de la recherche, il n’y a pas vraiment de lien entre le nombre de victoires du Canadien de Montréal et le nombre de francophones dans l’équipe, en saison régulière. Par contre, pendant les séries, alors que les joueurs ne sont pas payés et jouent seulement pour l’honneur, c’est là qu’on voit de meilleurs résultats de l’équipe quand celle-ci est composée majoritairement de joueurs francophones.
Au cours des 85 années de la recherche, les Red Wings de Détroit ont gagné 11 Coupes, soit 13% du temps, les Maple Leafs de Toronto ont gagné 10 Coupes (12%), les Rangers de New-York et les Black Hawks de Chicago en ont gagné 4 chacune (7%).
Au cours de cette période, il y a eu 51 éditions du Canadien où les francophones étaient minoritaires au sein de la formation et 34 éditions où les joueurs francophones étaient majoritaires (au moins 50% des joueurs).
Dans le cas des éditions avec des joueurs francophones en minorité, le Canadien a gagné la Coupe à 7 reprises au cours de la période analysée, soit environ 14% du temps (7/51). Cette performance est relativement semblable à celle observée chez les cinq autres équipes originales.
Dans le cas des éditions où les joueurs étaient majoritairement francophones, le Canadien a gagné la Coupe 15 fois sur 34, soit plus de 44% du temps. La différence est énorme, au point où il est assez difficile de ne pas faire un lien entre le nombre de francophones et les succès en séries. N’oublions pas que le hockey est une religion au Québec et les joueurs francophones sont bien au fait de cette situation.
Alors, quels sont les besoins du Canadien? Des joueurs plus costauds? Probablement. Mais il est fort probable qu’une augmentation du nombre de joueurs francophones pourrait améliorer les performances du club en séries.
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