L\’organisation du CH doit-elle modifier son approche du repêchage pour faire place aux joueurs francophones ?
Jean-Philippe Arcand, journaliste pour le compte de La Presse +, s\’est récemment entretenu avec Jean-Pierre Dupuis, universitaire et amateur de hockey qui publiera demain un livre traitant du CH. Avec \ »Où sont les joueurs francophones du Tricolore ?\ », notre homme devise sur l\’identité de l\’organisation montréalaise, qui cultive ardemment sa francophonie auprès de ses partisans, et sa mise en parallèle avec la politique sportive appliquée par les dirigeants locaux sur les dernières décennies.
Selon ce qu\’avance Dupuis dans son entrevue avec Arcand, le Canadien est loin d\’accorder une place de choix aux hockeyeurs issus du vivier québécois, ou franco-ontarien, de telle sorte qu\’aujourd\’hui, le total de joueurs francophones au sein de l\’équipe montréalaise n\’est guère supérieur à celui des autres formations du circuit Bettman. Plus que tout, Dupuis blâme l\’approche du repêchage comme l\’un des principaux facteurs de ce manque. D\’après lui, la philosophie appliquée dans ce domaine par l\’ancien DG Serge Savard s\’est perdue au fil du temps, notamment concernant les sélections faites par le CH aux premières rondes des différents encans amateurs :
\ »Savard a construit ses équipes en repêchant surtout des francophones aux deuxième et troisième tours\ », explique-t-il à La Presse \ »Durant son règne, il a utilisé un choix sur deux dans ces tours pour choisir des francophones. Marc Bergevin en a bien sélectionné dans les tours suivants – quatrième, cinquième et sixième –, mais à ces tours, les chances de choisir un joueur qui parviendra à s’établir dans la LNH tombent.\ »
En août dernier, nous vous rapportions justement que la place des joueurs venus de la Belle Province dans la LNH était actuellement émaillée de nombreux questionnements. Avec un contingent québécois en apparence plus faible que par le passé, le Canadien est-il condamné à se tourner vers des éléments anglophones ou étrangers pour des raisons de compétitivité ? La relève semble pourtant présente à travers la Ligue nationale, avec des joueurs tels que Jonathan Drouin, Pierre-Luc Dubois ou Jonathan Huberdeau qui seront amenés, dans les futures années, à devenir des références pour les espoirs venus du Québec. Maxime Comtois, potentiel choix du Top 5 au Repêchage 2017 sera également attendu comme un autre gros poisson sorti des rangs de la LHJMQ et dont l\’éventuel succès chez les professionnels pourrait offrir une saine promotion au système junior québécois.
Si ce regain de forme s\’avère réellement tangible, le CH saura-t-il en profiter ? Le cas de Samuel Girard, sélectionné au 47ème rang par Nashville lors du dernier encan amateur vient alors à l\’esprit. Durant l\’été, nous vous avions présenté ce petit défenseur offensif et rapide, évoluant pour l\’heure au sein des Cataractes de Shawinigan. Talent excitant bien que désavantagé par son physique modeste, celui-ci présente toutes les caractéristiques décrites par Dupuis comme d\’un espoir de deuxième ronde accessible au Canadien. Cependant, malgré l\’intérêt prononcé de Trevor Timmins et de l\’équipe de recrutement montréalaise, les conditions de l\’échange d\’Andrew Shaw, rétrocédant les deux choix de second tour du CH aux Blackhawks, ont rendu impossible la sélection de Girard. Est-ce là le genre de scénario venant accréditer la thèse de Dupuis ?
Qu\’elle soit influencée par des raisons conjoncturelles ou bien par des nécessités sportives, la place laissée par le Tricolore aux joueurs francophones est en tout cas matière à de nombreux débats. Entre la volonté d\’y accorder une réelle importance et le besoin d\’étoffer rapidement l\’effectif montréalais au sein d\’une LNH toujours plus concurrentielle, la politique sportive du Canadien n\’est-elle pas prisonnière d\’un insoluble tiraillement ?
Et selon vous, est-ce que cibler davantage de joueurs québécois aux deuxième et troisième tours des repêchages successifs représenterait un pas en avant dans la préservation d\’une vraie culture francophone du côté du Centre Bell ?
N. B.
Plus de détails sur l\’ouvrage de Jean-Pierre Dupuis, \ »Où sont les joueurs francophones du Tricolore ?\ », aux éditions La Presse, sont disponibles ici.
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