Être joueur autonome à Columbus: »Traiter les joueurs comme de simples atouts, puis essayer d’obtenir une loyauté indéfectible »
Depuis plusieurs mois, voire même plusieurs années, le récit qu’on aime véhiculer auprès des partisans et de plusieurs médias, c’est que John Tortorella a bousillé cette équipe qui s’alignait vers un bel avenir. On pointe le coach comme un tyran qui fait peur aux joueurs autonomes, que ce soit ceux du marché ou ceux à l’interne. Les insuccès de l’organisation pour signer des joueurs sont souvent la faute de Tortorella dans cette espèce de narratif préconçue. Or, trois anciens joueurs ont discuté de cela auprès d’Aaron Portzline pour le compte de The Athletic.
The Athletic: Former #CBJ players on what’s right, what’s wrong with the Blue Jackets.
We granted anonymity to three recent players to discuss what it’s like to be an athlete in Cbus, to play for John Tortorella, to negotiate w GM Jarmo Kekalainen, etc.https://t.co/hDgT0qwkUE pic.twitter.com/drJWjCnTfc— Aaron Portzline (@Aportzline) May 3, 2021
Le concept du texte est fort intéressant. On a posé des questions à trois anciens joueurs de l’organisation et les réponses furent retranscrites de façon tout à fait anonyme. De façon générale, on semble grandement apprécier la ville de Columbus pour s’y installer et jouer au hockey, mais on comprend aussi que ce n’est pas glamour comme destination pour un jeune joueur aspirant à être repêché. Les trois joueurs ont largement apprécié leur passage au sein de l’organisation et trouve cela très dommage que le narratif tend à dénigrer cette destination.
C’est un peu ça, le mauvais narratif à l’égard de Columbus. Certes, l’endroit n’est pas glamour comme Montréal, New York, Toronto ou autres grandes organisations. L’un des joueurs pousse même la note en mentionnant que certains joueurs, désireux d’être vus en rockstars, sont attirés par le fait de sortir pour rencontrer de belles filles à Miami et à Montréal.
Par contre, lorsque la discussion entre dans le volet administratif, il devient très intéressant de voir que ce n’est nullement John Tortorella qui effraie les joueurs, mais bien les méthodes de négociation et de gestion du DG, Jarmo Kekalainen.
»Vais-je être de retour? »
L’un des joueurs explique qu’à son passage dans l’équipe, tout pointait vers les succès, mais à la fin de la saison, on a perdu de nombreux joueurs. Il y a de fortes chances que le joueur en question parle du moment où Artemi Panarin, Sergei Bobrovsky et Matt Duchene ont fui l’organisation à titre de joueurs autonomes.
Les joueurs dans le vestiaire, devant ces départs de masse, se demandaient s’ils étaient les prochains. Un climat plutôt particulier s’est installé et tout cela découle du fait que Kekalainen est excessivement gourmand dans les négociations. Comme on le stipule auprès des joueurs interrogés, »c’est son travail et c’est correct comme cela ». Par contre, une déclaration m’a fait sursauter. Visiblement, économiser de l’argent vaut plus aux yeux du DG que de monter une équipe basée sur la chimie et la loyauté.
Pourquoi un joueur a-t-il mentionné cela ? C’est parce que Kekalainen, en négociation, est radin au point d’offrir des contrats bien en deçà du marché en mentionnant que c’est tout ce que l’organisation peut faire. En fait, selon l’expérience racontée par le joueur, le DG demande au joueur où il se situe, le dit joueur donne un prix, le DG rétorque que c’est impossible et soumet une offre sous la valeur marchande en disant qu’un X nombre d’équipes se trouvent à cet endroit aussi.
Comme Columbus ne possède pas l’aspect glamour de la NHL, les joueurs se disent souvent qu’il vaut mieux aller voir ailleurs tant qu’à se faire traiter comme un simple atout.
Visiblement, de ce qu’on peut ressentir dans tout le texte, John Tortorella inspirait le respect au sein des joueurs. Là où ça cloche, c’est au niveau des négociations de contrat. C’est ce qui expliquerait pourquoi l’organisation éprouve des difficultés à garder ses RFA et ses UFA. Le narratif qui veut que ces joueurs quittent à cause de Tortorella semble totalement faux en fonction de ce que ces joueurs racontent. On peut bien croire ce que l’on veut, mais lorsque trois joueurs parlent sous le couvert de l’anonymat, ils auraient très bien pu planter le coach et ce fut tout le contraire.
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