EXCLUSIF | PASS Hockey, une entreprise de chez nous qui s’établit de plus en plus dans le hockey professionnel
Dans le hockey d’aujourd’hui, les statistiques avancées font maintenant partie du quotidien des organisations professionnelles. Certaines utilisent des modèles plus traditionnels alors que d’autres tentent d’innover avec de nouvelles lignes de pensée. Plus qu’on le pense, certaines décisions des équipes professionnelles sont basées sur l’analyse des statistiques avancées. En guise d’exemple, les As d’Oakland, dans le baseball majeur, ont longtemps utilisé la méthode de Billy Bean, qui analysait le taux de présence sur les buts pour ensuite analyser combien de fois ces joueurs procuraient des points à leur formation. De cette façon, on réussissait à signer des joueurs à prix modiques, mais qui offraient un rendement permettant à l’équipe de bien performer.
Dans le hockey, chaque formation a leur firme d’analyse en matière de statistiques avancées. Pour les partisans, on peut consulter les sites traitant de tout cela via Corsica ou QuantHockey pour ne nommer que ceux-là. Au Québec, une nouvelle entreprise est en plein essor et leur modèle d’analyse dépasse largement ce que l’on voit fréquemment. PASS Hockey, mené par deux Québécois de la région, suggère un modèle où l’on pousse plus loin l’analyse du pourcentage d’efficacité des gardiens.
«On s’est rendu compte qu’un gardien dans la LHJMQ, qui avait de très bons chiffres, ne se classait peut-être pas plus haut que d’autres qui affichaient de moins bons chiffres. On s’est donc poser la question s’il est possible d’analyser le fameux pourcentage d’efficacité sous divers aspects,» nous explique l’un des fondateurs de PASS Hockey, Jonathan Deschenes.
Connu comme étant plus précis que la moyenne de buts alloués, le pourcentage d’efficacité n’était cependant pas parfait. C’est beau recevoir un tir et l’arrêter, mais d’où venait-il, y’avait-il des écrans devant, combien de passes y’a-t-il eu avant de recevoir le tirs ? Ce sont tous des facteurs qui, en tant que gardien, jouent un rôle crucial sur l’efficacité à arrêter la rondelle. PASS Hockey a donc décidé de plonger dans cet univers de la statistique avancée avec son modèle qui aborde le rendement des gardiens de but.
En quoi consiste le modèle ?
À l’aide de calcul selon les pourcentages de réussite et selon les statistiques déjà connues, on a pu établir trois catégories de situation de tirs au filet contre le gardien: le High Danger, le Medium Danger et le Low Danger. En corroborant les événements précédant le tir et en y ajoutant l’emplacement de celui-ci, on arrive donc à classifier les tirs sous ces trois catégories. Voici d’ailleurs une liste de facteurs qui influeront la classification du tir dans ces trois catégories:
Plus haut risque (High Danger)
– Tir de l’enclave avec écran
– Tir de l’enclave provenant d’une passe en arrière du but
– Tir de l’enclave avec plusieurs passes avant le tir
– Tir dévié
Moyen risque (Medium Danger)
– Tir en périphérie
– Tir de la pointe avec une passe avant
Moins haut risque (Low Danger)
– Tir sans passe avant
– Tir en périphérie
Note : Ceci n’est qu’un faible échantillon du nombre de variables qui influencent le classement des tirs. Il en existe beaucoup d’autres et c’est tout un travail d’analyse de classer les situations lorsqu’elles sont analysées après le match.
«Le gardien qui a une défensive plus poreuse devant lui et qui fait face à 15 ou 20 tirs provenant du High Danger, il est évident que son pourcentage d’efficacité sera plus bas que celui qui n’en reçoit que 5 par match de cette catégorie. Mais l’un est-il meilleur que l’autre? C’est pour cela que notre modèle nous permet d’établir un vrai pourcentage d’efficacité en tenant compte des événements précédant le tir.»
De cette façon, non seulement on établit le pourcentage d’efficacité «réel», mais on peut également affirmer, statistiquement parlant, combien de buts aurait du accorder le gardien lors d’un match. Regardons ce qu’une telle analyse peut fournir en terme d’information au terme d’un match. L’exemple a été pris via la page Facebook de PASS Hockey, qui a analysé les performances d’Olivier Rodrigue et de Kevin Mandolese, deux espoirs de la LHJMQ.
Quand on observe le rendement de Mandolese, on constate qu’il a concédé deux buts sur des Low Danger, ce qui fait mal à ses statistiques réelles selon le modèle. C’est donc dire qu’en réalité, il aurait dû afficher une moyenne d’efficacité de 92,91% si ce n’eut été de ces buts donnés sur des chances à faible risque. À l’opposé, on constate que Rodrigue a connu une excellente performance tant selon le modèle que selon la simple statistique du pourcentage d’efficacité traditionnel.
En pleine croissance
Si les statistiques avancées sont perçues régulièrement comme complexes aux yeux du partisan, PASS Hockey trouve le moyen de faciliter la compréhension en divisant les chances de marquer en trois catégories. Plus tu reçois de tirs provenant du High Danger sans donner de buts, plus ton pourcentage réel sera élevé. À l’inverse, plus tu donnes de buts sur des tirs provenant du Low Danger, ton pourcentage réel sera plus bas.
«Le point de départ de tout cela, c’est qu’on s’est rendu compte que les organisations mettaient la main sur des gardiens qui avaient des moyennes d’efficacité incroyables, mais ces athlètes n’offraient parfois pas le rendement attendu alors que certains gardiens qui cumulaient de moins bons pourcentages d’efficacité, se frayaient un chemin vers la LNH.»
Et le modèle fonctionne. Présentement, deux équipes professionnelles ont acheté le produit et s’en servent sur une base régulière. Le Wild de l’Iowa, en LAH, demande à PASS Hockey de revoir les performances de leur gardien de but, à la demande de l’entraîneur des gardiens, Frederic Chabot. Jusqu’ici, on semble apprécier l’expérience. Si bien qu’une porte s’est récemment ouverte afin d’amener le tout au niveau supérieur, soit pour le Wild du Minnesota lui-même. Également, l’équipe de Djugrdens, dans la SHL, fait affaire avec PASS Hockey depuis cet été.
«On a eu un bon contact avec un Suédois qui nous offre sa plate-forme d’analyse vidéo afin de revoir leur match. Cette plate-forme nous permet de consulter tous les matchs filmés à travers le monde, de la LNH à la KHL, passant par la SHL et les ligues de hockey du Japon en guise d’exemple. Il faut toutefois ajuster quelque peu notre algorithme selon les différentes ligues, car le style de jeu est totalement différent »
En effet, le modèle est adapté par nos deux concepteurs selon les ligues dans le monde. Comme nous l’explique Jonathan Deschenes, des passes provenant de l’arrière du filet qui passent par la «route royale» (le centre de l’enclave), on en retrouve beaucoup plus dans le style de jeu européen que nord-américain. Ce faisant, les tirs du High Danger sont plus fréquents ainsi.
L’entreprise a même pu présenter le modèle aux dirigeants de la SM-liiga en Finlande, via conférence Skype. Grâce à Thorsten Apel, qui leur fournit la plate-forme de clips vidéos nécessaire à l’analyse, «sky is the limit» pour cette entreprise québécoise, qui n’oublie pas sa propre région. En effet, PASS Hockey offre des services d’analyse en statistique auprès du Séminaire St-François ainsi qu’auprès des Commandeurs de Lévis. Ces derniers risquent fort bien de faire appel à l’entreprise dans le but d’analyser leurs hommes masqués dès la prochaine saison.
De plus grands objectifs
La compagnie ne s’arrêtera pas là. D’autres objectifs plus grands sont dans les plans de nos deux entrepreneurs, qui se nourrissent de hockey au quotidien.
«Avec un modèle comme celui qu’on offre chez PASS Hockey, on peut démystifier le rendement d’un gardien selon ce qui se passe avant un lancer. Dans un avenir à moyen terme, on souhaiterait être en mesure de pouvoir projeter, statistiquement parlant, ce que le gardien fera avant même que la situation ne se passe.»
De plus, PASS Hockey souhaite se pencher sur la courbe progression/âge de nos joueurs Midget AAA ici à Québec. Ce type d’analyse s’étendrait aux gardiens ainsi qu’aux joueurs. De nombreux défis attendent nos deux visionnaires, mais le modèle qui semble le plus intéresser présentement est celui qui décortique le rendement des gardiens. Trop souvent, on mentionne que les gardiens se développent «sur le tard» et qu’il est difficile d’évaluer la courbe de progression d’un gardien qui aspire à un poste dans la LNH. PASS Hockey a trouvé une façon d’aborder le sujet et qu’en un an, le modèle soit déjà utilisé par deux équipes professionnelles, c’est déjà un grand avancement pour la compagnie québécoise.
Pour consulter les analyses accomplies à ce jour, consultez la page Facebook de PASS Hockey en cliquant ICI
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