Chronique vintage | La légende Jagr
Le nom de Jaromir Jagr fut sur toutes les lèvres dans la journée de lundi, car après avoir été soumis au ballottage par les Flames de Calgary dimanche, l’attaquant Tchèque n’a pas été réclamé par aucune des 30 formations. Ceci marque donc la fin d’une histoire dans la LNH, car à l’âge de 45 ans, Jaromir Jagr ne sera vraisemblablement plus de retour dans la LNH.
Le 16 juin 1990
Ce sera la date qui changera la vie du jeune homme originaire de Kladno en République Tchèque. Il venait de terminer la saison 1989-90 avec une récolte de 50 points en 51 matchs avec le Kladno HC à l’âge de 17 ans seulement et il était parmi les joueurs qui allaient sortir dans le début de la 1re ronde du repêchage qui se tenait à Vancouver.
Les Nordiques de Québec ont sélectionné Owen Nolan au tout premier rang, suivi de Peter Nedved par les Canucks, Keith Primeau par les Red Wings, Mike Ricci par les Flyers et au 5e rang au total de cet encan, les Penguins de Pittsburgh ont jeté leur dévolu sur Jagr. L’équipe de Mario Lemieux venait de terminer la saison 89-90 avec une piètre récolte de 72 points en 80 rencontres, ce qui les excluait des séries éliminatoires.
La pièce manquante
L’entraîneur-chef Bob Johnson n’a pas hésité à garder le jeune homme de 18 ans dans sa formation, car elle avait bien besoin de talent offensif pur pour progresser et tenter de se qualifier en séries. Ce fut la pièce manquante qu’avait besoin les Penguins, car même si Mario Lemieux ne fut confiné qu’à 26 matchs en saison régulière, Jagr a pu inscrire 57 points en 80 matchs aux côtés d’un certain Mark Recchi qui a cumulé pas moins de 113 cette saison-là. Il n’en fallait pas plus pour les Penguins pour se qualifier en séries éliminatoires avec une récolte de 88 points.
Ce n’était que la 2e participation en séries en 9 ans pour Pittsburgh qui partait favori dans l’Est derrière les Bruins (100 points) et le Canadien (89 points). Coup sur coup, les Penguins ont disposé des Devils du New Jersey en 7 rencontres, des Capitals de Washington en 5 matchs, des Bruins de Boston en 6 matchs et des North Stars du Minnesota en 6 matchs pour soulever la toute première coupe Stanley de leur histoire. Jagr a récolté 13 points en 24 matchs de séries éliminatoires, ce qui fut une première saison d’apprentissage parsemé de succès pour l’attaquant de 18 ans.
On dit souvent: « une c’est bien, mais deux c’est mieux ». Les Penguins ont remis ça pas plus tard qu’à la saison 1991-92 après avoir terminé la saison avec une récolte de 89 points au classement. En 4 séries, Mario Lemieux et sa bande n’ont perdu que 5 matchs sur 21 matchs en balayant même les Bruins de Boston en finale de conférence et les Blackhawks de Chicago en finale de la coupe Stanley. À 20 ans seulement, Jaromir Jagr avait déjà 2 coupes Stanley à son actif et il avait progressé de belle façon en récoltant 69 points durant la saison régulière.
Les meilleures années des Penguins et de Jagr
Jaromir Jagr a passé 11 saisons avec les Penguins de Pittsburgh et pendant ces 11 ans, il a formé un duo dominant avec Mario Lemieux durant la décennie 90. Il a récolté 8 saisons de plus de 90 points, 4 saisons de plus de 100 points dont une de 149 points, tout en remportant le championnat des marqueurs à 5 reprises en 1995, 1998, 1999, 2000 et 2001.
Il a également occupé le rôle de capitaine lorsque Lemieux n’a pas joué de 1997 à 2000 et c’est à l’été 2001 que la carrière de Jagr change, car le 11 juillet 2001, les Penguins de Pittsburgh décident d’échanger leur joueur tout étoile en compagnie de Frantisek Kucera à leurs rivaux de division, les Capitals de Washington. En retour, les Penguins reçoivent Kris Beech, Ross Lupaschuk et Michael Sivek. Les 3 joueurs mis ensemble ont disputé un grand total de 239 matchs dans la LNH et ils ont cumulé un total de 28 buts et 45 passes pour 73 points et force est d’admettre que ce fut l’une des pires transactions que les Penguins ont effectuée dans leur histoire et la faute revient à l’ancien directeur général, Craig Patrick.
Constat d’échec chez les Capitals
Après les saisons offensives que venait de connaître le Tchèque, Georges McPhee s’attendait à voir Jagr au sommet des pointeurs et transporter son équipe jusqu’à la coupe Stanley. On s’est permis de rêver en 2002-03 alors que les Caps ont terminé la saison avec une récolte de 92 points pour se qualifier en séries. Malheureusement, ils n’ont pu passer la 1re ronde, eux qui se sont butés au Lightning de Tampa Bay.
En 3 saisons dans la capitale américaine, Jagr et les Capitals ne se sont qualifié en série qu’une seule fois. Jagr n’a également pas produit à la hauteur des attentes placées en lui. En 190 rencontres, il a inscrit 83 buts, 118 passes pour un total de 201 points, ce qui est très très bon dans l’ère moderne de la LNH, mais à l’époque on s’attendait à le voir afficher la même production qu’il a faite avec les Penguins. En 2002, Jagr a signé un énorme contrat qui le liait avec les Caps pour 7 saisons à raison de 7.92 millions annuellement. À l’époque, ce contrat était considéré comme étant astronomique pour un joueur de hockey. Georges McPhee décidera cependant de mettre un terme au périple de Jagr à Washington et en milieu de saison, soit le 23 janvier 2004, il échange Jaromir Jagr aux Rangers de New York en retour de Anson Carter qui a tout de même disputé 674 matchs, mais qui a été aussitôt échangé contre Jared Aulin qui n’a joué aucun match pour les Capitals de Washington.
On dit souvent que tous les joueurs sont échangeables, mais tout dépend de ce que tu reçois en retour et clairement, les Penguins et les Capitals n’ont pas assez reçu en retour de Jaromir Jagr.
Nouvelle LNH, nouveau départ pour Jagr à New York
Il a terminé la saison 2003-04 avec 29 points en 31 matchs à New York, mais dans une nouvelle LNH où l’accrochage et l’obstruction deviennent interdits, un joueur comme Jagr devient beaucoup plus menaçant et c’est exactement ce qui est arrivé.
Ses 123 points à la saison 2005-06 font de lui le meilleur pointeur en 1 saison de l’histoire des Rangers et il termine au 2e rang des pointeurs de la ligue derrière Joe Thornton et ses 125 points. En 2006, il devient le 24e capitaine de la formation américaine et succède au grand Mark Messier à ce poste. Il continue sur sa lancée offensive avec une saison de 96 points en 2006-07 et de 71 points en 2007-08 et alors qu’il ne lui reste qu’une saison à son contrat, Jagr décide qu’il retourne en Europe pour la saison 2008-09 avec l’Avangard d’Omsk.
Le but premier de cette décision fut l’argent, car son agent, Pat Brisson a affirmé qu’il a signé un contrat de 2 ans avec une possibilité d’une 3e à un salaire annuel de 7 millions sans taxes, ce qui équivaut à environ 11 millions de dollars en Amérique du Nord.
La LNH demeure la meilleure ligue au monde
À l’âge de 36 ans, Jagr s’est aligné pour l’Avangard d’Omsk dans la KHL pendant 3 saisons, cumulant de bonnes statistiques offensives pour son âge. Les partisans de la LNH avaient un peu oublié le nom de Jagr, mais c’est à l’été 2011 que le nom du Tchèque refait surface. En effet, à l’âge de 39 ans, Jaromig Jagr revient dans la LNH et cette fois, ce sera pour les Flyers de Philadelphie.
Paul Holmgren offre un contrat d’un an à 3.3 millions au vétéran qui en donne pour son argent avec une belle récolte de 54 points en 73 rencontres en saison régulière. Le point négatif, c’est qu’une fois rendu en séries, Jagr n’a pu aider les Flyers à progresser et son âge semble le rattraper à mesure que les saisons s’étirent. Ses 54 points font de lui l’un des joueurs les plus convoités lors du marché des joueurs autonomes en 2012 et cette fois, ce sont les Stars de Dallas qui parviennent à le mettre sous contrat pour 1 saison pour un salaire de 4.5 millions.
Malheureusement, les Stars connaissent une saison difficile, ce qui force Joe Nieuwendyk à échanger Jagr aux Bruins de Boston avant de le perdre pour rien. Il reçoit quand même 2 joueurs et un choix de 1re ronde de 2013 pour le vétéran maintenant rendu à 40 ans. Tout comme chez les Flyers, Jagr ne sera toutefois pas en mesure de tirer son épingle du jeu avec les Bruins en séries, malgré une récolte respectable de 10 points en 22 rencontres. Il est d’ailleurs passé bien près de toucher à une 3e coupe Stanley en carrière, mais les Bruins se sont fait refroidir rapidement en finale de la coupe Stanley par les Blackhawks de Chicago.
Déterminé à poursuivre sa carrière le plus longtemps possible, Jagr s’entend avec les Devils du New Jersey à l’été 2013. Lou Lamoriello lui donne un salaire de 2 millions avec un 2 millions supplémentaire relié aux performances durant la saison. Une chose est sûre, il a reçu tous ses bonus, car il a terminé la saison avec une impressionnante récolte de 67 points en 82 matchs, malgré une non-participation en séries pour les Devils et ça a forcé l’état-major des Devils à renouveler son contrat pour une autre saison. Le vétéran affirme d’ailleurs en entrevue qu’il veut jouer jusqu’à 50 ans.
L’année suivante, il produit 29 points en 54 matchs avant de se faire échanger aux Panthers de la Floride. Les Devils reçoivent un choix de 2e ronde de 2015 et de 3e ronde de 2016 en retour du vétéran et les Panthers n’ont assurément pas trop payé pour obtenir le vétéran de 43 ans. Il récolte 18 points en 20 matchs en fin de saison, mais c’est en 2015-16 qu’il impressionne une fois de plus en cumulant pas moins de 66 points, dont 27 buts en 79 rencontres avec les jeunes Jonathan Huberdeau et Aleksander Barkov. Malgré tout, en 6 rencontres éliminatoires, Jagr ne récolte que 2 passes, ce qui ne fait que poursuivre les difficultés que connait le Tchèque en série depuis son retour en LNH.
Il passe une autre saison dans l’organisation des Panthers jusqu’à l’été 2017, car Dale Tallon décide de laisser aller, jugeant qu’il doive laisser les jeunes prendre charge de son équipe. Jaromir Jagr devient joueur autonome sans compensation pour la 1re fois en 3 ans et cette fois, il n’est plus aussi populaire qu’il ne l’était lorsque les Devils l’ont mis sous contrat. Il attend jusqu’en octobre 2017 avant de s’entendre avec les Flames de Calgary, ce qui se trouve à être le premier club canadien pour qui Jagr aura joué. On se dit qu’avec Johnny Gaudreau et Sean Monahan, Jagr ne peut que produire et aider cette jeune équipe à se qualifier en séries, mais ce dernier se présente chez les Flames et malheureusement pour lui, il ne sera pas en mesure de jouer sur une base régulière.
Il se blesse et son entraîneur ne semble pas enchanté de l’avoir dans l’alignement et on pourrait même croire qu’il s’est présenté en n’étant pas dans sa meilleure forme, ce qui aura peut-être causé sa blessure au final. C’est ainsi que le directeur général Brad Treliving a décidé de placer le nom de la légende au ballottage dimanche dernier dans le but d’annuler son contrat afin qu’il puisse retourner à Kladno.
Il voulait se rendre à 50, ce serait finalement 45
Jagr soufflera ses 46 bougies le 15 février prochain, mais malheureusement, ce ne sera pas avec un chandail de la LNH. Il voulait jouer jusqu’à 50 ans, mais sa carrière semble se terminer à 45 ans et certains diront qu’il aurait dû annoncer sa retraite l’été dernier après une saison de 46 points et selon ses propres termes, mais au final, il aura joué « la saison de trop », ce qui est malheureux dans son cas.
S’il ne revient pas dans la LNH avant sa retraite officielle, Jagr sera dans le top 5 parmi ces catégories:
Plus de matchs joués: 3e avec 1733 derrière Gordie Howe (1767) et Mark Messier (1756)
Plus de points: 2e avec 1921 derrière Wayne Gretzky (2857)
Plus de buts: 3e avec 766 derrière Wayne Gretzky (894) et Gordie Howe (801)
Plus de passes: 5e avec 1155 derrière Wayne Gretzky (1963), Ron Francis (1249), Mark Messier (1193) et Raymond Bourque (1169)
Plus de buts à 5 contre 5: 2e avec 538 derrière Wayne Gretzky (617)
Plus de tirs: 2e avec 5637 derrière Raymond Bourque (6206)
Il ne fait aucun doute que Jaromir Jagr a sa place au temple de la renommée du hockey et qu’il le sera à sa première année d’admissibilité.
Que retenez-vous de la carrière de Jagr dans la LNH?
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