Tkachuk est tellement meilleur, encore un choix gaspillé par le Canadien | Non, Kotkaniemi n’est pas un bust
C’est couramment ce qu’on voit sur la toile lorsqu’un article sort sur le jeune centre de 19 ans du Canadien. Est-ce que les nombreuses critiquent sont justifiées ou précipités ? C’est ce que nous allons tenter de résoudre.
Prendre exemple sur Romanov pour évaluer Kotkaniemi
Dernièrement, j’ai publié un texte sur Alexander Romanov qui tentait de mettre en lumière le fameux mythe de la production du Russe en KHL. En gros, je disais que les faibles prestations offensives du jeune lors de ses saisons de 18 et 19 ans dans la ligue de Russie ne voulaient absolument rien dire sur son futur dans la LNH. Avec une petite analyse comparative des défenseurs qui ont été dans la même situation que lui, on a vu que sa production était même au-dessus de la moyenne. La philosophie entourant l’utilisation des jeunes dans la KHL est vraiment différente de la LNH, alors de se fier que sur des chiffres n’est pas garant de succès.
Pas capable de produire en KHL, il ne sera jamais bon ! https://t.co/uVD2Puv1yx #Habs #Canadiens #GoHabsGo #tslh pic.twitter.com/MzWhoAGU23
— Toutsurlehockey.com (@Toutsurlehockey) June 4, 2020
Bref, c’est un peu le même procéder que je veux amener pour Jesperi Kotkaniemi qui est passé de chouchou à gros zéro en deux saisons. Quoi de mieux que de « basher » un haut choix au repêchage pour prouver que la sélection que vous souhaitiez était meilleure ? Ce n’est pas nouveau comme procédé, ça arrive dans toutes les équipes. Néanmoins, il faudrait se calmer un peu, le jeune à 19 ans.
Un choix que l’on peut questionner
Brady Tkachuk est un excellent joueur de hockey. C’est tout ce que vous désirez chez un ailier de puissance capable d’évoluer sur n’importe quel trio. Même si son potentiel n’est pas ce qu’il y a de plus élite en attaque, le gars, il la et on va le détester longtemps. Pourquoi le Canadien a donc choisi le centre finlandais qui était classé vraiment plus bas au début de la saison ?
Il y a ici une question de talent, mais surtout de besoin organisationnel. Ne vous leurrez pas, Kotkaniemi est un jeune joueur très talentueux. Ce n’est pas rien de faire la LNH à 18 ans, mais est-ce qu’il aurait dû faire l’équipe si tôt ? Avec le recul, la réponse est facile. Non. Physiquement, il n’était pas assez mature, pas assez fort, et son jeu n’était pas à point. Quelles auraient été les options ? La LAH et la Liiga.
Un tracé non adapté
Son équipe en Finlande était loin d’être dominante, mais le centre aurait énormément joué là-bas, et ce, dans toutes les situations de jeu. Ça lui aurait permis de prendre plus de maturité physique, de développer son jeu offensif et de prendre confiance en lui dans un environnement qu’il connaissait. La LAH aurait été un excellent choix également pour s’accoutumer au hockey nord-américain. Joël Bouchard est « all in » sur le développement de ses joueurs et on le voit chaque jour. L’entraîneur a un plan pour chacun et je suis pas mal certain que le sien pour KK aurait marché. Sur le petit échantillon de 13 matchs qu’on a eu cette année, je crois qu’on peut dire que son impact sur Kotkaniemi est notable.
À 18 ans, au camp d’entraînement, je n’ai pas de mal à dire qu’il avait mérité de faire l’équipe (malgré qu’il était le plus jeune joueur de la LNH si je me souviens bien). Toutefois, le CH aurait dû voir venir la chute de régime en deuxième moitié de saison. C’est un centre qui n’avait qu’une saison professionnelle derrière la cravate à 17 ans en Finlande. Entre jouer 57 matchs dans la Liiga et 82 dans la LNH, il y a une marche énorme à un si jeune âge. Il fallait prévenir ce phénomène et choisir une marche moins haute pour ne pas nuire à son avenir.
Malheureusement, l’équipe a précipité le jeune et nous en sommes où nous en sommes, c’est-à-dire que certains partisans sont déchantés et à chaque fois qu’on écrit quelque chose sur lui, les mêmes commentaires reviennent toujours. Quinn Hughes aurait tellement été un meilleur choix, Tkachuk c’était le mien, pourquoi choisir un centre aussi bas dans les classements, encore une erreur de Bergevin et j’en passe. Je vais demeurer dans les commentaires semi-polis pour des raisons évidentes.
Analyse statistique comparative basique
Tout comme je l’ai fait pour Romanov, je me suis amusé avec les comparables. J’ai regardé les attaquants finlandais qui ont débuté leur saison recrue dans la LNH à 18 ans tout en ayant joué en Liiga l’année précédente. J’ai donc ressorti leur saison avant le repêchage (17 ans), celle suivante (18 ans), ainsi que celle d’après (19 ans) afin de voir si le tout se compare bien avec notre KK national (tableau 1). Comme l’argument principal des gens qui critiquent le centre est les statistiques, nous allons combattre le feu par le feu en les regardant de plus près.
Tableau 1 – Finlandais qui ont joué dans la LNH à 18 ans tout en ayant évolué dans la Liiga l’année précédente
Une équipe finlandaise de milieu de peloton
La première chose qui me saute aux yeux dans le tableau est qu’il ne s’agit pas de deux de piques. Ce sont tous des choix entre top 2 et 4 qui sont assez jeunes si on les compare aux autres espoirs de leur année de repêchage (sauf pour Kaapo Kakko). En Liiga, le centre du Canadien a été celui qui a le moins produit en termes de point par match, mais ça demeure très bon vu son âge dans une ligue d’hommes. Dans son équipe classée 8e sur 15, il était le 3e meilleur pointeur.
Barkov, le 2e meilleur pointeur dans la 2e équipe au classement.
Kakko, le 3e dans la 4e équipe.
Laine, le 5e dans la 3e équipe (championne en séries).
Puljujärvi, le 6e dans la 2e équipe.
Ainsi, sans vouloir en faire cela mon argument principal pour sa saison de 17 ans, KK est celui qui a joué dans la moins bonne formation, tout en pouvant s’en sortir offensivement et défensivement.
Un chemin similaire à Barkov jusqu’à maintenant
Concernant, l’année recrue dans la LNH, Patrik Laine est dans une classe vraiment à part. Pour KK, elle se compare parfaitement à ce que Barkov a connu comme campagne statistiquement. Les deux centres étaient couvés par leur entraîneur respectif afin de favoriser la transition. À propos de Puljujärvi et Kakko, leur production était moindre et quelque peu décevante selon certains, mais personnellement, je leur laisse le temps qu’il leur faudra. Je ne suis pas inquiet, surtout pour Kakko.
Déjà à ce moment-ci, on peut voir que la production de KK se compare beaucoup avec celle de Barkov dans la LNH. C’est à partir de la troisième saison suivant son repêchage que le grand finlandais a débloqué offensivement. Cela s’est fait grâce à une utilisation adaptée pour lui et toujours de plus en plus importante à mesure que la saison avançait. Cette transition entre le joueur recru et celui qu’on connait maintenant a duré deux saisons. Ainsi, si on se base un peu sur la courbe de progression de Barkov, ne pourrait-on pas donner au moins quatre saisons à notre jeune centre avant de lui mettre la tête sur le billot ? Ne pourrait-on pas lui laisser la chance de progresser à son rythme avant de dire qu’on aurait dû prendre Tkachuk ? La prise de poids qu’il a pris l’année dernière de 18 livres est un pas dans la bonne direction, mais il doit s’y adapter.
Son développement se poursuit, assoyons-nous et attendons
Sérieusement, c’est tellement tôt pour abandonner dans son cas que, quand je vois les commentaires négatifs sur la sélection de l’organisation, ça me désole. Personnellement, ce que je regrette dans son cas, c’est son utilisation et comment il a été précipité dans le « show ». Pourquoi fallait-il absolument qu’il fasse la ligue à 18 ans ? Même s’il avait connu un bon camp, le manque de vision a été déplorable. Ensuite, la rétrogradation dans la LAH a été faite trop tard. Ce que Bouchard est en train de faire avec lui sera très bénéfique, mais ça l’aurait dû commencé bien avant cela.
Two photos of #Habs Jesperi Kotkaniemi: The first at the Draft Combine in June 2018, and the second from last week. Two years apart. The guy is still growing into his body. Patience, people. pic.twitter.com/9EgNn5MFnv
— HabsLinks (@HabsLinks) June 16, 2020
Sa blessure à la rate n’a pas que du négatif. Avec la pandémie, ça lui a donné le temps de guérir, de s’entraîner et de gagner en force. J’adore le fait qu’il ait engagé un spécialiste de la mobilité. C’est ce genre de truc qui le fera passer au prochain niveau. Ce n’est pas qu’il est lent, mais sa technique est déficiente. Lorsque ce sera amélioré, ça va impacter tout. En effet, son accélération, sa vitesse de pointe, ses pivots et changements de direction seront tous plus fluides et maîtrisés. De plus, ses batailles à un contre un, son lancer et son équilibre seront stabilisés.
Kotkaniemi is training in Pori with speedskater Janne Hänninen and former HIFK coach Raimo Summanen. https://t.co/taHH8qbkRR
— Jesperi Dripaniemi (@dripaniemi) June 7, 2020
Bref, le jeune est revenu dans la bonne direction. Est-ce que je suis sûr que Claude Julien est l’homme de la situation. Non, pas à 100 %, mais pas non plus à 0 %. Ce qu’il a fait avec Nick Suzuki a donné de bons résultats, alors je m’attends à ce que ça ne soit pas une catastrophe pour les deux prochaines années. J’espère seulement qu’il va un peu plus se gêner avant de critiquer ouvertement ses recrues dans les médias. Ça ne fait que deux ans que nous avons la chance de le compter dans les rangs du Canadien, attendons avant de jeter la serviette. Même si Brady Tkachuk, Quinn Hughes et Filip Zadina semblent en avance sur lui, le potentiel maximal du finlandais est possiblement plus élevé. Le temps nous dira la réussite de ce choix. Si dans deux ans (fin 2022), il n’a pas progressé, je vais faire mon mea culpa, mais je crois sincèrement qu’il sera un bon centre pour l’organisation, et ce, durant longtemps.
Two photos of #Habs Jesperi Kotkaniemi: The first at the Draft Combine in June 2018, and the second from last week. Two years apart. The guy is still growing into his body. Patience, people. pic.twitter.com/9EgNn5MFnv
— HabsLinks (@HabsLinks) June 16, 2020
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