Dossier | Quels sont les travaux de Ken Hitchcock à Dallas?
Avec les arrivées plus ou moins récentes d’Alexander Radulov, Ben Bishop, Martin Hanzal et Marc Methot, les Stars de Dallas n’ont pas hésité à bouger ces dernières semaines, dans l’optique de renforcer leur alignement. Via les échanges et le marché de l’autonomie, le travail réalisé par Jim Nill nous offre déjà quelques certitudes sur le visage qui sera celui de son équipe la saison prochaine. Et il nous permet, surtout, d’identifier les défis qui attendent son nouvel entraîneur, Ken Hitchcock.
La stabilité défensive et le cas Klingberg
Après son départ de St. Louis, nombreux étaient ceux qui voyaient Hitchock quitter définitivement les bancs de la LNH. Toutefois, le technicien a fait le choix de repartir pour une nouvelle aventure après son limogeage, en retrouvant, à Dallas, une franchise qu’il connaît bien. La cité texane fut en effet le théâtre de ses débuts à titre d’entraîneur-chef dans la Ligue Nationale, et le lieu où il remporta sa seule Coupe Stanley, en 1999.
Pour ce retour en terrain connu, Hitchcock pourrait bien mettre son règne sous le signe de la solidité et de la restructuration défensive, des qualités qui ont manqué aux Stars version 2016/17. Avec 262 buts encaissés, le collectif alors dirigé par Lindy Ruff s’est en effet montré très perméable, ce total étant le deuxième plus élevé de la Ligue, derrière l’Avalanche du Colorado (278). Au cœur de nombreux questionnements, le duo de portiers formé par Kari Lehtonen et Antti Niemi a d’ailleurs été démantelé, permettant à Hitchock de repartir sur des bases plus saines dans les cages.
Fort de l’arrivée de Ben Bishop, le technicien bénéficiera d’un renfort de choix, comparé aux performances irrégulières de ses deux prédécesseurs. Toujours intégré à l’alignement, Lehtonen devrait être un auxiliaire efficace, derrière un Bishop qui, s’il reste en santé, sait faire preuve de solidité à son poste, quel que soit le niveau de dangerosité des tirs qu’il reçoit.
Comme expliqué ici par Andrew Berkshire, de Sportsnet, les performances de l’ancien Floridien face aux lancers pris dans le bas de l’enclave (la zone la plus dangereuse) ont été très bonnes au cours des deux dernières saisons, malgré une baisse d’efficacité sur certaines tentatives plus lointaines. Cette qualité sera, à coup sûr, très précieuse pour des Stars qui ont concédé de nombreux tirs dans cette zone durant la dernière campagne.
Au fil de l’année, l’analyste réputé Micah Blake McCurdy, qui opère le site internet hockeyviz.com, a collecté de nombreuses données permettant de se faire une idée précise sur la nature des chances de marquer concédées par Dallas. Par l’entremise d’un graphique publié par ses soins, on constate que la majorité des lancers non-bloqués pris par les adversaires des Stars (à 5v5) l’ont été dans l’enclave.
C’est là que Ken Hitchcock entre en jeu. Le coach, réputé pour sa capacité à renforcer la structure défensive de ses équipes, aura fort à faire pour corriger les défauts de ses arrières. Un cas, en particulier, devrait être prioritaire: celui de la jeune vedette John Klingberg. Auteur de 49 points l’an passé, le Suédois a su générer de nombreuses opportunités en zone offensive lorsqu’il s’est retrouvé sur la glace. Pourtant, il a terminé l’année avec un CorsiF de 49,5%, résultat certes correct, mais qui indique que l’arrière n’a pas été en mesure d’empêcher ses adversaires de prendre un nombre élevé de lancers.
Un coup d’œil rapide au graphique de hockeyviz.com répertoriant les tirs non-bloqués concédés par les Stars lorsque Klingberg était aligné (à 5v5) permet, par ailleurs, de déterminer les zones où ses opposants ont pu se procurer leurs chances de marquer. Sans surprise, on retrouve le bas dans l’enclave, mais aussi le haut-droit de celle-ci, une portion de la surface de jeu que notre homme est censé couvrir. En l’absence du Scandinave, on constate également que le nombre de tirs non-bloqués pris à droite de l’enclave est drastiquement réduit.
Pour Hitchcock, l’objectif sera donc de resserrer les boulons d’une défensive manquant d’efficacité. Vu comme un potentiel arrière de premier plan, Klingberg, qui hérite du temps de jeu le plus conséquent (19:57 de moyenne) chez les patineurs texans, sera le premier à remettre sur le droit chemin. L’objectif sera donc de faciliter la tâche du nouveau gardien Ben Bishop, en amenuisant le nombre de lancers adverses pris dans des zones à haut-risque. Pour ce faire, l’arrivée de Marc Methot, un arrière au profil assez défensif, devrait s’avérer assez utile.
Exploiter le potentiel offensif de l’équipe
Si la ligne bleue représente un chantier majeur pour les Texans, la gestion de l’impressionnant contingent offensif assemblé par Jim Nill sera également un enjeu de taille pour Hitchcock. Avec les arrivées de Martin Hanzal et Alexander Radulov, l’attaque déjà solide des Stars s’avère encore plus menaçante. Les deux joueurs rejoignent en effet un alignement complété par des vedettes telles que Tyler Seguin, Jamie Benn ou Jason Spezza. De quoi espérer une certaine domination sur le plan offensif…
Au cours de la dernière saison, l’équipe dirigée par Lindy Ruff s’est contentée d’une place de 18ème au chapitre des buts marqués (223). A priori, ce total ne devrait pas refléter toute la puissance de feu qu’Hitchcock aura à sa disposition pour entamer la campagne 2016/17. Avec autant de renforts, les Stars apparaissent désormais plus complets sur tous les fronts, l’arrivée de Radulov améliorant par exemple l’aile droite de leur attaque, désormais dépourvue de Patrick Sharp et Ales Hemsky.
Autre point positif, le retour attendu de Mattias Janmark, qui a loupé l’ensemble de la dernière saison en raison d’une blessure au genou. D’après CBS Sports, le Suédois, dont le contrat a été prolongé d’un an en avril dernier, devrait être opérationnel lors du camp d’entraînement. Celui qui avait totalisé 29 points (dont 15 buts) en 73 matchs lors de sa saison recrue (2015/16) apportera ainsi sa bonne pointe de vitesse à l’attaque des Stars.
Dès cet automne, la mise à l’épreuve du groupe d’avants talentueux des locataires de l’American Airlines Center passera aussi par les unités spéciales. À 5-contre-4, Dallas n’a pas su s’imposer parmi les formations les plus efficaces du circuit ces derniers mois, postant un taux de conversion de 17,9%, bon pour le 20ème rang en LNH. Aussi, l’embauche de Radulov, qui fut l’un des grands animateurs de la supériorité numérique des Canadiens au cours du dernier exercice (6 buts en PP, 2:49 de temps de glace moyen), devrait logiquement avoir un effet positif.
Côté défenseurs, la possible intégration de l’espoir Julius Honka pourrait permettre à Hitchcock d’avoir à sa disposition un élément capable d’assurer le rôle de quart-arrière à 5-contre-4. Arrière offensif doué d’une bonne vision du jeu, le jeune finlandais pourrait ainsi assumer un rôle intéressant sur la deuxième vague d’avantage numérique. À la fin de son règne, Lindy Ruff n’avait d’ailleurs pas hésité à utiliser Honka sur cette phase de jeu (1:23 par match, en moyenne), lors de ses 16 apparitions sous la tunique des Stars.
Fort d’un solide mélange entre ses têtes d’affiches (Klingberg, Spezza, Seguin, Benn, Radulov, Bishop) et ses joueurs de soutien (Hanzal, Janmark, Faksa, Ritchie, Hamhuis, Methot, Shore, Roussel, Lehtonen), Ken Hitchcock se retrouve donc aux commandes d’une équipe mature, prête à se racheter après une campagne ratée. Si des ajustements seront nécessaires pour espérer gagner en efficacité, le technicien albertain sait en tout cas que ses objectifs, à court terme, impliquent une qualification en Séries et un parcours rallongé au printemps 2018. À lui de tenir le bon discours pour satisfaire les exigences de sa direction.
Statistiques: hockeyviz.com, hockey-reference.com, sportingcharts.com.
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