Manque de Québécois au repêchage chez le CH: une frustration mal placée et aveugle lorsqu’on observe les faits
Un nouveau repêchage et la même chanson revient: le CH repêche mal et ne choisit pas de Québécois. Rapidement, on juge les espoirs sélectionnés alors que la majorité ne les ont jamais vu jouer. Combien de partisans s’installent devant la Ivan Hlinka Memorial Cup à la fin de l’été ? Combien de ceux-ci regardent également le Défi mondial U17 en début décembre ? Ces deux tournois sont habituellement les plus fréquentés par les dépisteurs puisque le Championnat mondial de hockey junior présenté aux Fêtes ne présente habituellement qu’une parcelle de joueurs éligibles au repêchage, puisque les espoirs sont déjà repêchés en majorité.
Et dans ces deux tournois, une variable s’impose: très peu de Québécois y participent. On pourrait jouer la carte de la discrimination, mais ce n’est pas le cas. Le Québec ne produit plus autant d’espoirs de premier plan qu’auparavant, c’est assez évident. Combien de Québécois repêchés depuis les dix dernières années en 1ere-2e ronde évoluent présentement sur un premier trio ? Oui, plusieurs Québécois s’illustrent au sein du circuit Bettman, mais les faits sont totalement différents lorsqu’on observe la génération 2000.
Moins de Québécois de qualité
Au cours de la saison 2017-2018, on compte 60 Québécois évoluant dans la LNH selon les chiffres de QuantHockey. C’est un de plus que les joueurs natifs de l’Alberta et 140 de moins que l’Ontario, qui mène le décompte si l’on observe la provenance des joueurs de la LNH au Canada. Depuis que ces statistiques sont comptabilisées, le Québec présente un total de 819 joueurs ayant évolué en LNH, comparativement à 2291 pour l’Ontario. Voici un tableau comparatif pour mieux illustrer la démographie:
Saison 2017-2018
Province | Nbr de joueurs | % selon la Province |
---|---|---|
Ontario | 200 | 44,3% |
Québec | 60 | 13,6% |
Alberta | 59 | 13,3% |
Dans l’histoire
Province | Nbr de joueurs | % selon la Province |
---|---|---|
Ontario | 2291 | 44,3% |
Québec | 819 | 15,8% |
Alberta | 589 | 11,4% |
Lorsqu’on observe ces faits, on constate que le Québec affiche une baisse de près de 2% comparativement au comparatif en carrière versus la saison 2017-2018. Cette baisse, dans son contexte, est énorme et cela ne date pas d’hier qu’on observe une baisse de Québécois dans la LNH. Et pourtant, on souhaite tout de même que le CH repêche des Québécois dans l’organisation, comme à l’époque où les cuvées québécoises étaient des plus dominantes.
Chez le CH maintenant
Crier à l’injustice sur le fait que le CH ne repêche pas de Québécois, c’est encourager la discrimination et alimenter une frustration aveugle et mal placée. Une sélection au repêchage ne se fait pas en fonction de la couleur de peau, de la ville natale ou de l’origine raciale d’une personne. On se doit de choisir les meilleurs disponibles, qui répondent aux besoins de la formation et qui, on l’espère, offrira un développement optimal pour l’organisation. Or, on observe que même si le CH repêche des Québécois, ceux-ci ne sont jamais en mesure de percer dans l’organisation. Voici les sélections québécoises de Trevor Timmins depuis 2002:
Joueur | Repêché en | Nbr de matchs joués |
---|---|---|
Jonathan Ferland | 2002 | 7 |
Michael Lambert | 2002 | 0 |
Maxim Lapierre | 2003 | 614 |
Jimmy Bonneau | 2003 | 0 |
Loic Lacasse | 2004 | 0 |
Alexandre Dulac-Lemelin | 2004 | 0 |
Mathieu Aubin | 2005 | 0 |
Philippe Paquet | 2005 | 0 |
Guillaume Latendresse | 2005 | 341 |
Mathieu Carle | 2006 | 3 |
Olivier Fortier | 2007 | 0 |
Louis Leblanc | 2009 | 50 |
Gabriel Dumont | 2009 | 87 |
Olivier Archambault | 2011 | 0 |
Charles Hudon | 2012 | 78 |
Jeremy Gregoire | 2013 | 0 |
Zach Fucale | 2013 | 0 |
Daniel Audette | 2014 | 0 |
Simon Bourque | 2015 | 0 |
Samuel Houde | 2018 | 0 |
TOTAL | 20 Québécois | 1 180 matchs |
Tout cela pour dire que cette année, 14 Québécois furent repêchés sur un total de 217 joueurs. Le CH est-il vraiment si pire que cela ? Ceci dit, lorsqu’on observe la démographie de l’alignement du CH au cours des dernières années, on constate que les Québécois ont toujours leur place. Voici un exemple basé sur les dix dernières années, là où la récolte de Québécois au repêchage par le CH est moins important:
Saison | Nombre de Québécois | % dans l’équipe |
---|---|---|
2017-2018 | 5 | 23,8% |
2016-2017 | 5 | 25% |
2015-2016 | 5 | 20% |
2014-2015 | 5 | 26,5% |
2013-2014 | 5 | 23,8% |
2012-2013 | 2 | 14,3% |
2011-2012 | 5 | 33,3% |
2010-2011 | 4 | 22,2% |
2009-2010 | 7 | 29,2% |
2008-2009 | 8 | 44,4% |
Au final, le CH recrute tout de même plusieurs Québécois au sein de sa formation. En plus des invitations au camp, des contrats signés sans repêchage et de l’encan amateur, le Canadien trouve le moyen d’avoir en moyenne cinq joueurs en provenance du Québec. C’est énorme et aucun club de la LNH peut se vanter d’avoir autant de joueurs locaux dans son alignement. Le pourcentage de joueurs Québécois au sein du Canadien en considérant le faible bassin est impressionnant comparativement à Toronto, qui affiche en moyenne une dizaine de joueurs ontariens avec un bassin beaucoup plus important comme on l’a observé plus tôt.
10 joueurs ontariens chez les Leafs en moyenne | bassin de 200 joueurs ontariens par année dans la LNH = 0,05
5 joueurs québécois chez le CH en moyenne | bassin de 60 joueurs québécois par année dans la LNH = 0,08
Adresser le vrai problème
Présentement, on se cache les yeux devant le vrai problème. Il est plus facile de cracher sur le CH que d’adresser la vraie problématique du hockey québécois. Comment se fait-il que la Suède, la Finlande, les USA et même la Suisse produisent de plus en plus de bons espoirs alors que le Québec voit sa pente de production chuter à chaque année ? Comment se fait-il que l’Ontario maintient ses standards année après années, que l’Alberta augmente sa production de même que la Colombie-Britannique ? Beaucoup plus facile de dire que Team Canada junior fait de la discrimination en ne prenant pas de Québécois. Beaucoup plus facile de dire que le CH fait de la discrimination envers le Québec.
Malheureusement, les chiffres le prouvent: de moins en moins de Québécois se rendent jusqu’à la LNH et même jusqu’au repêchage. Hockey Québec devra adresser le problème rapidement, car le constat est alarmant. Trop souvent, des Québécois dominants en LHJMQ ne réussissent qu’à obtenir des invitations à des camps ou des simples contrats LAH. On semble guider la progression vers l’âge de 20 ans, alors qu’on devrait se concentrer à amener nos espoirs à leur meilleur pour l’âge de 17 ans. On observe beaucoup trop de joueurs Québécois dominants à 20 ans dans la LHJMQ, alors qu’on devrait les faire progresser en ciblant leurs années de repêchage.
Au final, oui plusieurs Québécois sont passés sous les mailles du CH à travers les années. L’art du repêchage est probablement la plus inexacte et la plus floue de toute. Toutefois, il faut se consoler dans la comparaison. Une formation comme Boston, qui n’a que trois joueurs natifs du Massachusetts, un état beaucoup plus gros que le Québec, ou une formation comme Toronto, qui a un plus petit pourcentage Ontarien/bassin de joueurs ontariens que le CH, on constate que de crucifier l’organisation pour cela est réellement mal placé. Trop souvent, on compare en observant les Québécois qui performent ailleurs qu’avec le CH. On évalue le pourcentage de Québécois qui performent de façon régulière en LNH à environ 5% comparativement au bassin de joueurs québécois. Est-ce suffisant pour critiquer ?
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