Montréal, véritable usine à gardiens de but | Dans l’ère moderne, le Tricolore a maintes fois servi de tremplin pour certains gardiens
Après l’époque où Patrick Roy dominait littéralement la LNH entre les poteaux du Canadien, plusieurs cerbères sont passés et repartis au sein de l’équipe montréalaise. Si plusieurs de ces hommes masqués se sont développés et ont connu une brillante carrière au sein du Canadien, la majorité d’entre eux se sont servis du gilet bleu-blanc-rouge comme tremplin en vue d’une carrière plus florissante ailleurs dans le circuit. Toutefois, certains se sont tout simplement éteints après leur départ de la Métropole. Si l’on considère tous les noms qui ont défendu les cages de Montréal à travers les années, on peut constater que la franchise s’est avérée être une véritable usine à gardiens de but.
Ces gardiens qui se sont éteints
Mathieu Garon (2000-2004)
L’espoir québécois repêché en deuxième ronde en 1996 s’est montré à la hauteur dans la LAH. Affichant de bons dossiers, il est promu au rôle d’auxiliaire à José Théodore pour la saison 2003-2004, après de courts passages sporadiques les années précédentes. Voyant sa valeur augmentée en raison de ses performances étonnantes à titre de second (moyenne de 2,27 et efficacité de 0,921), l’organisation montréalaise décide de l’envoyer à Los Angeles en retour de Cristobal Huet et de Radek Bonk. Certains questionnent cette décision à l’époque, d’autant plus que de se départir d’un Québécois soulevait l’ire des partisans. En 2004-2005, Garon domine chez les Monarchs de Manchester pour ensuite se faire offrir la chance qu’il attendait. En 2005-2006, Garon devient le gardien partant des Kings et l’expérience fut de courte durée. Affichant un dossier de 31-26-3, avec une moyenne de 3,22 et une efficacité de 0,894, Garon ne se montre pas à la hauteur. Pourtant, la saison suivante, l’organisation le place encore en tête de la hiérarchie des gardiens, mais comme il continue de s’enliser au niveau de ses performances, il finit par partager le filet avec Sean Burke et Dan Cloutier. Les saisons suivantes, il n’a été partant qu’à deux reprises: en 2007-2008 chez les Oilers et en 2011-2012 chez le Lightning. Toutefois, sa meilleure saison demeure celle chez le Canadien et Garon n’a jamais su être un gardien de premier plan ailleurs dans la ligue.
Cristobal Huet (2005-2007)
Le gardien français repêché en septième ronde par les Kings s’est amené à Montréal dans la transaction impliquant Mathieu Garon. Après une seule saison de 42 parties chez les Kings, on ne pouvait penser que Cristobal Huet serait un gardien partant un jour. Pourtant, son dossier intriguait et ses performances laissent croire que le potentiel y était. Ce n’est qu’une fois arrivé à Montréal que le Français déloge Théodore de son poste de numéro un pour en endosser le titre. En 2005-2006, il présente une moyenne de buts alloués de 2,20 avec une efficacité de 0,929 en 36 parties. Toutefois, même s’il maintient de bons dossiers les deux saisons suivantes, il ne peut répéter de telles performances. L’arrivée de Carey Price fait l’effet inverse de celle qu’a créée Huet lorsqu’il a mis les pieds à Montréal et l’organisation décide même de l’échanger au Capitals. Il dispute des campagnes respectables par la suite, mais jamais selon les mêmes standards qu’à son arrivée à Montréal. C’est donc le Canadien qui l’a mis sur la map avant qu’il ne s’éteigne à petit feu par la suite, car trois saisons plus tard, Huet retournait en Europe pour ne plus jamais revenir.
Ces gardiens qui sont devenus dominants
Jocelyn Thibault (1995-1999)
Choix de première ronde des Nordiques en 1993, c’est à Montréal qu’il se fait un nom pour lancer officiellement sa carrière comme gardien partant. En 1995, il fait partie de la mégatransaction impliquant Patrick Roy, qui prenait la direction du Colorado. La grogne des partisans devant cette transaction n’offre rien de rassurant pour Thibault, qui n’avait que 57 parties sous la cravate à cette époque. Dès lors, il s’implante comme le gardien partant de la formation et sa meilleure saison, en 1996-1997, lui a permis de garder les buts pour un total de 61 matchs, un sommet jusque-là. Il présente des dossiers honnêtes pendant ses trois saisons et demie passées à Montréal, jusqu’à ce que les Blackhawks fassent l’acquisition du gardien québécois, dans une transaction qui amène Jeff Hackett à Montréal. À Chicago, il devient le gardien partant incontesté, cumulant plus de 60 parties par saison pendant plus de cinq ans de suite. Ses meilleures années furent à Chicago et l’organisation peut remercier le Tricolore de l’avoir développé pour eux.
Jaroslav Halak (2007-2010)
Malgré les déboires vécus cette saison, on ne peut dire qu’Halak n’est pas devenu dominant après la transaction qui l’a amené à St-Louis. Même s’il s’est beaucoup promené à travers les années, Halak a toujours su être un gardien partant efficace, à l’exception de cette année. Arrivé en relève à Carey Price à titre d’auxiliaire, le gardien slovaque prend la pôle position chez les gardiens de Montréal en 2009 lorsque Price vit de grandes difficultés. Ses prouesses en séries gagnent le coeur des partisans, qui souhaitent même que ce soit Price qui se fasse échanger. Malgré tout, l’état-major décide de se départir du gardien repêché en neuvième ronde en 2003. Partout où il passe par la suite, il devient le gardien partant, affichant d’excellents chiffres pour un gardien à faible stature comme lui. Montréal a vraiment donné le ton à la carrière de Jaroslav Halak au profit de St-Louis, Buffalo, Washington et New York. Maintenant, il n’est plus en mesure de faire sa place, mais n’en demeure pas moins qu’il s’est montré dominant après son départ de la Métropole.
Peter Budaj (2011-2014)
La majorité de la carrière de Peter Budaj s’est déroulée au Colorado. Celui-ci en était l’auxiliaire de choix et assurait une très belle profondeur. Lors des saisons 2008-2009 et 2010-2011, il endosse le rôle de partant, mais son dossier n’est clairement pas aussi reluisant que lorsqu’il est second. Signé à Montréal comme auxiliaire, il assure les arrières de Carey Price avec brio, mais aspirer à un rôle de premier plan chez le Canadien à cette époque est impensable. Il est échangé aux Jets de Winnipeg en octobre 2014 pour ensuite poursuivre sa carrière dans la LAH. Au sein du Reign d’Ontario, Budaj est tout simplement phénoménal. Si bien que lorsque Jonathan Quick s’est blessé en début de saison, l’organisation n’a pas hésité une seconde à lui faire confiance pour combler l’énorme absence d’un gardien récipiendaire du Vézina. Et Budaj s’en tire à très bon compte, se situant premier pour les jeux blancs cette saison. Affichant une moyenne de 2,01 et une efficacité de 0,922, Budaj n’est pas très loin des premiers aspirants au Vézina cette saison. Comme quoi sa carrière a pris un nouveau souffle après son passage à Montréal. L’expérience acquise avec un gardien de la trempe de Carey Price, ainsi que celle obtenue au Colorado avec Patrick Roy, entre également en ligne de compte.
Mike Condon (2015-2016)
Ce gardien non repêché n’a pas sauté d’étape quant à son cheminement dans la LNH. Passant de la ECHL à la LAH, il est appelé en renfort par le Canadien l’an dernier alors que Carey Price était invalide pour la totalité de la campagne. Ni Tokarski ou Scrivens ne faisait le travail, mais Condon s’est montré à la hauteur, derrière une équipe qui éprouvait de grandes difficultés. Le natif de Holliston a gardé le fort pendant 55 rencontres, se bâtant comme un diable dans l’eau bénite pour limiter les dégâts. Son travail à Montréal fut récompensé plusieurs mois plus tard, après une mise au ballottage et une transaction. Maintenant sous la bannière des Sénateurs, il réécrit le livre des records de l’équipe avec le plus grand nombre de départs consécutifs pour un gardien de but. Il se situe également sixième dans la ligue pour les jeux blancs et sa moyenne de 2,53, de même que son efficacité de 0,913, plaisent grandement à Guy Boucher et à l’organisation. Avant son passage à Montréal, Mike Condon était un «nobody». Maintenant, son nom est connu dans les quatre coins de la ligue nationale.
Devan Dubnyk (2013-2014)
Bon, peut-être que Devan Dubnyk n’a jamais joué une seule partie avec le Canadien. Toutefois, ce simple petit clin d’oeil sert à se rappeler qu’en 2013-2014, Dubnyk faisait partie de l’organisation, mais au sein des Bulldogs d’Hamilton. Son passage dans le club-école du Canadien n’était pas reluisant non plus. Ce n’est clairement pas à cause de l’organisation montréalaise que Dubnyk est actuellement aussi dominant. Toutefois, l’aspirant actuel au Vézina a déjà appartenu au Canadien. Un bijou caché qui ne s’est fait déceler que par le Wild. Dommage, mais qui peut s’en plaindre avec Carey Price comme meneur incontesté chez les gardiens.
3 anciens du CH dans le top 10 pour les blanchissages cette saison dans la LNH. (Je compte Dubnyk) Et surtout regardez qui est au sommet! pic.twitter.com/enzzQ2yrBC
— Stephane Gonzalez (@stephgonzz) 2 février 2017
Ces gardiens qui se sont développés et y ont fait carrière
José Théodore (1996-2005)
Outre Patrick Roy, peu de gardiens de l’ère moderne sont issus du programme de développement du Tricolore et qui ont, par le fait même, connu de brillantes carrières ici. Repêché en 1994, en deuxième ronde, José Théodore en fait partie. Tranquillement, il gravit les échelons de la LAH à la LNH, sans disputer beaucoup de parties dans le grand club. Un développement lent, mais combien rigoureux. Ce n’est qu’en 2000, soit cinq ans après ses débuts professionnels, qu’il endosse le rôle de gardien partant. Après un début de saison où le filet était partagé entre Hackett et Théodore, l’organisation fait confiance en le natif de Laval, malgré un séjour de trois rencontres chez les Citadelles de Québec, dans la LAH. L’année suivante, en 2001-2002, Théodore met la main sur le Hart et le Vézina, ce qui représente l’ultime couronnement du Québécois comme gardien de la franchise. Un scénario qui est maintenu jusqu’en 2006, l’année où Cristobal Huet ravit le trône à Théodore de la même façon que celui-ci s’y est pris aux dépens de Jeff Hackett à l’époque. S’alignant ensuite pour le Colorado, Washington, Minnesota et la Floride, il n’est point en mesure de répéter les performances qu’il a connues à Montréal. Au final, Théodore est passé par toutes les étapes du processus de développement chez le Canadien, pour s’éteindre définitivement ailleurs que dans la Métropole.
Carey Price (2007-aujourd’hui)
Il ne fait nul doute que Carey Price appartient déjà à cette classe sélecte des gardiens de la concession. Repêché comme tout premier choix de l’équipe en 2005, le développement de Price n’a pas toujours été rose. En début de carrière, il est époustouflant et plusieurs lui apposent l’étiquette de «prochain Patrick Roy». Cette pression inutile pèse lourd sur le gardien, qui voit ses performances chuter au plancher. Vivant de grandes difficultés, il est presque rayé de la carte par Jaroslav Halak, jusqu’à ce que Pierre Gauthier décide que c’est réellement Price le gardien d’avenir. Libéré de la menace Halak, le gardien originaire de Anahim Lake voit son rendement augmenter peu à peu, rejoignant les standards établis à ses premières années. L’ascension se poursuit et en 2015, il est récompensé par le trophée Vézina, le Hart, le Ted Lindsay et le William Jennings. Rares sont les gardiens ayant cumulés autant de trophées en une saison et ce couronnement fut l’ultime preuve que Price à son nom parmi les grands de l’organisation.
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