Chronique vintage | Deux grands rivaux des années 1995 à 2010 cèdent désormais le flambeau
Dans le circuit Bettman, plusieurs rivalités animent les foules depuis plusieurs années. Nous n’avons qu’à penser aux affrontements Canadien-Bruins, ou Penguins-Flyers ou Blues-Blackhawks dans l’Ouest. Ces rivalités laissent place à des oppositions féroces tout au long de l’année, mais en séries, l’intensité monte d’un cran, au grand plaisir des fervents partisans. Or, l’une des grandes rivalités des années 1995 jusqu’aux alentours de 2010 semble perdre du gallon tranquillement, cédant ainsi le flambeau à ces autres clubs dont la rivalité grandissante a même permis à la ligue de changer le format des séries pour créer plus d’affrontements entres eux.
Le déménagement dans l’Est enterre cette rivalité
Les Red Wings et l’Avalanche ont probablement été les deux équipes de l’Ouest les plus dominantes pendant près d’une décennie. Du côté de Détroit, c’est 90 saisons complètes au sein du circuit Bettman avec 64 apparitions en séries éliminatoires. Comme on le sait, les Red Wings ont participé au tournoi printanier lors des 25 dernières campagnes, une preuve indéniable d’une dynastie établie. De 1993, à l’arrivée de Scotty Bowman derrière le banc, jusqu’en 2015 (départ de Mike Babcock), on parle de quatre Coupe Stanley ainsi que six présences en grande finale. Un parcours également parsemé de 13 saisons où les Red Wings ont terminé au premier rang de leur division. Depuis plusieurs saisons, les Red Wings maintiennent un standard d’excellence peu courant à travers la ligue.
Au Colorado, après le déménagement des Nordiques vers Denver, on parle de deux Coupes Stanley et une séquence de huit saisons à terminer premier de leur division. Sous les ordres de Marc Crawford et de Bob Hartley successivement, l’Avalanche a participé aux séries pendant 10 saisons de suite. Malheureusement, la franchise du Colorado a dû passer par une reconstruction majeure lorsque les Peter Forbserg, Milan Hedjuk, Joe Sakic et Adam Foote, pour ne nommer que ceux-là, ont tous tiré leur révérence. La reconstruction se devait de passer par des années de misère, avec des jeunes espoirs inexpérimentés comme Matt Duchene, Ryan O’Reilly, Paul Stastny et Gabriel Landeskog.
À travers les années, la rivalité Red Wings-Avalanche perdait de plus en plus de son lustre avec le processus par lequel le Colorado se devait de passer. Pendant ce temps, les Red Wings constituaient encore une menace pour les équipes de l’Ouest, étiquetés comme étant une réelle équipe de séries. Il est évident que les moins bonnes performances de l’Avalanche depuis 2010 ont fait diminuer l’intensité entre ces deux clubs, mais le point culminant fut en 2013 lorsque les Red Wings ont transféré leurs activités dans la conférence de l’Est. On pouvait, dès ce moment, dire adieu à la bonne vieille rivalité qui animait les affrontements entre ces deux équipes.
Une rivalité parsemée d’événements marquants
En 1996, l’affrontement Wings-Avs en finale de conférence a pris une tout autre tournure lorsque Claude Lemieux a asséné une violente mise en échec à Kris Draper, un assaut qui blessa gravement l’attaquant des Wings. Dès lors, la rage animait ces deux clubs à chaque affrontement. Scotty Bowman, solidaire à ses joueurs, s’en était pris verbalement à Lemieux pendant que les coéquipiers de celui-ci tentaient bien que mal de prendre sa défense. Les duels des rouges contre les bleus ne seraient plus jamais les mêmes depuis ce jour.
En 1997, l’animosité se rend au point culminant de la violence dans le hockey lorsque de nombreuses bagarres dans une confrontation en séries éclatent. C’était d’ailleurs monnaie courante depuis cette série, et ce, jusque dans les débuts 2000. Patrick Roy, gardien de but de l’Avalanche à l’époque, était réputé pour connaître ses meilleurs combats contre les cerbères des Red Wings. Il compte comme adversaire Mike Vernon, Chris Osgood et Dominik Hasek uniquement lors d’affrontements contre Détroit. Malheureusement, vers le milieu des années 2000, l’animosité a diminué d’un cran entre les deux clubs malgré quelques incidents isolés. L’Avalanche commençait à ne plus faire partie du tableau des séries alors que les Wings continuaient de dominer dans l’Ouest.
Et aujourd’hui ?
Au crépuscule de cette campagne 2016-2017, on peut dire que la rivalité Détroit-Colorado est enterrée partiellement. En fait, on pourrait la qualifier comme faisant partie de la section «alumni». Les matchs extérieurs opposant les anciens des deux clubs laissent resurgir de beaux souvenirs chez les partisans, mais la réalité frappe lorsqu’on observe le rendement des deux équipes actuellement.
Détroit
Les Red Wings entament ce qui s’apparente à un virage jeunesse alors que les Zetterberg et Kronwall en sont à leurs derniers milles. Les chances sont très élevées pour que les Wings ratent les séries pour une première fois depuis la saison 1989-1990. Présentement, la troupe de Jeff Blashill se place comme étant la pire équipe de l’Est avec une fiche de 25-28-11 avec 18 matchs à jouer dans la saison. Un scénario inévitable à Détroit puisque dans les trois dernières années, la longue séquence de présence en séries vivait sur le respirateur artificiel. En effet, les Wings se rendaient en séries, certes, mais se voyaient être éliminés en première ronde à coup sûr. On évitait la reconstruction, mais celle-ci devient inévitable avec les vétérans qui prennent de l’âge.
Colorado
Dans l’Ouest, le même portrait se dessine pour l’Avalanche alors que la troupe de Jared Bednar se positionne comme la pire équipe de la conférence avec une fiche de 18-44-3 avec 17 matchs à jouer. Malgré la lueur d’espoir qu’a amené Patrick Roy à son arrivée à la barre de l’équipe en 2013, la reconstruction perdure à Denver. Depuis leur championnat de division au cours de la saison 2013-2014, l’Avalanche croupit dans les bas-fonds de la conférence de l’Ouest, remettant en doute les compétences de Joe Sakic à titre de directeur général. Pire encore, il semblerait que l’équipe du Colorado de 2016-2017 offre le pire rendement de la part d’un club depuis les 40 dernières années. On semble vouloir repartir sur des bases plus saines d’ici les prochaines années à Colorado avec Landeskog et Duchene sur le marché, mais quand s’arrêtera la série de médiocrité d’une des plus puissantes équipes de la ligue à l’époque ?
Au final, non seulement la rivalité Wings-Avs semble bel et bien appartenir au passé, mais la puissance de leur dynastie tend à diminuer avec les années. Le flambeau semble se céder à des clubs comme Chicago, Pittsburgh, Washington ou même San José. Or, malgré ces clubs mentionnés qui dominent la ligue au cours des récentes années, jamais on ne pourra accoter la férocité et la hargne qui se sentait dans une partie opposant les Red Wings de Détroit et l’Avalanche du Colorado. En guise de souvenir de ces bons moments, voici quelques extraits vidéos de la rivalité qui a animé le circuit Bettman pendant plus d’une décennie.
Cette fameuse bagarre de «Hockeytown»
Patrick Roy versus Chris Osgood
Tentative ratée de combat de la part de Dominik Hasek
Incident impliquant Claude Lemieux et Kris Draper
Worst team in the East: Red Wings. Worst team in the West: Avalanche
— Adrian Dater (@adater) 9 mars 2017
[STATS_EQUIPE]DET[/STATS_EQUIPE]
[STATS_EQUIPE]COL[/STATS_EQUIPE]
Commentaires