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Dossier | Jason Zucker, ce symbole de l’effet Boudreau dans le Minnesota

Au premier rang de la Division Centrale, le Wild de Bruce Boudreau poursuit sa saison régulière exemplaire, porté par l’excellence de son gardien, Devan Dubnyk, mais aussi par l’incroyable efficacité de ses patineurs, tous revigorés suite à l’arrivée de l’ancien coach des Ducks dans les Twin Cities. Si Minnesota n’est pas, actuellement, une puissance de la Ligue du point de vue des métriques de possession les plus académiques (47,49% de CorsiF et 48,15% de FenwickF), sa domination est pourtant bien réelle et se concrétise sur d’autres volets statistiques, illustrés par les performances individuelles de certains joueurs. Parmi ces éléments emblématiques de la métamorphose de l’alignement, on retrouve notamment un attaquant posté sur le second trio, l’ailier Jason Zucker.

Entre responsabilités défensives…

Cette année, les locataires du Xcel Energy Center s’imposent dans les hauteurs du classement par l’entremise d’une défense de fer, avec seulement 133 buts accordés depuis la reprise, le deuxième meilleur total à travers la Ligue (il n’y a guère que les Capitals et leur 124 filets alloués pour faire mieux). D’un point de vue analytique, plusieurs observateurs se sont déjà penchés sur les raisons de cette domination, en identifiant des tendances très intéressantes. Sur l’excellent site SB Nation hockeywilderness.com, le contributeur « Uncle Walt » a notamment offert un excellent résumé des recherches fournies par des « stateux » de renom comme Emmanuel Perry, Sean Tierney ou Micah Blake McCurdy. Grâce à leurs données, on constate ainsi que l’une des grandes forces du Wild version Boudreau consiste à réduire drastiquement le nombre de tirs pris par l’adversaire dans les zones les plus dangereuses. Ce faisant, Minny va donc laisser son opposant lancer davantage depuis d’autres portions de la glace, le long des bandes, ou près de la ligne bleue, sachant que le pourcentage de réussite des tirs depuis ces zones est relativement plus faible. Couplé à l’excellent travail accompli par Devan Dubnyk, ce véritable cadenas sur l’enclave offre au Wild un certain hermétisme dans son propre camp.

De notre côté, nous allons nous intéresser à la part de travail individuel nécessaire pour obtenir un tel résultat. Rapidement, on relève ainsi que cette philosophie s’accompagne d’une certaine responsabilisation des attaquants. Trois mois plus tôt, Bruce Boudreau a notamment eu la bonne idée d’assembler une ligne composée de Mikko Koivu, Mikael Granlund et donc, Jason Zucker. Très vite, ce trio a connu un certain succès numérique, les trois compères figurant actuellement parmi les six meilleurs pointeurs du Wild. Mais c’est aussi sur le plan défensif que leurs performances se font précieuses. Cette année, les membres de cette ligne sont ainsi les attaquants les plus utilisés par Boudreau dans leur propre camp. On le constate au niveau des mises en zone en territoire défensif à forces égales (dZS%), où Koivu (64,3%), Granlund (61,8%) et Zucker (58,9%) s’imposent comme les trois patineurs (tous postes confondus) les plus souvent lancés dans des situations où l’adversaire campe chez le Wild. Ce faisant, ils reçoivent donc des minutes difficiles, qui déteignent logiquement sur leurs métriques de possession, dont leur Corsi (aucun d’entre eux ne possède un CF% supérieur à 50%).

Pa rapport à l’an passé, ce rôle attribué au trio représente un véritable choc tactique. Sur l’année 2015/16, le dZS% de Koivu n’était qu’à 42,6%, celui de Granlund à 39,9% et celui de notre Jason Zucker, à 49,1%. Mais pour l’heure, les faits donnent raison à Boudreau, qui est parvenu à obtenir une bonne chimie sur cette ligne. On le constate également par l’entremise du DPS, « Defensive Point Share », qui évalue le nombre de points au classement générés par un joueur grâce à sa contribution sur le plan défensif. Là encore, le trident se distingue en comparaison du reste de l’équipe : Koivu et Granlund possèdent un DPS de 2,1, tandis que Zucker les talonne avec un 2,0. Sur l’ensemble des patineurs du Minnesota, seuls Ryan Suter, Jared Spurgeon et Jonas Brodin (trois arrières) font mieux. Pour Zucker, son apport est par ailleurs tangible sur le plan des prises de possession, ou « takeaways », où il se classe comme le deuxième meilleur joueur du Wild (34) devant Granlund (33) et derrière le leader, Eric Staal (40). Aussi efficace que responsable, Zucker réalise ainsi une saison exemplaire. Certes, il est bien entouré aux côtés d’un Mikko Koivu aussi souverain dans son propre camp que dans le cercle des mises au jeu. Mais dans l’esprit de Bruce Boudreau, il est clair que son ailier possède les qualités nécessaires pour s’affirmer comme une vraie référence des deux côtés de la patinoire, en accord avec le style qu’il cherche à insuffler au Minnesota.

Les partisans du Xcel Energy Center en ont ainsi eu un bon aperçu hier soir, lors de la victoire de leurs favoris contre les Prédateurs de Nashville (5-2). En grand forme face à l’armada du Tennessee, Zucker s’est régalé avec une récolte de 3 unités, dont 2 buts. Une performance remarquable, surtout si l’on souligne l’impact de son jeu défensif dans la conquête de ces points. Illustration ici avec son dernier filet du soir, qu’il a su inscrire sans la moindre assistance. Dans une fin de rencontre où les Preds font alors le siège de la cage de Devan Dubnyk, la rondelle traverse la zone défensive du Wild jusqu’à P.K Subban. Celui-ci, posté à la ligne bleue, tente un lancer afin d’exploiter le trafic devant le filet. Face à lui, on retrouve cependant Zucker qui, grâce à un bon positionnement, parvient à bloquer le tir de l’ancien Montréalais. Dès lors, l’action s’accélère en un revirement vers le but de Pekka Rinne, alors que l’ailier prend le défenseur de vitesse. Rendu en un-contre-un face au portier des Preds, Zucker réussit à placer la rondelle entre ses jambes, pour permettre au Minnesota d’aller sceller définitivement sa victoire.

Sur ce jeu, on retrouve donc l’essentiel de ce que nous avons vu jusqu’à maintenant. Grâce à un bon travail d’organisation dans son camp, le Wild pousse l’adversaire à prendre des tirs lointains. Cela laisse ainsi plus de champ aux joueurs de Bruce Boudreau pour s’interposer et réduire la dangerosité de ces lancers. Ici, l’action de but découle donc pleinement du bon placement défensif. C’est d’ailleurs ce qu’expliquait l’entraîneur lui-même lors de l’après-match, dans des propos repris par Judd Zulgad, de 1500 ESPN :

« Une bonne attaque provient d’une bonne défense… Si tu te trouves dans la meilleure position défensivement, tu te trouves aussi dans la meilleure position offensivement » a lâché Boudreau. « Le filet de Zucker en est le parfait exemple, car il était très bien placé défensivement parlant, et il a fini par obtenir un but grâce à cela. »

Sous la houlette de leur nouveau coach, les joueurs du Wild peuvent ainsi s’enorgueillir de leur hockey équilibré, qui repose sur une gestion intelligente de l’espace laissé à l’adversaire ainsi que sur leur capacité à assurer en transition. Doté d’une vitesse de patinage remarquable, Jason Zucker s’épanouit dans ce cadre qui lui convient parfaitement, cumulant pour l’heure 18 buts et 23 mentions d’aide pour 41 points, en 58 matchs. Une contribution numérique qui doit donc beaucoup à son efficacité défensive, un registre dans lequel notre homme performe à l’unisson avec ses deux partenaires de ligne, Mikko Koivu et Mikael Granlund.

…Et réussite aux tirs

Au vu de ces différents éléments, il est donc judicieux de penser que le système du Wild ne peut être payant que si les attaquants sont efficaces pour convertir leurs chances de marquer. Une offensive sans finition serait en effet dévastatrice pour le Minnesota, qui s’avère souvent dominé du point de vue des métriques de possession. Afin de combler ce manque, il est donc impératif d’avoir une bonne réussite aux tirs. Or pour l’heure, la mission est bien accomplie par Jason Zucker, qui se distingue tout d’abord par son solide pourcentage aux lancers, à 14,5% selon le site officiel de la LNH. Bon tireur, il se place parmi les plus réguliers à Saint-Paul pour ce qui est de convertir ses opportunités en zone offensive. Une capacité précieuse, d’autant que Zucker s’affirme aussi comme l’un des principaux détonateurs de sa formation. Lorsqu’il est sur la glace, le ratio des siens au niveau des chances de marquer est à 58,79%, l’un des meilleurs taux chez le Wild derrière des défenseurs comme Spurgeon et Suter, mais aussi Koivu et Granlund, ses compagnons de trio. Avec son taux de conversion de tirs légèrement supérieur, Zucker s’avère ainsi être un buteur très efficace; également actif dans la construction des attaques.

En revanche, il ne faut pas négliger le facteur réussite dans ces statistiques solides, un élément qui compte aussi dans les performances collectives du Wild. Au niveau du PDO***, la troupe de Bruce Boudreau occupe en effet la deuxième place du classement global de la Ligue Nationale, avec un gros 103,38%. Pour rappel, un pourcentage élevé dans cette colonne doit en principe signifier que l’équipe ou le joueur concerné connaît une séquence chanceuse, qui pourrait donc s’inverser dans le futur. Sur le plan individuel, Zucker est le joueur du Wild doté du PDO le plus élevé, avec un 108,10%. Un ratio qui tend donc à confirmer que l’ailier, à l’image de sa formation, bénéficierait d’une certaine réussite, d’autant que son « Expected PDO »**** est à 101,32%, un autre indicateur de la chance qui lui sourit à l’heure actuelle.

Alors, sa bonne saison est-elle due à une réelle efficacité ou bien à une cruciale réussite? À vrai dire, probablement un peu des deux, bien que l’on ne puisse enlever à l’attaquant ses mérites lorsqu’il provoque en amont ses chances de marquer. Actif dans son propre camp, prompt à la finition, il est à l’image d’une équipe qui s’applique à capitaliser sur les opportunités offertes par son bon travail défensif. Si la chance semble actuellement de son côté, nul doute que Jason Zucker s’est montré capable de la provoquer, au fil de ses interventions solides des deux côtés de la patinoire. Et c’est bien là l’essentiel, pour lui, comme pour le Wild.

*** PDO : Cumul du pourcentage d’arrêts d’une équipe à son taux de conversion de tirs en buts.
**** xPDO : Cumul du pourcentage aux tirs Fenwick (% de tirs non bloqués qui sont convertis en buts) et du pourcentage d’arrêts Fenwick (% de tirs non bloqués pris par l’équipe adverse qui sont arrêtés). Si le xPDO d’un joueur est inférieur à son PDO, cela peut indiquer que le patineur en question est chanceux et risque de faire face à une régression.

Sources statistiques: hockey-reference.com, corsica.hockey, NHL.com.

[STATS]5093[/STATS]

[STATS_EQUIPE]MIN[/STATS_EQUIPE]

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Commentaires

  1. jeff.emond

    Le Wild n'a pas vraiment de faiblesse. Il faut dire aussi que l'équipe mise sur un bon groupe de défenseurs (vétérans & jeunes qui sont en "breakout" cette année). Avec une bonne offensive (2 bons trios capables de marquer régulièrement) alors que les 4 trios sont soucieux de leur défense, sans oublier un bon gardien no.1 (Dubnyk) et un pas pire second (Kuemper). Une belle occasion pour eux d'atteindre la finale cette année ... Ils n'ont qu'à traverser les Hawks !! ... Quant aux Ducks et Sharks, Bof ! GO Wild GO !!!!
  2. Djbigkane

    @jeff.emond San Jose représente une meilleure équipe que Chicago selon moi. Et faut pas oublier les Kings qui devrait avoir un Quick en santé.

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