Dossier | Un été déjà décisif pour Connor Hellebuyck?
Après une campagne 2016/17 marquée par une énième non-qualification en Séries, les Jets ont choisi d’adresser une faiblesse criante de leur alignement dès le 1er juillet, en enrôlant le gardien libre Steve Mason. Une décision qui implique des changements dans la gestion du cas Connor Hellebuyck, lequel cherche toujours à s’entendre avec sa direction sur les termes d’un nouveau contrat. Retour sur ses performances récentes et son avenir à moyen terme dans le Manitoba.
Une année faible sur le plan statistique
Aligné à 56 reprises la saison passée, Hellebuyck n’a pas été en mesure d’atteindre la barre des 91% d’arrêts, en concluant son exercice à seulement 90,7%. Un taux clairement insuffisant, sans être nécessairement catastrophique, qui correspond bien à la tendance globale de sa campagne.
Pour évaluer au mieux les performances du portier américain, il convient tout d’abord d’extraire la part de responsabilité endossée par sa défensive, parfois critiquée. De prime abord, on constate que Connor Hellebuyck a bien fait partie des gardiens ayant fait face aux plus grands nombres de tirs cette saison. En moyenne, l’Américain a été confronté à 30,48 lancers par tranche de 60 minutes de jeu à 5-contre-5. Un total qui le place au 10ème rang des gardiens les plus canardés, parmi les portiers ayant joué un minimum de 40 matchs cette saison (Mike Smith est premier avec 33,99 tirs de moyenne).
Toutefois, si le rythme des tirs était donc élevé, on ne peut pas nécessairement en dire autant concernant leur dangerosité. À vrai dire, les Jets ont même été récompensés de leurs efforts pour limiter les tentatives adverses dans les zones à haut-risque. Selon les données compilées par Micah Blake McCurdy, de hokeyviz.com, Winnipeg est ainsi parvenu à maintenir le pourcentage de tirs non-bloqués (à 5v5) pris dans l’enclave à un niveau très proche de la moyenne de la Ligue. Par endroits, ce ratio est même inférieur à cette même moyenne.
Ainsi, il était donc difficile pour les adversaires des Manitobains de prendre un lancer dangereux aux abords de la cage, la structure défensive des Jets à forces égales ayant été assez efficace durant le dernier exercice. Pourtant, Hellebuyck fut bien le gardien partant d’une équipe qui s’est classée 27ème au chapitre des buts encaissés (256, seuls ARI, DAL et COL ont fait pire). Logiquement, l’efficacité du cerbère s’en trouve donc questionnée, l’Américain peinant visiblement à se montrer solide et régulier pour sa formation.
Pour tenter d’évaluer au mieux ses performances individuelles, il faut dès lors se tourner vers l’une des quelques métriques pertinentes pour apprécier les prestations des gardiens. Parmi elles, on en trouve une assez célébrée par la communauté des analytiques: le GSAA (comprenez »Goals Save Above Average »). Son principe, assez simple, consiste à prendre le pourcentage d’arrêts moyen de la Ligue et à l’appliquer au nombre de tirs auxquels le cerbère que l’on souhaite évaluer a fait face. Ce faisant, on obtient le total de buts qu’un gardien standard de LNH aurait concédé s’il avait reçu le même nombre de lancers que notre homme. On compare ensuite ce chiffre à celui des buts alloués par le portier observé, ce qui génère un différentiel plus/moins.
À l’aune de cette statistique, le ratio de Connor Hellebuyck est négatif, à -9,96. Cela signifie donc qu’un cerbère ordinaire aurait, dans sa position, concédé près de 10 buts de moins sur l’ensemble des tirs qu’il a dû parer. Parmi les portiers ayant joué 40 matchs ou plus, le dernier rempart des Jets figure donc au bas de la hiérarchie, seuls 4 joueurs ayant fait pire que lui (Pickard, Ward, Lehtonen et Mrazek, on peut aussi compter Niemi, bien qu’il n’ait pris part qu’à 37 rencontres).
Cette statistique en dit long sur la fiabilité d’Hellebuyck au cours de la dernière campagne, le gardien n’étant pas parvenu à se montrer décisif pour servir sa brigade arrière. Une défaillance nette, qui s’explique en partie par l’âge (tout juste 24 ans) et l’inexpérience (première saison complète en LNH) du jeune gardien. Autre point handicapant, la faiblesse des Jets en infériorité numérique (77,5% d’efficacité, au 26ème rang en LNH), qui a probablement tiré ses statistiques vers le bas.
Toutefois, les résultats infructueux d’Hellebuyck dans le rôle de partant ont malgré tout incité la haute-direction manitobaine à l’encadrer en vue de la prochaine saison. C’est donc dans cette optique que Winnipeg a finalisé l’arrivée de l’expérimenté Steve Mason.
Une nouvelle concurrence, un nouveau contrat
Signé pour un salaire annuel de 4,1 M$, l’ancien portier des Flyers a affiché des statistiques globalement similaires à celle de son nouveau partenaire en 2016/17. Son pourcentage d’arrêts (90,8%) et son GSAA (-8,34) valent plus ou moins ceux postés par Hellebuyck, Mason ayant par ailleurs reçu une charge de travail quasiment identique (54 départs pour lui, 53 pour son jeune équipier).
Gageons que, par de nombreux aspects, cette campagne fut la plus faible du cerbère ontarien sur l’ensemble de son passage à Philadelphie. Avec son expérience et son vécu, Mason, 27 ans, peut donc légitimement espérer rebondir dès cet automne avec les Jets, au sein desquels il assumera également un rôle de mentor vis-à-vis d’Hellebuyck. Interrogé sur son nouveau partenaire, le Canadien se veut d’ailleurs pleinement conscient de ses responsabilités de vétéran:
« Connor est encore un jeune gardien, il a connu un certain succès dans la Ligue, mais il aussi rencontré quelques difficultés, ce qui est une bonne chose » a-t-il expliqué à Ken Wiebe, du Winnipeg Sun. « Je suis passé par des moments que Connor a pu connaître lui aussi. Je pense être quelqu’un qui pourra le guider à l’amorce de sa carrière, et j’espère qu’il tirera bénéfice de notre relation. Je crois vraiment que mes habitudes à l’entraînement sont très solides, et j’ai bon espoir qu’il puisse voir ce que je fais pour, peut-être, s’en inspirer et nous aider à devenir meilleurs, en se poussant l’un l’autre. »
S’il s’attend à prendre la place de titulaire, Mason compte donc aussi assister la progression de son auxiliaire. De son côté, Hellebuyck sait qu’il devra en faire davantage, alors qu’il négocie actuellement une nouvelle entente avec les Jets. En vue de cet été, le portier a ainsi totalement bouleversé sa préparation individuelle, comme Elliotte Friedman, de Sportsnet, l’avait expliqué dans ses fameuses »30 Thoughts » en mai dernier.
Au printemps, l’Américain a en effet décidé de faire appel aux services d’Adam Francilia, un coach personnel, qui le suivra au fil des prochaines semaines. Parmi ses clients, on retrouve plusieurs joueurs de LNH tels que Laurent Brossoit, Andrew Ladd, Devan Dubnyk, Troy Grosenick, Eddie Lack, James Reimer et Justin Schultz. Capable d’encadrer la nutrition, mais aussi la préparation mentale de ses disciples, Francilia travaille principalement sur les mouvement du corps et le positionnement, avec des conseils spécifiques aux gardiens. Un signe qu’Hellebuyck est conscient de ses lacunes, et qu’il cherche naturellement à les combler.
Cette attitude est d’autant plus justifiée que le joueur est toujours en négociation pour sa nouvelle entente. Agent libre avec restriction, Hellebuyck s’est pourvu en arbitrage, un processus qui devrait permettre aux deux parties trouver un accord arrangeant sur la valeur de son futur contrat. Avec la possibilité d’un bail à court terme, le gardien pourra essayer de prouver sa valeur dans l’optique de décrocher, d’ici un ou deux ans, une entente plus longue et plus rentable.
À l’arrivée, Connor Hellebuyck se trouve donc, déjà, à la croisée des chemins. L’issue de ses négociations contractuelles va probablement donner le ton à sa préparation estivale, qui précédera une saison pleine de changements. Dans un nouveau rôle, plus en retrait, le cerbère devra continuer à travailler, pour pouvoir poser des statistiques plus dignes des attentes placées en lui par sa haute-direction.
Sources Statistiques: hockeyviz.com, hockey-reference.com, puckalytics.com, sportingcharts.com.
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