Le temps d’utilisation des gardiens pourrait poser problème
Depuis quelques saisons, la gestion du temps de jeu des gardiens est devenu un aspect essentiel afin de gagner en séries. Cette gestion a quelque peu perdu de sa valeur lors des deux dernières années, à cause des saisons écourtées. Cependant, cette année, avec une saison complète de 82 matchs, cet enjeu redevient très important. Il va sans dire que les équipes souhaitent utiliser leur meilleur gardien le plus souvent possible. Malgré tout, lors des dernières saisons, nous avons pu remarquer quelques formations dont le gardien semblait fatigué lors des séries. Il est donc impératif d’allouer du repos à son gardien partant, afin de pouvoir l’envoyer le plus reposé possible au cours des séries. Mais, est-ce toujours possible? Comment gérer la situation en fonction de la position au classement? Ou si le deuxième gardien ne fait pas le travail? Jetons-y un oeil ensemble.
Premièrement, il faut savoir qu’une équipe joue environ 5,000 minutes en saison régulière. Depuis 2016-17, aucun gardien n’a atteint le cap des 4,000 minutes jouées (80%) en saison régulière. Le dernier à l’avoir fait est Cam Talbot, pour les Oilers, lors de cette même saison, avec 4,294 minutes. En séries, les Oilers s’étaient inclinés au 2e tour et Talbot avait terminé la saison avec 86 pj et 5,093 minutes. Incroyable! Le gardien n’a pas été mauvais lors des éliminatoires, mais on peut se demander s’il était suffisamment reposé. Même chose lors de la saison 2014-15: le Canadien termine 1er de sa division et 2e dans la LNH. Carey Price est utilisé pendant 3,977 minutes. Au second tour, le Lightning élimine le CH en 6 parties. Price termine l’année avec 78 pj et 4729 minutes. Avec un pourcentage d’efficacité de 896 ‰ face à Tampa, plusieurs se sont demandés si le gardien n’avait pas été trop utilisé. C’est fort possible…
Cette saison
Après 2 saisons écourtées, où aucun gardien n’a dépassé le cap des 3,500 minutes, la LNH revient à la normale cette année. Dans un calendrier de 82 rencontres, il ne faudrait pas se surprendre de voir certains gardiens s’essouffler prochainement. Certains pourraient croire que le repos des 2 dernières années pourrait s’avérer utile. D’autres affirment que le manque d’intensité va nuire aux gardiens cette saison. Seul le temps nous le dira.
Quoi qu’il en soit, nous pourrions avoir le droit à plusieurs gardiens bien occupés cette année. Pour la première fois depuis 2014-15, deux gardiens pourraient franchir la barre des 4,000 minutes et six la barre des 3,800. Pourquoi cela est-il si important? Depuis 2017, la moyenne de tirs par match est passée de 30,5 à 32,5. Par conséquent, la charge de travail d’un gardien moderne (5 dernières saisons) se voit considérablement amplifiée. En comparaison, un gardien atteignant 4,000 minutes aujourd’hui, équivaut à une charge d’environ 4,265 minutes, il y a 8 ans. Selon le classement actuel et les éliminatoires à venir, quels sont les gardiens à surveiller d’ici la fin avril?
Connor Hellebuyck, Jets, estimation: 4,077 min
Si vous ouvrez un dictionnaire et que vous cherchez le mot surtaxé, vous y trouverez probablement la photo d’Hellebuyck. En effet, lors des 5 dernières saisons, aucun gardien n’a été plus occupé que lui. Il est premier à ce chapitre, avec plus de 1,100 minutes d’avance sur Andrei Vasilevskiy. Grand habitué des saisons épuisantes, Hellebuyck n’est pourtant pas infaillible. Même avec des statistiques décevantes cette saison – moyenne de 2,94 et efficacité de 911 ‰ – le gardien demeure 9e pour les buts arrêtés au-delà de la normale (+14,2). Winnipeg se retrouve 29e pour le nombre de buts contres attendus (expected goals against) par match avec 3,32. Derrière une défensive aussi incompétente, Hellebuyck n’en n’a pas l’air, mais il réalise des prouesses.
En pleine course aux séries dans l’Ouest, les Jets ne pourront se permettre donner beaucoup de repos à leur gardien numéro 1. Si Winnipeg rate les séries, Hellebuyck pourra se reposer dès la fin avril. Si jamais ils réussissent à se classer, le gardien devra faire encore plus de miracles afin de sauver son équipe. Après tout, si je vous dis attaque de l’Avalanche vs défensive des Jets, ça sonne comme un titre de film d’horreur.
Juuse Saros, Prédateurs, estimation: 4,053 minutes
Exclus des séries pour le moment, les Jets n’ont pas le choix d’y aller all-in. Les Preds, eux, pourraient avoir un peu plus de marge de manoeuvre. L’équipe est dans une lutte à finir avec les Blues et les Stars pour la 3e place dans la Centrale et les positions de première et deuxième équipes repêchées. Donc, les Prédateurs ne se battent pas pour une place en séries, mais pour quelle place en séries. Leurs adversaires probables au premier tour sont le Wild, les Flames ou l’Avalanche. Ça vaut probablement la peine de pousser pour éviter le Colorado dès le premier tour.
Le problème de Nashville réside dans la tenue de leur gardien réserviste. Si Eric Comrie performe bien pour les Jets lorsqu’il est appelé, on ne peut en dire de même pour David Rittich à Nashville. En effet, il existe un univers entre les performances des deux gardiens des Prédateurs. Pendant que Saros arrête 0,346 buts de plus que prévu par 60 minutes (moyenne de 2,58 – devrait être 2,92), Rittich en arrête 0,502 de moins (moy: 3,24 – devrait être 2,74). Les Prédateurs ont donc vraiment besoin de Juuse Saros devant le filet pour les garder en bonne position.
Andrei Vasilevskiy, Lightning, estimation: 3,875 minutes
Le Vézina appartient à Shesterkyn cette année, mais demeure que Vasilevskiy est probablement le meilleur gardien au monde en ce moment. Gagnant du trophée en 2019, Vasi pourrait obtenir une 5e nomination consécutive pour le Vézina cette année. En séries, le Russe est encore meilleur. Depuis 2020, en 48 départ, il y présente une fiche de 34-14 avec 6 jeux blancs, une moyenne de 1,90 et une efficacité de 932 ‰. Par contre, lors des 5 dernières saisons, Vasilevskiy s’est retrouvé 4 fois parmi le top-4 des gardiens les plus utilisés. Brian Elliot fait du bon boulot cette saison, mais ne dégage pas la même confiance devant son filet que Vasilevskiy. Le Lightning ne peut se permettre de perdre ses services dans une Association de l’Est aussi relevée.
Le Lightning est dans une situation similaire aux Prédateurs: ils sont assurés de faire les séries, mais de solides adversaires les attendent. Cependant, les Bolts ont toujours la possibilité de finir 2e dans l’Atlantique et d’obtenir l’indéniable avantage de la patinoire lors de la première ronde. Avec la présence des Kucherov, Stamkos, Hedman, Point et compagnie, l’impact de Vasilevskiy semble souvent sous-estimé. À mon avis, il est LE joueur que Tampa Bay ne peut se permettre de perdre lors des séries. Avec une une fiche de 4-6-0 à leurs dix dernières parties, Jon Cooper aura cependant de la difficulté à reposer son gardien prochainement. Par contre, avec une moyenne de 2,55 et une efficacité de 922 ‰ au cours de cette période, je ne peux pas dire que Vasilevskiy semble ralentir.
Jacob Markström, Flames, estimation: 3,817 minutes
Enfin une situation différente! Les Flames sont dans un no-man’s-land. En effet, Calgary a une belle avance en tête de la Pacifique, mais semble trop loin derrière pour rejoindre Colorado, premier dans l’Ouest. Les Flames sont destinés à accueillir la première équipe repêchée lors da la première ronde des éliminatoires. Markström en est un autre qui n’est pas habitué de côtoyer le bout du banc bien souvent. Le Suédois présente des statistiques incroyables cette année; il domine entre autre la ligue avec 9 jeux blancs. Il faut par contre reconnaître le travail de Darryl Sutter à Calgary. Depuis son arrivée derrière le banc, les Flames sont une équipe transformée défensivement. La preuve, les Flames dominent la LNH avec seulement 2,51 buts contres attendus par match. Markström voit son travail grandement facilité en jouant derrière la meilleure défensive de la ligue.
Avec une telle défensive, Sutter pourrait s’assurer de bien reposer son gardien pour les séries. En plus d’éviter une blessure évidemment. Plusieurs semblent oublier que les Flames présentent un taux de victoire de 0,800 depuis le 1er février. Ils sont dominants et parmi les 5 favoris pour remporter la Coupe Stanley. Le seul hic est la tenue moyenne de Dan Vladar en relève. L’avantage, par contre, est que les Flames sont 2e pour les tirs accordés lorsque Markström est dans les buts (28,8). Ce dernier n’est donc pas tellement occupé et peut voir plus de minutes sans se fatiguer autant que les autres gardiens.
Et le reste
Tatcher Demko (3,816 min) est présentement le 3e gardien le plus occupé de la LNH. Les Canucks sont 11e dans l’Ouest et il serait surprenant de les voir participer aux séries. Néanmoins, tant que les Canucks seront dans la course, attendez-vous à voir régulièrement Demko devant le filet.
Tristan Jarry (3,751 min) connait une saison phénoménale avec 2,31 de moyenne et 922 ‰ d’efficacité. Il mène la ligue au chapitre des victoires avec 33 et est 4e avec 4 blanchissages. Malgré que les Penguins soient 7e pour le moins de buts contres attendus, Jarry est au même rang pour le nombre de buts sauvés au-delà des attentes, avec 15,7. Au pris avec les Rangers dans une bataille pour la 2e place dans la Métropolitaine, il sera intéressant de suivre l’utilisation de Jarry. L’entraineur-chef, Mike Sullivan, connaissant déjà son adversaire pour le premier tour, pourrait à la fois pousser pour l’avantage de la glace ou conserver les énergies de son gardien pour la vraie saison. Attendez-vous à voir la première option.
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