L’éternel problème de la mauvaise chaise à Montréal
Hier, Phillip Danault y allait de déclarations jugées »incendiaires ». C’était perçu ainsi seulement parce qu’il joue pour le Canadien de Montréal alors qu’il est natif d’ici. Sinon, cela n’aurait pas fait tout un plat. En fait, le Québécois s’est avancé en toute honnêteté sur son avenir avec le CH et ça a mis littéralement le feu aux poudres. Danault mentionnait dans son entrevue avec Arpon Basu qu’il éprouvait une déception d’avoir vu son rôle changer en séries et »qu’avec son rendement depuis qu’il est à Montréal, son rôle ne devrait pas changer ». Vu presque comme un héro national (j’exagère), le supposé candidat au Frank-Selke selon les fans (j’exagère un peu moins) est tombé dans le collimateur rapidement.
Danault: « J’ai vu mon rôle changer en playoffs mais avec ce que j’ai prouvé, mon rôle ne devrait pas changer à Montréal. »
— Marc Antoine Godin (@MAGodin) August 25, 2020
Les réactions furent nombreuses et je faisais partie de ceux qui étaient déçus. Fâchés ? Non, absolument pas. On ne peut reprocher l’honnêteté du Québécois, mais dans le contexte où il joue à Montréal, c’était peut-être un peu maladroit. J’étais surtout déçu de voir que Danault se pense peut-être plus gros. Depuis quelques années, il évolue au poste de premier centre et il fait du bon boulot. Par contre, il n’a jamais inscrit plus de 13 buts et de le qualifier comme étant un centre offensif serait une insulte pour tous les centres offensifs. D’ailleurs, mon collègue rédigeait un très bon texte sur le fait que Danault était enfin dans la bonne chaise avec son rôle en série.
Danault excelle dans son jeu en général, mais est-il en droit de critiquer son utilisation en séries ? Pas à mon avis. Suzuki et Kotkaniemi ont offert de bien meilleures performances, car n’oublions pas une chose, Danault ne fut pas très bon contre les Penguins. Ses tricheries donnant de nombreux désavantages numériques à son équipe
n’ont pas disparu de ma tête.
Parler trop vite
A-t-il parlé trop vite ? C’est ce que je crois. Présentement, Danault semble inquiet de son utilisation l’an prochain et c’est légitime d’avoir cette crainte puisqu’il en sera à sa dernière année de contrat. On a vu ce qu’on a fait à Domi dans sa dernière année de contrat… La saison prochaine, je ne serai pas surpris de voir Kotkaniemi commencer la saison sur la 3e unité. »Refais tes preuves le jeune, ta place n’est pas acquise ». C’est ce que j’expliquais dans notre dernier épisode du TSLH Podcast. Donc, Danault comme deuxième centre, c’est une option très plausible pour la prochaine saison. Il est où le problème Phillip ?
Pour ma part, je ne crois pas que Danault saura dénicher un contrat de 6-7M$ et un poste de 1er-2e centre ailleurs dans la ligue. Mais pourquoi pense-t-il l’inverse ? L’éternel problème de chaise à Montréal. Ça ne date pas d’hier et on le voit présentement. Danault n’a jamais vraiment eu l’étoffe d’un premier centre lorsqu’on compare avec toutes les autres formations. Ok, on le compare, dans son style, à Patrice Bergeron, mais ce dernier inscrit 60-65 points en moyenne par saison. ÇA, c’est un premier centre. À Montréal, Danault était le centre numéro un par défaut et je ne l’insulte pas en disant cela. C’est tout simplement une réalité à Montréal que de mettre des joueurs dans la mauvaise chaise, un peu comme Domi comme 4e centre (ça c’est un autre débat).
On n’a pas compris avec Tomas Plekanec ? J’ai tout mon respect pour ce vétéran du CH, mais on sait tous que ce n’est pas un joueur de centre #1 et pourtant, à Montréal il l’était. D’autres exemples ? Ben Chiarot comme 2e défenseur alors qu’il serait 3-4 ailleurs ? Lars Eller à l’époque ? Les exemples pleuvent de joueurs qui ne se sont pas fait mettre dans la bonne chaise et qu’à long terme, il y a eu un impact. La plupart du temps, ces décisions sont fondées sur une seule chose: le coach n’avait pas d’autres choix. Avant l’arrivée de Suzuki, qui pouvait-on mettre comme premier centre autre que Danaunlt ? Personne. Les pendules sont maintenant remis à l’heure, à Danault de le comprendre.
L’année prochaine, Danault retrouvera Gallagher et Tatar, j’en suis convaincu. Toutefois, cela risque de se faire sur un 2e trio. Si un club souhaite signer Danault au gros prix et l’utiliser comme premier centre, cette équipe risque d’en être une de fond de classement qui est très mal prise. Donc, être un 2e-3e centre à Montréal ou être 1er-2e dans une équipe aspirant au premier choix de la loterie ? Si cela satisfait le Québécois, »too bad »…
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