Les gardiens de but: un coup de dés
La position de gardiens de but comporte son lot de questionnement. Doit-on bâtir autour d’un gardien ? Peut-on développer un gardien pour en faire un #1 ? Y’a-t-il des gardiens au gabarit moins avantageux qui ferait plus le travail ?
Dans l’observation des espoirs, s’il y a bien une chose qui est incertaine, c’est la finalité du développement d’un joueur. Par contre, lorsqu’on parle d’un attaquant ou d’un défenseur, on peut projeter un peu plus précisément s’il contribuera au succès de l’équipe. D’un autre côté, il y a beaucoup de facteurs qui empêchent un joueur d’atteindre le plafond de potentiel qu’on lui entrevoit. N’empêche qu’un joueur de qualité élite devient assez souvent un excellent joueur dans la NHL.
Chez les gardiens de but, c’est vraiment différent. Des gardiens élites à l’âge de 18 ans au repêchage, il y en a peu. Dans les récentes années, on pense à Yaroslav Askarov, Jesper Wallstedt, Spencer Knight et Sebastian Cossa. Knight étant le plus vieux, il fut une sélection au 13e échelon de l’encan 2019. Quatre saisons plus tard, malgré une arrivée chez les professionnels assez acceptable, il n’est toujours pas un gardien #1. J’ai souvent tendance à me dire qu’un gardien atteint un potentiel un peu plus certain à l’âge de 25 ans. Encore là, on ne peut généraliser avec cette affirmation.
Un vrai coup de dés
Aussi bons peuvent être les gardiens à leur année de repêchage, c’est irréaliste de construire autour de cette position, car elle présente beaucoup trop d’incertitude. On pense aux Canadiens de Montréal présentement qui aimerait un gardien d’avenir. En repêchant des gardiens de façon régulière, on tombera possiblement sur un cerbère de talent qui pourrait se développer. Encore là, il n’y a aucune certitude, moins encore qu’un attaquant ou un défenseur.
Je l’ai souvent dit concernant le Canadien, mais on doit continuer de bâtir l’avant et la défense avant de s’attaquer à la position de gardiens de but. En revanche, ça ne veut pas dire de ne rien faire d’ici là. On peut clairement continuer d’en repêcher des gardiens, mais surtout d’en développer.
Lorsque hier, les rumeurs mentionnant que Carter Hart était disponible ont explosé sur le Web, c’était évident que son nom serait relié aux Canadiens. En quoi il y a une urgence de payer pour les services d’un gardien ? Le club n’est nullement prêt pour rivaliser avec les clubs de l’Atlantique pour ainsi penser aux séries. Et on dépenserait pour les services d’un gardien qui ne fait que décevoir depuis sa saison recrue ?
Il ne faut pas oublier que la position de gardien de but est majoritairement un coup de dés.
Pas de recette
Il n’y en a pas de recette miracle pour le développement. C’est encore plus vrai pour les gardiens de but. La finale de la Coupe Stanley est un bon exemple. Les Golden Knights de Vegas ont comblé cette position avec deux excellents gardiens en Marc-André Fleury et en Robin Lehner. Ça n’aura pas fonctionné. On développe un jeune gardien en Logan Thompson. Ce dernier a super bien fait, mais malheureusement, il s’est blessé en fin de saison. Ainsi, on se retrouve avec Laurent Brossoit et Adin Hill comme tandem pour la Finale. Et deviner quoi: c’est Adin Hill qui pourrait procurer une première coupe à Vegas.
De l’autre côté, on a les Panthers qui ont accédé aux séries grâce au brio du 3e gardien Alex Lyon. On décide finalement d’octroyer confiance en Sergei Bobrovsky pour le début des séries. Le gardien de 10M$ n’a nullement justifié son salaire depuis qu’il l’a signé. Et soudainement, il joue du très gros hockey…jusqu’en finale. Présentement, on se pose la question si on n’envoie pas Alex Lyon, le 3e gardien. Pendant ce temps, Spencer Knight prend soin de lui dans le programme d’aide de la ligue. Un obstacle qui peut arriver à n’importe quel joueur, peu importe son statut.
Dans les dernières années, Andrei Vasilevskyi et Carey Price ont démontré qu’un gardien élite peut mener les équipes vers la Terre promise. Dans le cas de Price, il l’a fait sans un club élite devant lui. Une exception à la règle, je dirais. Car même à Tampa Bay, Vasilevskiy fut la dernière pièce du puzzle pour mener à cette dynastie.
Il n’y en a pas de recette miracle pour la position de gardien. Lorsque je lis qu’on doit repêcher un gardien numéro 1, les yeux me roulent. C’est impossible de prédire qu’un gardien deviendra numéro 1. Et à voir comment la position de gardien peut reposer sur un coup de dés, on peut se retrouver avec un gardien de classe C aux commandes du club qui soulèvera la Coupe Stanley.
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