Kent Johnson et la guigne de la 2e année
Ce n’est jamais si simple d’être un jeune joueur prometteur dans la LNH. Évidemment, excluons les joueurs générationnels tels que Sidney Crosby, Connor McDavid ou plus récemment Connor Bedard. Mais d’être sélectionné tôt dans un repêchage de la LNH vient inévitablement avec son lot de pression, et ce, peu importe le marché dans lequel les joueurs peuvent aboutir.
On le voit concrètement cette année avec le jeune Matty Beniers du Kraken de Seattle qui vient tout juste de remporter le trophée Calder (remis à la recrue par excellence de la LNH) la saison dernière et qui, pour l’instant, semble avoir de la difficulté à répéter sa production offensive de l’année passée alors qu’il ne compte que 10 points en 22 rencontres, en plus d’un troublant différentiel de -15. Assurément que les relatifs déboires du Kraken cette saison ne sont pas étrangers à cette baisse de régime pour Beniers, mais il ne faut pas négliger la réalité de ce que représente une 2e saison dans la carrière de jeunes prospects, alors que les attentes deviennent toujours plus élevées et que les prouesses inattendues et/ou surprenantes qui ont marquées des débuts fulgurants peuvent se transformer en prédictibilité et en une évolution de différentes responsabilités pour lesquelles peu de joueurs sont prêts à faire face si tôt dans leur carrière.
Dans le cas de Kent Johnson avec les Blue Jackets de Columbus, il n’a pas eu une saison 2022-2023 aussi productive que Matty Beniers, mais il a quand même amassé 40 points en 79 rencontres, le plaçant au 5e rang des recrues. Cette année, dans une saison des Blue Jackets qui a commencé dans la controverse et qui ne s’est pas vraiment replacée depuis, comme en témoigne leurs 6 victoires en 21 matchs, Kent Johnson avait tout de même une intéressante opportunité de faire sa place dans l’échiquier de l’équipe de Pascal Vincent, alors qu’il y avait des positions à remplir, que ce soit aux côté de Patrik Laine et Johnny Gaudreau ou sur le trio d’Adam Fantilli. Mais en 8 parties avec les Blues Jackets, Johnson n’a pas été en mesure d’avoir l’impact qu’il a eu la saison dernière et aucune des ouvertures disponibles dans l’alignement des Blue Jackets ne semblait lui convenir alors qu’il n’a pu faire mieux qu’un but et deux passes.
Ainsi, malgré la déroute des Blue Jackets et du fait qu’il n’aurait peut-être pas été le pire élément à Columbus pour la suite des choses, Kent Johnson a été cédé aux Monsters de Cleveland dans la AHL le 3 novembre dernier. Depuis, en 9 rencontres dans la AHL, Johnson compte 4 buts et 10 mentions d’aide, en plus d’avoir été présent pour les 6 victoires des Monsters durant cette période, les plaçant au tout premier rang de la division Nord de la AHL pour le moment.
Avec ce genre de productivité, serait-il avisé pour les Blue Jackets de rapatrier Kent Johnson à Columbus prochainement? Peut-être… mais ce n’est possiblement pas ce dont les Blue Jackets ont besoin présentement.
Un peu à l’instar des Canadiens de Montréal avec Joshua Roy (qui compte actuellement 18 points en 17 rencontres dans la AHL), il vaudrait peut-être mieux d’essayer de construire une culture d’équipe plus riche et plus stable au niveau de la LNH à Columbus avant d’y joindre ce genre de talentueux attaquant qui pourrait apporter plus de productivité à un plus haut niveau… éventuellement. Pour l’instant, autant les Blue Jackets que les Canadiens sont en voie de bâtir un environnement gagnant et positif à travers lequel ils pourront voir progresser leurs jeunes joueurs. Pour un joueur comme Kent Johnson, un 5e choix au total du repêchage de 2021, qui semble vivre lourdement avec la pression d’être un joueur d’avenir à Columbus, la meilleure chose serait de continuer de grandir en confiance dans un contexte gagnant et à l’abri de l’immense pression qu’un joueur tel qu’Adam Fantilli est peut-être plus en mesure d’assumer aujourd’hui que Johnson, alors que peut-être, la saison prochaine, comme Johnson avant lui, Fantilli se verra prit avec cette même guigne de la 2e année, alors que Kent Johnson pourra, à ce moment-là, venir en renfort, fort d’une saison remplie de succès dans la AHL où il aura pu se retrouver pour mieux s’épanouir pour la suite.
Tant de questions auxquelles nous n’avons pas de réponses spécifiques, mais que nous continuerons de suivre, malgré tout, au cours de cette longue saison dans la LNH.
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