Éric Lindros qui endosse finalement le gilet des Nordiques: insulte ou simple tentative de rédemption?
Les partisans des Nordiques se rappelleront à jamais la fameuse date du 22 juin 1991, à Buffalo. Cette journée-là a marqué l’histoire de la défunte franchise de Québec ainsi que celle de la LNH au grand complet lorsque les Nordiques ont sélectionné, comme tout premier choix de l’encan annuel, le gros attaquant de l’heure en Éric Lindros. Le produit des Generals d’Oshawa sortait d’une saison de 149 points, dont 71 buts, et ce, en seulement 57 parties. L’attaquant de puissance a également passé 185 minutes de temps au cachot, ce qui faisait de lui un joueur immensément complet. Toutefois, ce n’est pas le fait que Lindros sorte comme premier choix qui a marqué l’histoire, puisque c’était prévisible. En fait, lorsque les Nordiques l’ont invité sur le podium, le jeune joueur dont prometteur jette une douche d’eau glacée sur les partisans, l’organisation et sur la ligue en général en refusant d’enfiler le gilet du Fleurdelisé.
Une décision difficile à avaler
Traité de «superstar gâtée», «d’enfant à maman» et «d’anti-Québécois», Lindros a reçu toutes les insultes possibles après un tel geste. Et pour cause: les Nordiques croyaient bien bâtir leur avenir autour d’un joueur de la trempe de Lindros et au final, l’attaquant n’a joué aucune partie avec la franchise. Les raisons de Lindros étaient connues d’avance. L’Ontarien trouvait que le Québec était une province trop isolée pour jouer au hockey, que le marché n’était pas assez publicisé et qu’il ne voulait en aucun cas s’aligner sous les ordres de Marcel Aubut, président des Nordiques à l’époque. Celui-ci a réitéré son intention de bâtir autour de Lindros, même après un tel affront lors du repêchage. Mentionnant qu’il n’aura jamais de carrière dans la LNH ailleurs qu’à Québec, Aubut se résignait fortement à échanger l’attaquant. Des pressions par le clan Lindros sur la LNH auront finalement permis de faire plier l’organisation des Nordiques.
Cette fameuse transaction
Lors du repêchage de 1992, les Nordiques avaient deux offres sur la table pour Éric Lindros. Celui-ci avait passé la saison complète chez les Generals, malgré le fait que son talent lui aurait permis largement de s’aligner dans la LNH. La preuve: Lindros a même participé aux Jeux olympiques pour Équipe Canada cette saison-là. L’insulte finale de Lindros envers l’organisation qui l’a repêché en 1991. Ce n’est que le 30 juin 1992 que la transaction avec les Flyers de Philadelphie est officialisée à la ligue. Voici cependant les deux offres sur la table:
Offre des Rangers de New York: Éric Lindros contre Tony Amonte, Alex Kovalev, Doug Weight, John Vanbiesbrouk, trois choix R1 (1993-1994-1996) et 12 M$ en argent.
Offre des Flyers de Philadelphie: Éric Lindros contre Steve Duchesne, Mike Ricci, Ron Hextall, Kerry Huffman, Chris Simon, les droits de Peter Forsberg, deux choix R1 (1992-1993) et 15 M$ en argent.
*Sources: New York Times (1992)
Lindros aura connu une superbe carrière, ralentie toutefois par les nombreuses commotions en raison de son style de jeu physique. Néanmoins, il demeurera à jamais l’un des visages principaux de l’histoire des Flyers de Philadelphie. Qui plus est, près de neuf ans après avoir tenté d’obtenir Lindros, les Rangers ont accueilli l’attaquant sous leur bannière pendant trois saisons. Le destin étant ce qu’il est, c’est un Lindros amoché qui s’était présenté dans la Grosse Pomme et ses meilleures années étaient malheureusement derrière lui.
Insulte ou rédemption ?
Bref, sans vouloir s’éterniser sur le portrait du dit joueur qui figure désormais parmi les immortels du Temple de la Renommée, Lindros apparaîtra à l’émission «Tout le monde en parle», présentée ce dimanche sur les ondes de Radio-Canada. Déjà, les images circulent et ce n’est plus un secret pour personne que l’ancien attaquant endossera (enfin) le gilet des Nordiques de Québec. S’agit-il là d’une insulte envers la défunte franchise et envers ses partisans toujours aussi passionnés ou peut-on simplement voir la chose comme étant une simple tentative de rédemption ? Après tout, on peut réellement remercier Lindros pour tous les joueurs de qualité qui ont fait en sorte que les Nordiques se sont améliorés à toutes les positions, surtout entre les poteaux. La saison suivant cette transaction, les Nordiques se classaient tout juste devant le Canadien au deuxième rang de la division Adams, derrière Boston, améliorant ainsi le total de points de 52 comparativement à l’année précédente. La courte présence en séries éliminatoires a toutefois secoué l’équipe, qui jure encore aujourd’hui que le but d’Alain Côté était bon. L’arrivée de Forsberg la saison suivante donne encore plus raison à l’organisation concernant la transaction de Lindros, puisqu’en plus que le suédois met la main sur le Calder, les Nordiques concluent la saison régulière en tête de liste dans l’Est.
Si on utilise une vision globale de ce chaînon d’événement dans le dossier Lindros, on peut affirmer que les gestes commis au repêchage de 1991 étaient vraiment une insulte pour l’organisation. Au final, sa façon de renier Québec aura permis aux Nordiques de se bâtir un club dominant. Insulte-t-il à nouveau le peuple québécois en endossant finalement le gilet du Fleurdelisé ou cherche-t-il à se faire pardonner ? Rendu là, ce n’est qu’une question d’opinion. Rendu en 2016 et en considérant les impacts d’une telle transaction, tout ce que l’on peut se permettre de dire, c’est «Merci Éric».
27 ans plus tard, Lindros en Nordiques!!! #TLMEP pic.twitter.com/wsLsXUtGlZ
— Dany Turcotte (@danyturcotte) 10 février 2017
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