La »Bataille de la Pennsylvanie » est-elle née de cet incident survenu en 1998?
Cette rivalité, on la suit depuis des années déjà. Qui ne se rappelle pas de l’affrontement Flyers-Penguins lors des séries 2008 et 2009, où les échauffourées étaient monnaie courante ? En s’affrontant près de huit fois dans le calendrier régulier et avec le format des séries actuel qui préconise les affrontements entre rivaux, les Flyers et les Pens croisent le fer plus souvent qu’autrefois. Est-ce que cela a dilué le produit avec les années ? Peut-être, car la LNH rentabilise ses rivalités au point d’en faire des événements grandioses comme les Stadium Series et les Classiques hivernales et au nombre d’affrontement, l’intensité devient moindre. On semble loin de la saison 1997-1998…
Une rivalité intense
Mais que s’est-il passé cette année-là ? Tout simplement le point d’ancrage d’une rivalité qui allait perdurer pour des années. En effet, si on remonte dans le temps des années 70, la rivalité Penguins-Flyers était présente en raison de la proximité des deux clubs. Par contre, les Pens croupissaient dans les bas-fonds de la ligue et les Flyers cumulaient les triomphes.
À l’arrivée de Mario Lemieux, l’intensité s’élevait quelque peu, mais le rendement des Pens ne permettait pas encore d’espérer à une rivalité intense. Difficile d’entretenir une rivalité virulente lorsqu’un des clubs peine à gagner des matchs. Dans les années 90, les Penguins sont au plus fort de leur dynastie avec les Jagr, Lemieux Francis, Recchi, Coffey et Murphy. D’ailleurs, ils sont l’une des deux organisations dans l’histoire à être passé des bas-fonds de la ligue à champions de la Coupe Stanley en une seule saison. Pour en savoir plus sur cette histoire, consultez notre texte à ce sujet ICI.
Pendant que les Pens connaissaient des années florissantes, les Flyers rongeaient leur frein. Jusqu’à l’arrivée d’un certain Eric Lindros, qui avait été acheté des Nordiques de Québec. Le premier choix de la défunte équipe avait décidé de ne pas enfiler le maillot bleu, retardant son entrée en LNH. Les Flyers achètent ses droits contre un certain Peter Forsberg, Mike Ricci, un choix de 1ere ronde (Jocelyn Thibault), Ron Hextall, Steve Duchesne, Kerry Huffman, Chris Simon et un autre choix de 1ere ronde (Nolan Baumgartner). Cette transaction historique était assortie aussi d’un montant de 15M$ octroyé aux Nordiques.
L’arrivée de Lindros placera les Flyers sur la map, capable maintenant de rivaliser avec les Pens. Une rivalité qui allait renaître de façon plus intense, jusqu’à son point culminant lors des séries 1998.
Une scène horrible, une réaction réprimandée
C’était le 7 mars 1998. Les Penguins affrontaient les Flyers en séries d’après saisons. Darius Kasparaitis, défenseur reconnu pour ses mises en échec percutantes, ramasse violemment Lindros qui s’en venait en contre-attaque. Mise en échec jugée légale, l’épaule de Kasparaitis entre en contact avec le sternum et la tête de Lindros, alors que ce dernier était en entrée de zone la tête baissée. Lindros demeure étendu au sol pendant plusieurs minutes, commotionné sur le champ. La scène est très inquiétante, mais la prise de vue télévisuelle laisse un goût de vomi en bouche des partisans des Flyers.
Pendant que Lindros gisait sur la patinoire, les caméras mettent en avant-plan Alexei Morozov et Darius Kasparaitis, riant de bon coeur sur le banc des Penguins. Rob Brown, ancien porte-couleurs des Penguins de Pittsburgh, s’est confié sur cet événement qui a lancé une rivalité des plus intense:
«Les caméras ont capté ‘Kasper’ et Alexei en train de rire. Tout Philadelphie l’a vu. Tout le monde l’a vu. Ça ne paraissait pas bien du tout. Les Flyers l’ont pris très personnel,» expliquait l’ailier au Pittsburgh Hockey Now, lui qui a endossé les couleurs des Pens entre 1987 et 1991 et entre 1997 et 2000.
Le code
Dans le vestiaire après l’incident, on aurait mentionné à Kasparaitis «qu’il devait se battre, sinon ce serait une bagarre générale». Les Flyers n’avaient clairement pas accepté la réaction de l’assaillant de Lindros, qui fut également diffusée sur le »jumbotron » de l’amphithéâtre. Au final, le défenseur a laissé tomber les gants à deux reprises dans ce même affrontement. Ce n’était pas la première fois que Brown vivait un événement aussi violent dans la rivalité Flyers-Pens. On se rappelle qu’en 1989, Ron Hextall avait pourchassé Rob Brown pour lui asséner un coup de bâton sur la tête.
Aujourd’hui, la rivalité n’est plus ce qu’elle était. Comme si la NHL avait galvaudé les rivalités avec ses événements récurrents. Qui plus est, les deux formations n’en sont plus au même stade dans la progression de franchise. Et la violence au hockey est de moins en moins présente. Cependant, une mise en échec comme celle de Kasparaitis ne serait pas laissée sans conséquence. Le fameux code existe encore aujourd’hui, mais demeure toutefois bien moins présent que dans les années 90.
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