Nikita Soshnikov et les limites de l’agressivité
Deux ans plus tôt, à cette date du 21 mars, les Maple Leafs de Toronto mettaient la main sur celui qui allait devenir l’un des hommes forts de leur bottom-6 en cette saison 2016/17: l’ailier russe Nikita Soshnikov. Débarqué de l’Atlant Mytichtchi, une formation de KHL basée dans l’Oblast de Moscou, le joueur rejoignait la Ville-Reine avec une réputation d’attaquant complet, à l’aise en territoire adverse comme en zone défensive, et fort d’une bonne récolte de points lors de son dernier exercice dans le circuit eurasien (14 buts et 18 passes pour 32 unités en 57 matchs, saison 2014/15).
À l’arrivée, c’est sur le quatrième trio des siens que l’attaquant s’est taillé une place, s’enfermant dans un rôle où l’accent est mis sur l’agressivité et la rudesse. Cette année, Soshnikov (23 ans) est par exemple le sixième joueur des Leafs qui distribue le plus de charges (101). En matière d’usage, Mike Babcock le lance principalement sur des mises en zone défensive, en cinquième position chez les siens (65,7%), dans un quinté de tête où l’on retrouve également Matt Martin (68%) et le nouvel arrivant Brian Boyle (75,8%), ses deux compagnons de ligne. En clair, « Sosh » hérite des responsabilités classiques d’un avant évoluant au bas de la hiérarchie, où son profil technique mêlant hargne et vitesse colle parfaitement aux besoins d’un trio d’énergie.
Mais ce volontarisme peut parfois jouer des tours à notre ami russe, et c’est précisément pour ça qu’il se retrouve aujourd’hui dans l’actualité. Et oui, pour le deuxième anniversaire de la signature de son contrat d’entrée en LNH, Soshnikov s’est offert une belle polémique, après avoir asséné une mise en échec (très) dangereuse à Patrice Bergeron, lors de la victoire des Maple Leafs hier soir face aux Bruins de Boston (4-2). Une charge que le centre québécois a modérément apprécié, se ruant immédiatement sur son adversaire après s’être péniblement relevé:
Soshnikov and Bergeron do a Russian Do-si-do after hit from behind #TMLtalk #NHLBruins pic.twitter.com/fnSgPYrtdz
— Sportsnet (@Sportsnet) 21 mars 2017
Vue sous un autre angle:
Seriously, this is a garbage hit pic.twitter.com/ieUiP7jGTU
— Pete Blackburn (@PeteBlackburn) 21 mars 2017
Concrètement, cette action montre les limites du rôle d’agitateur confié à Soshnikov par Mike Babcock. En début de saison, le technicien canadien vantait d’ailleurs les mérites de son joueur dans ce registre:
« Il leur tape sur les nerfs » expliquait-t-il à Lance Hornby, du National Post. « C’est un gars dont on attend davantage, qu’il s’améliore de plus en plus. Il a une belle marge de progression, de développement devant lui. Il n’a pas été bon à chaque match cette saison, mais il a connu quelques avancées. Lorsqu’il a un travail spécifique sur l’échec avant, il semble meilleur et plus concentré. »
Hier soir, le Russe a simplement franchi le pas entre implication et excès, ce qui pourrait bêtement le conduire vers une suspension. C’est dommageable, d’autant qu’il pourrait s’agir là d’une bonne opportunité offerte à un certain Josh Leivo, dont les stats offensives sont équivalentes à celles de Soshnikov (9 points chacun, 5 buts et 4 assistances pour Soshnikov, 1 but et 8 assistances pour Leivo) malgré un gouffre énorme au niveau des matchs disputés (56 pour le Russe, 12 pour l’Ontarien). À l’instar de « Sosh », Leivo (23 ans) peut évoluer sur l’aile droite et comme lui, il possède le coffre physique pour patrouiller un quatrième trio.
Évidemment, l’idée ici n’est pas de suggérer que la place de Soshnikov dans l’alignement se trouve, du jour au lendemain, menacée par son erreur. D’autant qu’à l’heure actuelle, rien n’a filtré concernant une potentielle suspension infligée au joueur russe. Juste des spéculations. En réalité, l’intérêt de ce parallèle avec Leivo réside dans l’illustration qu’il nous offre de la richesse des Leafs sur de nombreux postes en attaque. Les Marlies ont connu beaucoup de succès l’an passé, les deux avants y ont d’ailleurs contribué, et cette organisation risque de pourvoir encore un bon contingent d’avants à leur franchise de LNH d’ici les prochains mois. Une bénédiction pour Mike Babcock, qui possède donc deux bonnes options sur l’aile droite de son bottom-6.
Gageons, enfin, que tout bon joueur d’échec avant qu’il soit, Nikita Soshnikov devra aussi se faire valoir via les qualités qui l’ont porté jusqu’en Amérique du Nord: un mélange de vitesse, de hargne certes, mais aussi de capacités offensives intéressantes. Sans quoi, la concurrence sera prête à sauter sur la moindre occasion. Dès aujourd’hui, ou dans l’avenir.
Statistiques: hockey-reference.com
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