Bruce Cassidy, l’intérim en douceur
La grosse nouvelle du jour en LNH, c’est bien-sûr le congédiement de Claude Julien, officiellement libéré ce matin par la direction des Bruins. Un choc, bien que ce scénario fut souvent évoqué durant plusieurs mois, voir même au cours de ces dernières années. Finalement, c’est donc passé la mi-saison que Don Sweeney s’est lancé, délogeant Julien pour installer son assistant, Bruce Cassidy, à la barre du navire Boston.
Une décision clairement polémique. D’autant plus qu’en tant que DG de l’équipe, Sweeney porte lui-même une part de responsabilité dans les insuccès des B’s cette saison. Auteur de plusieurs décisions contestées (l’échange de Dougie Hamilton étant dans toutes les mémoires), le haut-dirigeant s’est retrouvé visé par les critiques et a donc choisi d’asseoir son autorité en grillant le fusible Julien. Soit; reste donc à savoir par quelle biais cette franchise cherchera à rebondir et quel sera le profil du technicien chargé de raviver la flamme du collectif jaune-et-noir.
Pour l’instant, tous les projecteurs sont donc braqués sur l’homme qui va assurer la transition, ce fameux Bruce Cassidy. Arrivé dans l’équipe technique des Bruins il y a un peu moins d’un an, au poste d’entraîneur associé, notre homme n’est cependant pas un nouveau venu dans l’organisation. Au contraire, celui-ci a officié sur le banc du club-école à Providence (comme assistant, puis entraîneur-chef), pendant près de 8 ans avant de rejoindre la maison-mère il y a quelques mois. Logiquement, il connaît ainsi une bonne partie des joueurs en place du côté de Boston, pour les avoir vu progresser dans les rangs mineurs, avant d’assumer son rôle auprès de Julien tout au long de la saison. Il ne s’agit donc pas tant d’une rupture que d’un changement en douceur, Cassidy affirmant notamment vouloir s’appuyer sur les bases déjà existantes chez les Bruins :
« On ne va pas réinventer la roue » a-t-il expliqué face à la presse, dans des propos repris par Rory Boylen, de Sportsnet. « Je pense qu’il y a déjà des tas de bonnes choses en place. Nous allons simplement essayer de resserrer l’étau dans certaines zones de notre propre camp, pour récupérer la rondelle un peu plus rapidement. En territoire ennemi, il faudra que l’on soit plus opportunistes sur nos chances de marquer. On va bricoler un peu notre jeu en zone offensive, en essayant de faire en sorte que nos avants attaquent davantage le filet depuis le ‘half wall’, en passant derrière la cage pour forcer l’adversaire à défendre plus devant son but… »
Des ajustements louables, bien qu’ils n’augurent pas de changements majeurs pour ces Bruins version Cassidy. On relèvera notamment que ses propos sur le manque d’opportunisme de Boston font écho à l’une de nos publications datant de novembre dernier, où nous abordions déjà la question des nombreuses chances de marquer générées par l’escouade du Massachusetts. D’ailleurs, du point de vue des analytiques, on notera que le collectif assemblé par Julien fonctionnait relativement bien. Dominant sur le plan du Corsi, avec un PDO qui laissait préfigurer un rebond en matière d’efficacité aux tirs, cet alignement avait des raisons d’y croire sous l’égide de l’entraîneur canadien. Mais finalement, c’est l’option d’une rupture tranquille qui a été préférée par la haute-direction des B’s.
La question, désormais, sera donc de savoir ce qui se passera à moyen terme aux abords du TD Garden. S’il semble avoir les faveurs de ses dirigeants (ce qui n’était pas, malgré ses succès, le cas de Claude Julien), Cassidy est un choix entouré de quelques interrogations. Tout d’abord, notre homme n’en est pas à son premier rodéo, puisqu’il a déjà officié sur un banc de LNH au tout début des années 2000. Pendant un an et demi, il s’est ainsi distingué en manœuvrant une équipe des Capitals à la peine, arrivée dans les bas-fonds de la Ligue Nationale suite à son congédiement en 2004. Dans la foulée, Washington a cependant posé les bases de son futur en sélectionnant, l’été suivant, un certain Alex Ovechkin lors de l’encan amateur. Un avenir sans Cassidy donc, qui rejoignit ensuite l’équipe technique des Blackhawks, avant de s’engager comme entraîneur-chef des Kings de Frontenac, en OHL. Écarté de nouveau après une saison et demi dans le junior, il débarque ainsi à Providence, où il s’installera paisiblement comme un technicien reconnu en Ligue Américaine.
Un bilan contrasté, mais qui remonte à plusieurs années maintenant, Cassidy ayant pris du galon depuis ses déboires dans le District de Columbia. À 51 ans, il est aujourd’hui plus expérimenté, fort d’une bonne réputation acquise au fil des ans du côté de la LAH. Peut-être est-ce d’ailleurs son côté formateur qui a incité les Bruins à le mettre en place. Après tout l’organisation compte dans ses rangs plusieurs jeunes éléments (Carlo, Pastrnak, Vatrano, Krug, Subban, Acciari, les deux Miller) susceptibles d’être réceptifs au discours d’un coach que la plupart d’entre eux ont côtoyé à Providence. Cependant, le problèmes des Bruins sont également liés à des vétérans qui semblent avoir du mal à tenir leur rang cette saison, comme Patrice Bergeron, notamment. Ce changement leur donnera-t-il un coup de fouet?
Tout dépendra des choix de la haute-direction des Bruins. Si Cassidy parvient à convaincre sur ses premiers matchs, peut-être pourra-t-il envisager un destin à la Doug Weight, qui a su ressusciter des Islanders en perdition. L’intéressé avoue en tout cas se préparer à assurer la transition avec la même implication qu’un coach arrivé pour du long terme :
« Je vais essayer de ne pas avoir une approche d’intérimaire » a-t-il expliqué, dans propos repris par Sportsnet. « Je vais tenter par tous les moyens d’être un entraîneur-chef. »
Le but pour Cassidy sera finalement de trouver un équilibre complexe entre la préservation des aspects positifs du travail effectué en amont par Claude Julien, tout en permettant à ses Bruins de gagner en efficacité dans la zone offensive. Il connaît bien le groupe, il est apprécié de la direction et profite de bonnes fondations stratégiques pour faire son trou. Reste maintenant à apporter un plus, une étincelle qui pourrait lui permettre, selon les plans de la franchise, de changer de statut en fonction des performances de ses troupes. Premiers éléments de réponse dès jeudi, 19h, avec la réception des Sharks de San José.
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