Opinion | La sélection de Carey Price aurait dû engendrer une reconstruction

Le négatif est bien présent alentour du Canadien de Montréal et pour cause, on n’aime pas voir une fiche de 2-7-1 et c’est normal, car on paie le prix fort pour assister aux matchs chaque année et pourtant on se retrouve avec une équipe que son directeur général qualifie comme étant « une bonne équipe ».

Le titre peut choquer dans la mesure où lorsque Carey Price fut sélectionné en 2005, on avait également une bonne équipe avec José Théodore comme tête d’affiche. On vendait la sélection de Price comme étant une relève éventuelle qu’on pourrait nommer gardien #1 ou simplement passer dans une transaction afin d’obtenir quelque chose d’intéressant en retour. Les choses ont fait en sorte que Price devienne le #1 de l’équipe et c’est à moment qu’on devait revoir l’organisation au complet. Price a été nommé gardien #1 en fin de saison 2007-08, donc en regardant les effectifs et la relève de l’époque, il y avait de bons prospects pour former une base.

Une erreur magistrale

Price est entrée dans la ligue en 2007 et ils ont connu une très bonne saison en terminant au premier rang de la conférence de l’Est. Jusque là tout va bien, mais c’est en 2008-09 que le bateau commence à couler et c’est à ce moment que la reconstruction aurait dû avoir lieu.

Lorsqu’on a vu le Canadien se faire éliminer en 4 matchs aux mains des Bruins, Bob Gainey a été frappé d’un vent de panique, ce qui a donné la transaction Ryan McDonagh versus Scott Gomez. Il a également laissé aller des vétérans comme Saku Koivu, Alex Kovalev et Mike Komisarek.

C’est dommage de rappeler cette transaction, mais McDonagh et Pacioretty représentaient les meilleurs prospects de l’organisation. Les éléments étaient en place pour donner de l’espace à ces 2 joueurs afin de leur donner un bagage d’expérience dans la LNH. Ainsi, le noyau solide de l’équipe pour la saison 2009-2010 aurait pu être celui-ci.

Tomas Plekanec (26 ans)
Max Pacioretty (20 ans)
Ryan McDonagh (20 ans)
P.K. Subban (20 ans)
Carey Price (22 ans)

Tous les vétérans et autres jeunes joueurs tournant autour pouvaient être interchangeables. Ça ne donne pas d’excellentes saisons, mais ça permet de donner de l’expérience et de progresser de la bonne façon. Ainsi, on peut se retrouver dans le top 10 des repêchages de 2010, de 2011 et possiblement de 2012 en pouvant sélectionner des joueurs de talent.

Le repêchage: une science inexacte

C’est vrai, on ne peut pas projeter le type de joueur qu’on aura lorsqu’on sélectionne dans les repêchages amateurs. Marc Bergevin l’a cependant affirmé lui-même, un repêchage c’est 2 ou 3 « sure shots » et le reste, c’est un coup de dés. C’est pourquoi une reconstruction doit se baser sur la possibilité de sélectionner dans ces 3 premières positions, mais surtout sur la reconnaissance du talent et le développement des joueurs.

Plusieurs équipes ont procédé ainsi et ils en récoltent des dividendes, mais d’autres continuent de connaître des difficultés, donc il est facile de dire qu’une sélection top 3 va nous donner un joueur d’impact, mais ce n’est pas toujours le cas. Néanmoins on peut voir, après plusieurs années, de quoi ont l’aire les joueurs sélectionnés en 2010, 2011 et 2012 et on se rend compte qu’une reconstruction à ce moment aurait été bénéfique pour le Canadien.

La sélection des joueurs est une chose, mais il faut entourer ces jeunes joueurs par de bons vétérans. Andrei Markov, Tomas Plekanec, Roman Hamrlik, Josh Gorges et même Saku Koivu auraient pu être de bons vétérans pour encadrer ces jeunes joueurs.

Une équipe aspirante à la coupe

Avoir un noyau comme celui mentionné plus haut constitue la base d’une équipe voulant se rendre à la coupe Stanley. Ensuite on y ajoute 3 joueurs dans les repêchages indiqués dans le tableau et on entoure le tout avec de bons vétérans pour les encadrer et les guider dans une ligue nationale hostile. Il est facile de regarder les tops 10 de chacun des repêchages et d’en sélectionner 1 parmi ceux-ci et dire qu’on aurait une bonne équipe, mais la reconstruction peut payer si on parvient à développer les joueurs sélectionnés, mais on peut se retrouver dans le fond du classement année après année.

Est-ce qu’on aurait une équipe aspirante à la coupe cette saison si c’était le cas? Probablement que oui, mais à Montréal, on ne peut pas parler de reconstruction, car beaucoup de partisans n’aimeraient pas voir leur équipe en arracher. Pourtant, même sans avoir visité le fond du classement, le Canadien en arrache présentement, mais la relève ne permet pas et ne permettra pas à l’équipe de se sortir de ce marasme et de devenir une équipe que Marc Bergevin qualifie « d’élite ».

Pas de reconstruction tant que Carey Price y sera

Le contrat de 8 ans que Price a signé cet été démontre une chose: il ne partira pas d’ici. On se dit que Price est le joueur de concession du Canadien et qu’il serait inconcevable de reconstruire quand tu alignes un gardien comme Price. C’est pourtant vrai, car même s’il ne connaît pas un bon début de saison, il est l’un des meilleurs gardiens de la ligue et une reconstruction hypothéquerait les 4 ou 5 dernières bonnes années du gardien canadien.

Il faut également se dire que le Canadien n’est pas aussi mauvais que la fiche qu’il présente actuellement, mais il n’est pas meilleur que la fiche qu’il présentait l’an dernier en début de saison. C’est un cliché, mais c’est pourtant la vérité, le Canadien n’a pas une mauvaise formation.

Carey Price
Jonathan Drouin
Max Pacioretty
Shea Weber
Artturi Lehkonen
Brendan Gallagher
Charles Hudon
Victor Mete

C’est un groupe de joueur pouvant permettre de récolter des victoires à leur équipe, mais c’est autour d’eux qu’il y a un problème. C’est donc dire que tant que Price portera l’uniforme du tricolore, on devra se contenter de repêcher des joueurs en « lançant les dés » comme le dit le directeur général et espérer que Price amènera l’équipe en séries.

Le Canadien ne terminera pas la saison avec 2 victoires à tous les 10 matchs, mais il sera très difficile de se qualifier en séries et si c’est le cas, les chances de les voir se rendre en finales sont très très minces pour la troupe de Claude Julien. Pour reprendre une dernière fois Marc Bergevin, la solution est dans le vestiaire et c’est avec cette équipe qu’on s’en sortira, mais après tout, il est permis de rêver en se demandant de quoi aurait eu l’aire le Canadien s’il avait débuté une reconstruction en 2009.

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