« Saving Sakic » | Quand Hollywood réécrit l’histoire de la LNH
C’est aujourd’hui que sort sur Amazon Prime le documentaire « Saving Sakic » qui relate l’histoire de comment Joe Sakic a bien faillit se retrouver avec les Rangers de New York.
Retournons dans le passé, à l’été de l’année 1997, alors que Joe Sakic, nouvellement agent libre sans compensation, considérait la possibilité de signer un contrat avec les Rangers de New York. Cela faisait maintenant deux saisons que l’Avalanche était au Colorado, fort d’une coupe Stanley en 1995-1996 et d’un noyau de joueurs vedettes considérables, il était difficile d’imaginer que l’équipe éprouvait en réalité certains problèmes financiers. Pourtant, les propriétaires de l’Avalanche avait perdu 8M$ à la fin de l’année 1996 et, de plus, le McNichols Arena qui leur servait de domicile, mais qui n’était plus adéquat pour une équipe de la LNH, devait être remplacé plus tôt que tard par un nouvel amphithéâtre plus moderne. Ainsi, le 7 aout 1997, lorsque les Rangers de New York ont présenté une feuille d’offre de 3 ans et 21M$ (avec un bonus de 15M$ à la signature) à Joe Sakic, l’athlète de 28 ans n’a pas hésité longtemps à y poser son nom. Et ce n’était pas tout.
L’historien du hockey Sean McCaffrey, dans son livre « Ranger Killer » relatant les 100 acteurs marquants de l’histoire des Rangers de New York, raconte des brides de cette histoire:
« Dave Checketts, le président du Madison Square Garden se pourléchait les babines de bonheur. Et Neil Smith, le directeur général, architecte de la conquête de la coupe Stanley des Rangers de 1994 aussi. Ça semblait être un rappel parfait, seulement trois ans après la dernière conquête. » -Sean McCaffrey (extrait du livre Ranger Killer)
Et ils avaient tout à fait raison d’y croire. Sakic, à ce moment de sa carrière, avait déjà connu quatre saisons de 100 points et plus, il avait vécu les hauts et les bas d’une équipe qui s’est construit à partir de rien pour finir par remporter les grands honneurs, il avait déjà donné aux partisans des Nordiques et de l’Avalanche plus que ce qu’ils n’auraient jamais pu exiger d’un 15e choix au total de l’encan 1987 où des joueurs tels que Pierre Turgeon et Brendan Shanahan en ont beaucoup moins donnés aux équipes qui les ont repêchées. De plus, ce même été, Mark Messier quittait New York pour se joindre aux Canucks de Vancouver, laissant une place vacante aux côtés de Wayne Gretzky pour un joueur tel que Joe Sakic. La situation était parfaite et le montant offert à Sakic était impossible à compenser dans la situation actuelle de l’Avalanche du Colorado… jusqu’à ce que l’inimaginable se produise:
Le film AIR FORCE ONE est devenu un succès au box-office
Il faut savoir que la compagnie Comsat, une multinationale de télécommunication, était jadis propriétaire de l’Avalanche du Colorado et qu’en 1996, un an avant la saga de Joe Sakic et des Rangers, cette entreprise de technologie et service de communication satellite a cédé 80% de ses actifs à sa branche « divertissement » nommé ASCENT, alors que cette dernière ne faisait que perdre de l’argent et rêvait que d’une chose: faire un film à succès qui viendrait régler leurs soucis financiers.
Le 25 juillet 1997, le film Air Force One mettant en vedette Harrison Ford et Gary Oldman sort au cinéma et devient un succès planétaire, rapportant 37M$ juste le premier week-end. À la fin de son parcours, le film aura engendré 315M$ pour un budget initial de 85M$. Mais plus important encore, la compagnie Ascent a pu soutirer 68.1M$ de profit de ce valeureux succès.
Cette entrée d’argent inattendue a permis à l’Avalanche de financer son projet d’amphithéâtre qui deviendra ensuite le Pepsi Center et il resta assez de liquidité pour égaler l’offre des Rangers de New York le 21 septembre 1997, approximativement 2 mois après la sortie du film Air Force One.
« À une époque où les mots ‘cap salarial’ n’était même pas dans l’imaginaire collectif, l’Avalanche avait désormais plus d’argent dans ses coffres qu’ils n’auraient jamais pu imaginer. Le film a couté aux Rangers la chance d’acquérir Sakic. Avec le départ de Messier et Sakic toujours à Denver, les ‘Blueshirts’ ne retourneraient pas en séries pour les neuf prochaines années, soit à la saison 2005-2006. » -Sean McCaffrey (extrait du livre Ranger Killer)
Joe Sakic jouera le reste de sa carrière avec l’Avalanche du Colorado et deviendra l’emblème historique de cette franchise, affichant le record du plus grand nombre de buts (625), le plus grand nombre de passes (1016) le plus grand nombre de points avec 1641, le plaçant au 9e rang des pointeurs de tous les temps. Il remportera deux coupes Stanley en tant que joueur en 1996 et en 2001, en plus d’en gagner une autre en tant que directeur général en 2022. Il continue, à ce jour, d’être l’idole d’une génération qui n’a pas nécessairement vu jouer Wayne Gretzky lorsqu’il était au sommet et qui se sont retrouvés dans l’acharnement, l’éthique de travail et le leadership de joueurs de tels que Joe Sakic ou Steve Yzerman.
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