Fenêtre de signature | Quelques espoirs quitteront probablement les Canadiens cet été
L’une des règles les plus nébuleuses autour du repêchage est la fenêtre de signature d’un espoir après sa sélection. Lorsque présente (détail ci-dessous), cette dernière varie selon la provenance du prospect et peut passer de deux à cinq ans. Dans le contexte pandémique actuel, on entend encore plus parler de cette fenêtre et de la possibilité de la changer. Le fait que plusieurs ligues importantes cette année n’auront pas de calendrier complet amène les intervenants à se questionner sur l’iniquité de ladite fenêtre entre les ligues. Un changement dans les règles l’entourant pourrait avoir de gros impacts sur l’aspect administratif du repêchage et je voulais faire un texte vous expliquant les bases du règlement.
Avec l’incertitude entourant le repêchage et la possibilité de le repousser, la LNH a un beau problème entre les mains. Sans avoir réellement de réponse aux divers impacts de retarder la séance, on peut se concentrer sur les bases de la question. Le tout nous donnera donc un aperçu concernant les désavantages que subissent certains espoirs et vous donnera une meilleure idée de la question par la suite.
Les informations ont été recueillies ici.
CHL
Commençons par les prospects qui appartiennent à des formations de la Ligue canadienne de hockey (OHL, WHL et LHJMQ). Ces jeunes sont quelque peu désavantagés par rapport aux autres, car ils n’ont que deux ans (la signature doit se faire avant le 1er juin de la 2e année) pour signer leur contrat d’entrée avec la formation qui les a sélectionnés. S’ils ne réussissent pas à convaincre l’organisation comme Samuel Houde, Allan McShane ou Cole Fonstad l’an dernier avec les Canadiens, ils redeviennent éligibles au repêchage. Si aucune équipe ne les acquiert dans la séance, leur statut se change à agent libre sans compensation.
Programme américain
Le règlement est un peu plus compliqué pour les joueurs évoluant aux États-Unis. La fenêtre s’échelonne sur la durée d’éligibilité du jeune à la NCAA. La plupart du temps, c’est de 3 à 5 années qui sont allouées aux équipes. En effet, si un espoir est sélectionné d’un « highschool », qu’il joue ensuite dans un circuit junior comme l’USHL dans l’année après son repêchage et qu’il débute la NCAA par la suite, la formation aura ainsi un total de 5 années pour le signer (une carrière NCAA est de 4 ans). Si le même espoir est plutôt repêché alors qu’il jouait dans la USHL et qu’il débute sa carrière NCAA dans l’année suivant son repêchage, la formation aura 4 ans pour le signer. Si, comme Owen Power et Kent Johnson cette année, le joueur est repêché directement dans la NCAA, l’organisation conservera ses droits que 3 ans.
Je vous rappelle également que la date limite pour signer un espoir dans ces trois scénarios est le 15 août. C’est pourquoi nous avons souvent plusieurs signatures d’agents libres provenant de la NCAA le 16 août chaque année. En effet, l’espoir peut également décider de ne pas signer avec sa formation s’il le désire pour tester le marché.
Europe et Russie
Ici, tout dépend du pays/ligue d’origine. Pour un prospect qui provient d’un pays possédant une entente de transfère avec la LNH (par exemple : Suède, Finlande et République tchèque), la fenêtre s’étend jusqu’à quatre ans et la signature doit se faire avant le 1er juin de la quatrième année (après quoi l’espoir devient agent libre).
Concernant la Russie et autres pays qui n’ont pas d’entente avec la LNH, il n’y a pas de fenêtre. La formation détient les droits indéfiniment et chaque cas est réglé séparément. La seule contrainte est d’honorer les contrats actifs. Ainsi, un espoir qui possède un contrat avec une organisation en Russie ne peut signer en Amérique. Il doit attendre la fin de ce dernier ou négocier avec l’état-major pour être libéré.
Canadiens de Montréal
Pour le CH qui cumule de nombreux choix au repêchage depuis quelques années, cette fenêtre demeure un aspect très important de la gestion des effectifs. Si aucun changement n’est fait la concernant cet été, nous verrons probablement des prospects quitter l’organisation.
Les candidats potentiels sont : Raphaël Harvey-Pinard (signé avec le Rocket, mais pas avec les Habs), Joni Ikonen et Jacob LeGuerrier. Le Saguenéen n’a pas à s’inquiéter selon moi, il sera signé avant d’atteindre l’échéance du 1er juin 2021. Son début de saison est excellent et je suis certain que ses entraîneurs l’adorent déjà.
Pour Jacob LeGuerrier, tout dépendra de sa saison. Ce jeune doit poursuivre sa progression lorsque l’OHL débutera plus tard cette année. La pandémie lui coutera probablement une entente avec les Canadiens, car il ne pourra vraiment prouver qu’il mérite sa chance.
Enfin, Joni Ikonen était vu comme un attaquant très talentueux lors de sa sélection en 2017. Toutefois, les blessures auront grandement affecté sa progression depuis ce moment et je ne m’attends pas à le voir signer avec les Habs. C’est vraiment dommage de faire ce constat, mais avec une production de 3 points en 15 matchs depuis son retour au jeu, c’est difficile de trouver des arguments pour le signer.
Conclusion
Si aucun changement n’est fait pour cette année et que la séance se tient cet été, je crois que plusieurs équipes bouderont la CHL au cours du prochain repêchage. Les équipes se tourneront fort probablement vers les États-Unis et l’Europe pour avoir plus de marge de manœuvre dans l’évaluation de leurs espoirs. Si le repêchage est repoussé, je crois que ça diminuerait l’impact négatif sur les espoirs canadiens, mais on est loin d’avoir une réponse à ce sujet.
Il ne reste qu’à attendre.
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