À la loupe | Un défenseur format géant s’amènerait en OHL
Grâce à notre nouveau partenaire InStat Hockey, il est maintenant possible de visionner des joueurs qu’auparavant, nous ne pouvions trouver aucun vidéo de leurs performances. Aujourd’hui, j’ai décidé d’observer plus en détail le défenseur format géant issu du Danemark en Kasper Larsen. Pourquoi lui ? Parce que récemment, une information circulait à l’effet qu’il joindrait les Steelheads de Mississauga en OHL. De plus, son gabarit m’a laissé un petit doute quant à sa mobilité. Comment un défenseur de 17 ans pesant 231 livres à 6’6 peut-il suivre dans la OHL ? C’est ce que nous regarderons dans cette chronique. À noter que ce joueur sera disponible pour le repêchage 2021.
Should see D Kasper Larsen sign in Mississauga. No timeline on this one but indications at least right now are that he's coming.#OHL
— OHLInsiders (@OHLinsiders) July 14, 2020
Évoluant au sein de Mighty Bulls de Rodovre dans la ligue danoise, Larsen présente un gabarit phénoménal pour son jeune âge. Lorsqu’on regarde son rendement quand il joue contre des jeunes de son âge, on peut remarquer qu’il est en mesure d’offrir de l’offensive. Ses statistiques le démontrent bien alors qu’en 2018-2019, il a dominé les rangs U17 avec 30 points en 12 matchs. Lorsque confronté à des joueurs du même niveau, le gros gaillard est tout simplement une machine. Par contre, comme il viendra en OHL à 18 ans (il est né en septembre), je me questionnais sur sa capacité à transposer le tout dans une ligue où il affrontera des joueurs plus âgés.
J’ai obtenu ma réponse en observant des matchs de la campagne 2019-2020. En effet, dans la ligue danoise, il était dans une ligue d’adulte. Carrément. À 17 ans cette saison, il était le plus jeune de sa formation alors que le plus vieux était âgé de 36 ans. La moyenne d’âge de cette ligue est située autour de 25 ans. C’est tout de même huit années d’expérience dans le hockey de plus que Kasper Larsen. Je me suis donc permis deux visionnements pour l’écriture de cette chronique: un match contre les Pirates d’Aalborg dans la ligue danoise disputé le 25 novembre 2019 ainsi qu’un match contre l’équipe autrichienne U20 joué le 12 décembre 2019. En ajoutant quelques séquences isolées selon différentes situations de matchs, voici mes observations qui en découlent.
Un défenseur mobile
Kasper Larsen, portant le #22 sur les vidéos qui suivent, se démarque de par sa mobilité. Ses pivots sont rapides et il est en mesure de bien isoler les joueurs dans les coins de patinoire en contre-attaque. Habituellement, il joue sur le flanc gauche, mais ce n’est pas rare qu’il se retrouve à droite pendant le jeu et ses pivots sont aussi bons. Sur l’avantage numérique même, il joue sur la droite à l’occasion. Cela dit, j’ai remarqué qu’il a tendance à tricher un peu. Par là, j’entrevois absolument rien de péjoratif, car beaucoup de défenseurs à caractère défensif y vont de cette tricherie. En effet, Larsen quitte souvent la ligne bleue offensive rapidement pour prendre de la vitesse avant son pivot, ce qui fait en sorte qu’il se donne une bonne longueur d’avance sur son opposant qui contre-attaque.
Sur deux matchs, dans deux contextes de ligue différente, rares sont les fois où il se fait prendre à contre-pied sur une attaque offensive adverse. Ses pieds sont mobiles et il utilise bien son long bâton. Sur le plan défensif, Larsen peut se montrer efficace grâce à son positionnement régulièrement bon. On peut voir ci-bas que, sans trop de pression de la part de l’équipe adverse, il peut s’en sortir contre des hommes.
Voici quelques séquences où Larsen utilise bien son bâton dans sa zone, que ce soit pour relancer l’attaque en sortie de zone ou pour couper les options des attaquants. Vidéo présenté par InStat Hockey
Dans cette vidéo, on constate qu’il peut prendre de bonnes décisions offensivement également, en plus d’agir à titre de général sur l’avantage numérique. Vidéo présenté par InStat Hockey
Aspect décisionnel: une lacune à l’occasion
Larsen prend-il toujours de mauvaises décisions ? Non, aucunement. Par contre, lorsqu’il évalue mal ses options, tant offensivement que défensivement, cela coûte cher. Les décisions trop rapides influencées par la pression exercée en »fore-check » viennent parfois mettre le défenseur dans l’embarras, et pas à peu près ! Bien qu’il soit mobile, cela lui prend plusieurs enjambées avant de prendre son envol. Lorsqu’il perd la rondelle ou qu’il se fait prendre à contre-pieds, c’est difficile pour lui de se rattraper. Dans ces situations, il ne peut tricher comme il le fait en début de contre-attaque.
Quelques lacunes au niveau décisionnel. Vidéo présenté par InStat Hockey
Personnellement, je trouve que ce défenseur bénéficiera de la OHL pour poursuivre sa progression. Il se doit de jouer contre des joueurs rapides pour travailler sa prise de décisions. Il sera en mesure de suivre, du moins je le crois, mais il n’aura assurément pas la charge de travail qu’il avait au Danemark. En effet, Larsen jouait autant sur la première vague d’offensive, en plus d’occuper le rôle de quart-arrière sur cet aspect du jeu (comme observé dans les vidéos ci-dessus). Cette année, que ce soit chez les U20 ou dans sa formation de la ligue du Danemark, Larsen a joué en moyenne 0:53 en avantage numérique et 1:17 en désavantage. En début d’année, le gros défenseur ne voyait nullement du temps sur le »powerplay » et était utilisé uniquement en désavantage sur les unités spéciales.
Plus la saison avançait, plus Larsen était utilisé non seulement comme général sur l’avantage numérique, mais il descendait parfois sur les points de mises au jeu comme option de lancer sur réception. Ce n’est qu’à partir de novembre que son temps d’utilisation sur l’AN montait à 2-3 minutes en moyenne par rencontre. Chez les U20, c’est simple, il pouvait jouer 6 minutes en AN et 4 minutes sur le DN. Cela démontre à quel point il est jugé polyvalent. Ceci dit, j’aimerais toutefois qu’il utilise son physique plus régulièrement. On le voit à l’occasion dans les vidéos présentés ci-haut et c’est plus flagrant lors de mes matchs visionnés; Larsen joue beaucoup plus du bâton le long de la rampe plutôt que d’utiliser son énorme gabarit pour prendre avantage.
Côté mise en échec, c’est assez tranquille. En ajoutant un peu de rapidité en début d’accélération, cela lui donnerait une rapidité de plus pour enligner de bonnes mises en échec. On risque de travailler sur cela à Mississauga. Sur le plan offensif, je ne peux malheureusement dire s’il a un bon lancer, car il n’utilise que très peu son tir frappé. Lors des rares occasions, la rondelle termine son chemin »dans le toutou », comme le veut l’expression. Ci-bas, on voit les tirs frappés puissants employés versus les tirs du poignet employés de la pointe.
Lancer frapper puissant touchant la cible
Tir du poignet touchant la cible
Son tir du poignet lui sert souvent pour diriger la rondelle au filet. Uniquement. On ne parle pas d’un tir du poignet puissant pour déjouer le gardien, mais plutôt de tirs bas qui pourraient donner des rebonds. Par contre, souvent la résultante est que le gardien adverse absorbe le lancer peu puissant puis conserve le disque.
Est-ce que ce défenseur sera dominant en OHL ? Difficile à dire après quelques visionnements seulement, mais à mon humble avis, on le voit peut-être comme un beau projet à développer. Après tout, contre des jeunes de son âge, il dominait dans des matchs internationaux chez les U17. Avec l’adaptation au style nord-américain et le fait qu’il sera jeune pour la OHL (début 18 ans), je ne m’attends pas à ce qu’il explose tout dès la prochaine saison, loin de là. Par contre, avec un tel gabarit, s’il réussit à corriger certaines lacunes en plus d’ajouter de la vitesse en début d’accélération, le projet pourrait devenir très intéressant. On devrait le voir au WJC l’an prochain.
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