Les Jets de Johnstown, cette équipe qui a inspiré le film culte «Slapshot»
Quel amateur de hockey n’a jamais regardé le film culte «Slapshot» ? Créée par George Roy Hill en 1977, cette comédie de hockey se basait sur plusieurs faits de la réalité. Utilisant la bagarre et les magouilles pour arriver à leurs fins, les Chiefs de Charlestown doivent leur existence aux défunts Jets de Johnstown. Cette formation de hockey a existé entre les années 1950 et 1977, pour ensuite changer de nom pour les Chiefs de Johnstown, en l’honneur du film sorti dans les cinémas en 77. Un reportage réalisé par Radio-Canada en 2017 nous a permis de découvrir que l’univers «Slapshot» regorge de faits biens réels et nous les observerons dans ce billet. Des fameux frères Hanson aux joueurs connus qui sont passés par cette organisation, voici un court regard sur l’existence des Jets de Johnstown.
Des débuts fracassants
Les Jets intègrent la EHL (Eastern Hockey League) en 1950 et déjà, on leur projette un bel avenir. Les Jets gagnent un premier championnat en 1952 et un second l’année suivante. Leur élan prend fin lorsque la EHL interrompt ses activités, forçant les Jets à déménager leurs actifs dans la IHL (International Hockey League). D’ailleurs, c’est cette ligue qui a accueilli les Rafales de Québec dans les années 90. À l’époque des Jets de Johnstown, la majorité des joueurs étaient dans la basse vingtaine, alors que quelques vétérans de 30-40 ans roulaient toujours leur bosse dans ces ligues où la violence prend beaucoup de place.
Le roulement d’effectif est impressionnant dans ces ligues de second ordre. Chaque saison, un nouveau noyau prenait vie. À la saison de 1955, la EHL renaît de ses cendres et accueille de nouveau les Jets. Il en demeure ainsi jusqu’à la saison de 1973, où l’élément déclencheur de cette organisation survint. En effet, la franchise déménage ses actifs dans la ligue nord-américaine de hockey, connu encore sous le nom de la LNAH. Une première saison d’ajustement pour ensuite, en 1974-75, gagner le championnat de la ligue. C’est lors de cette saison bien précise que le scénario de Slapshot s’est dessiné tranquillement dans la tête de George Roy Hill.
L’arrivée de trois frères à lunette
Au sein de la formation de 74-75, un Québécois au nom de Jean Tétreault s’impose à 21 ans comme l’un des meilleurs marqueurs de l’équipe. Ce dernier, en entrevue avec Radio-Canada, expliquait comment l’arrivée des trois frères à lunettes a changé l’image de l’organisation.
«Ils sont entrés dans le vestiaire pour le camp d’entraînement avec leur lunette et on se demandait quelles sortes de type c’était.»
Un peu à l’image projetée par les frères Hanson, le trio des frères Carlson (de leur vrai nom) s’est imposé rapidement au sein des Jets de Johnstown. Steve (19 ans) termine avec 88 points en 70 matchs, au sommet des marqueurs de son équipe. Jack (20 ans), s’illustre par son physique avec 246 minutes de punition en plus d’ajouter 49 points en 50 matchs. Enfin, l’aîné des frères, Jeff (21 ans), termine quant à lui avec 250 minutes de punition en plus de cumuler 47 points en 64 matchs.
Au sein de la formation, on retrouvait également un certain Dave Hanson. Ce dernier a inspiré grandement à la création des frères Hanson, lui qui a cumulé 249 minutes de punition cette saison-là. Dans le reportage de Radio-Canada, on explique d’ailleurs comment le réalisateur du film a installé des micros dans la chambre pour être sûr de bien illustrer la réalité des vestiaires, surtout avec la présence des frères Carlson.
La saison suivante laisse place à des visages connus
Les Carlson déplaçaient les foules et leur championnat de l’année précédente laissait bien croire que l’équipe avait un avenir prospère. En 75-76, les Jets accueillent encore une fois de nouveaux visages au sein de l’organisation. Avec Jean Tétreault comme meneur encore une fois et Henry Taylor, les Carlson s’imposent un peu moins, mais un nouveau venu impressionne grandement. En effet, un Ontarien de 20 ans nommé Bruce Boudreau connait des débuts époustouflants à la sortie de son stage junior. Avec ses 60 points en 34 matchs, il ne fallut pas beaucoup de temps pour l’actuel entraîneur du Wild pour se trouver un boulot dans une ligue plus sérieuse. L’année suivante, il endosse effectivement le maillot des Leafs. Ce fut son seul passage dans la LNAH, mais tout de même, il peut se vanter d’avoir jouer avec les mythiques frères Carlson.
Un autre visage connu aujourd’hui se joint à l’équipe pour seulement six matchs. En effet, Paul Holmgren, président des Flyers de Philadelphie, sort de l’Université du Minnesota et se joint aux Jets de Johnstown. Après seulement 6 rencontres, il cumule déjà 15 points. Il se déniche ensuite un contrat dans la World Association of Hockey avec les Fighting Saints du Minnesota et termine la saison avec un match joué sous l’uniforme des Flyers, où il passe ensuite la grande majorité de sa carrière de joueur et de dirigeant.
L’année suivante, en 76-77, la réalité frappe Johnstown. Le commanditaire principal de l’équipe fait faillite et on annonce la dissolution du club à la fin de la saison. Les frères Carlson n’y sont plus pour cette campagne, de même que Dave Hanson, favori de la foule. Jack et Steve Carlson étaient les deux seuls à avoir trouvé preneurs au repêchage de la LNH de 1974 et de 1975 respectivement et leur départ était inévitable au sein des Jets. Jean Tétreault mène le club, sachant toutefois qu’après la campagne, il ne resterait plus rien. Johnstown est toutefois revenu à la vie en 1987 avec les Chiefs, en l’honneur du film mythique, pour évoluer dans la ECHL jusqu’en 2010.
Lien avec le film
Dans le reportage de Radio-Canada, on explique comment les joueurs ont été demandés pour le tournage du film Slapshot. En fait, la majorité des joueurs jouaient leur propre rôle en tant qu’acteur de soutien. Au moment du tournage, seul Jack Carlson n’a pu participer, remplacé au final par Dave Hanson. On a donc décidé de conserver ce nom de famille pour les personnages à lunette. Jean Tétreault également était du montage, sans avoir à parler dans le film. Pour le replacer, vous souvenez-vous du joueur qui enlève son dentier avant les matchs ? (seuls les connaisseurs de Slapshot se souviendront !)
Également, le personnage d’Ogie Ogilthorpe était inspiré d’un dur à cuir incontesté de la LNAH en Bill «Goldie» Goldthorpe. Toutefois, la réalisation n’a pas voulu qu’il joue son rôle, de peur qu’il frappe réellement les acteurs, dont Paul Newman. Goldthorpe avait la réputation d’un fou dans le monde du hockey mineur professionnel. Ce dernier a passé par la prison à 37 reprises.
Les Chiefs de Charlestown ont marqué l’imaginaire en se plaçant dans un film culte du monde du hockey. Les Jets de Johnstown, l’inspiration de George Roy Hill, n’a peut-être pas marqué autant l’imaginaire, mais leur légende se poursuit encore aujourd’hui, alors que les frères Carlson multiplient les apparitions dans les oeuvres de charité et les évènements hockey. On a d’ailleurs pu les voir au dernier tournoi peewee de Québec récemment.
Les Jets de Johnstown en chiffre
– Quatre championnats de saison, cinq de séries
– Évoluait au Cambria County War Memorial Arena, lieu de tournage du film Slapshot
– Un peu plus de 35 Québécois ont endossé l’uniforme des Jets dans leur histoire de 1950 à 1977. Fred Burchell, Jean-Claude Lepage et Jean Tétreault sont les trois meilleurs d’entre eux.
– Dave Hanson et Jeff Carlson sont les 3e et 4e plus punis de l’histoire de la franchise, et ce, en seulement trois et deux saisons respectivement.
– Voici les statistiques en carrière des trois joueurs (Hanson et les deux frères Carlson) ayant incarné les mythiques «frères Hanson»:
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