Repêcher des overagers | Est-ce une stratégie qui sera encore adoptée par le Canadien cette année ?
Depuis quelques années, le Canadien ne se gêne pas pour sélectionner des joueurs qui n’en sont pas à leur première année d’éligibilité au repêchage. Pour ne nommer que quelques-unes des sélections, Mattias Norlinder, Lukas Vejdemo et Rafael Harvey-Pinard ont tous été des hockeyeurs qui auraient pu être choisis dans les années antérieures à leur sélection. Chez ceux qui avaient Nicolas Roy en tête en 2015 ou Nathan Légaré en 2019, d’avoir pris un jeune plus vieux que ces Québécois n’est pas nécessairement explicable outre par le fait que le Canadien boude les talents locaux, mais je crois que les raisons vont plus loin que cela. La décision touche plusieurs niveaux à mes yeux.
Prioriser les plus jeunes
Habituellement, ce qui circule c’est qu’au jour du repêchage, à talent égal, un jeune est priorisé par rapport à un plus vieux. Par exemple, en début de saison, on remarquait que beaucoup de personnes préféraient Quinton Byfield à Alexis Lafrenière pour le premier rang en juin 2020. Ils donnaient comme raison, entre autres, la différence de près d’un an entre les deux attaquants. J’imagine qu’il est plus facile de développer un joueur sur le long terme si tu en fais l’acquisition à un plus jeune âge. Toutefois, qu’est-ce qui pousse les équipes comme Montréal à jeter leur dévolu sur des plus vieux ?
Is Ottawa’s need for a franchise centre reason enough to pick Byfield first overall (should they get first overall), even if he’s not the top pick in the draft? #Sens
— Spencer Blake (@spencerdjblake) December 10, 2019
« Cheap labour »
Choisir entre un vétéran de 35 ans ou faire gagner de l’expérience à un espoir « mature » repêché par l’organisation est un dilemme actuel. L’aspect monétaire, le rajeunissement visible dans la LNH en sont certainement pour quelque chose. Une équipe composée de vétérans et qui n’est pas capable de greffer des recrues à ses rangs aura de la difficulté à perdurer dans le temps (parlez-en à Détroit). De plus, payer des joueurs venant de l’extérieur coute cher et, si votre équipe en est essentiellement composée, vos profits ainsi que votre futur s’en verront affectés. Toutefois, une organisation avec de bons vétérans qui est capable d’avoir un jeune noyau auquel elle ajoute des recrues chaque année (ou presque) peut perdurer. Le tout est encore plus attrayant lorsqu’on pense à leur salaire et qu’ils peuvent parfois avoir le même niveau à leur première année qu’un vétéran.
Le remplaçant de Thompson est déjà repêché https://t.co/VX3TwkLBVR #Habs #Canadiens #GoHabsGo #tslh pic.twitter.com/47uRINLrdu
— Toutsurlehockey.com (@Toutsurlehockey) February 4, 2020
Combler vos besoins rapidement
Lorsque votre équipe à des besoins criants comme le Canadien en défensive, l’option de sélectionner deux ou trois joueurs de 19 ans et plus à cette position devient tentante pour combler rapidement votre manque. Cela est encore plus vrai pour un club qui est en transition ou reset ou reconstruction cachée. Vous voulez faire les séries, mais vous voulez aussi avoir de bons choix. Alors, pourquoi ne pas sauter votre tour lors de la journée du 1er juillet, attendre à la date limite des transactions pour voir le classement et vendre au besoin. Ainsi, vous ne vous encombrez pas de mauvais contrat et au lieu de faire qu’une ronde en séries pour rien, vous faites jouer les jeunes durant la saison (je sais ce n’est pas la force de Julien) et rendu au camp d’entrainement, vous avez plusieurs places disponibles pour la relève pas chère. Cette relève en est une de profondeur la plupart du temps, mais il est aussi important de développer ses propres joueurs de troisième et quatrième trio comme Artturi Lehkonen. Nick Cousins et Jordan Weal c’est bien beau, mais ils coutent des choix ou de l’argent à aller chercher en plus de prendre la place de recrues.
Nick Cousins (5 mins 29s) et Jordan Weal (5 mins 22s), les deux attaquants les plus utilisés du CH à forces égales en 1re période. Danault (5 mins 19s) et Armia (5 mins 18s) suivent de près.
— Jonathan Bernier (@JBernierJDM) December 20, 2019
Stratégie adoptée à long terme par le Canadien ?
Je ne dis pas nécessairement que c’est la stratégie visée par le Canadien, mais ça ressemble drôlement à cela. Norlinder jouera probablement une autre saison en Europe et s’en viendra en Amérique par la suite. Harvey-Pinard aura probablement sa chance d’ici 2022 sur le quatrième trio. Vejdemo a pris du temps malgré qu’il ait été repêché à 19 ans, mais il est un joueur de choix pour notre profondeur dès l’an prochain. Des joueurs qui ont un impact à 17 ans avec leur équipe sont très rares. Il faut souvent attendre 4 ou 5 ans après le repêchage pour combler des besoins qui sont immédiats ou à moyen terme. Alors, pourquoi ne pas accumuler 10 choix à chaque repêchage et prendre trois des sélections pour prendre des jeunes plus vieux. Ceux-ci risquent d’être près dans moins de deux ans à un coût moindre. Bref, c’est un pensez-y-bien.
Avec la réalité de la limite de contrat de 50, si vous repêchez 10 joueurs de 17 ans de la CHL, vous vous ramassez 2 ans plus tard à devoir tous les signer sous peine de les perdre pour rien. Pour contrer cela, il me semble judicieux de non seulement diversifier la provenance de vos sélections (NCAA, CHL, Europe et Russie), mais également leur âge. En effet, en fonction de la ligue où il évolue, un joueur se doit de signer un contrat d’entrée dans un laps de temps après sa sélection sous peine de le perdre. Si je me souviens bien, il s’agit de 4 ans pour la NCAA, 3 ans pour les ligues d’Europe et 2 ans pour la NCAA. En diversifiant vos sélections dans ses différentes ligues, vous faites en sorte de devoir signer vos espoirs sur plusieurs années au lieu d’une seule année. Lorsque vous couplez cela à la sélection de jeunes n’ayant pas le même âge, ça vous donne une marge de manœuvre plus qu’intéressante par rapport à la gestion de la limite de 50 contrats. Je n’étais pas favorable à prendre des joueurs à leur deuxième ou troisième année d’éligibilité par le passé, mais si on regarde plus profondément, c’est logique et même avantageux de le faire.
Que pensez-vous de la stratégie du Canadien de choisir des joueurs à leur deuxième ou troisième année d’éligibilité ? Le feriez-vous aussi pour combler des besoins pressant dans votre équipe ou les échanges ainsi que les joueurs autonomes sont les meilleures options ?
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