À la loupe | Carter Hart, un jeune gardien prometteur pour les Flyers
Cette année encore, la position de gardien de but fait parler du côté de Philadelphie. Afin de combler le vide laissé cet été par le départ de Steve Mason chez les Jets, les Flyers ont ainsi enrôlé le vétéran Brian Elliott, pour des résultats d’abord mitigés, mais désormais en nette amélioration (91,3% d’arrêts en 24 matchs).
Sous contrat jusqu’en 2019, à l’instar de son auxiliaire Michal Neuvirth, le portier de 32 ans ne représente toutefois pas l’avenir de Philly à ce poste. Dans sa banque d’espoirs, l’organisation pennsylvanienne compte en effet sur le prometteur Anthony Stolarz, auteur d’une campagne intéressante l’an passé en LAH (91,1% d’arrêts en 29 rencontres) ainsi que lors de ses quelques apparitions dans la Ligue Nationale (92,8% d’arrêts en 7 matchs). Opéré cet automne en raison d’une blessure au genou gauche, le jeune cerbère a malheureusement loupé l’ensemble du début de saison, et devrait rester sur le flanc pour une bonne partie de l’année.
Mais derrière ce trio, le réservoir des Flyers offre encore quelques surprises. Felix Sandström, un ancien choix de troisième ronde âgé de 20 ans, hérite par exemple des responsabilités de titulaire avec le Brynäs IF, en SHL.
Et puis, il y a Carter Hart.
Un gardien dominant en WHL, avec le CMJ en ligne de mire
À 19 ans, ce portier, qui fut sélectionné au second tour du Repêchage 2016, continue d’impressionner les suiveurs du hockey junior. Cinq jours plus tôt, notre homme a ainsi hérité du titre de gardien de la semaine en WHL. Anecdotique me direz vous, sauf que le joueur des Silvertips d’Everett vient de recevoir cette distinction pour la quatrième fois d’affilée! Avec un bilan de 3-0-0, Hart venait cette fois-ci de s’offrir un jeu blanc, tout en n’accordant qu’un seul but sur ses deux autres matchs de la semaine. Sur ces trois rencontres, le natif d’Edmonton a notamment grappillé deux victoires face aux Winterhawks de Portland, l’une des meilleures formations de la Ligue de l’Ouest.
Une série comme une autre dans la saison démentielle du cerbère, qui affiche jusqu’ici un superbe taux d’arrêts de 96,1% en 17 matchs, doublé d’une moyenne de 1,32 buts alloués par partie. De fait, ces prestations surprennent encore plus lorsqu’on sait que notre homme a loupé plusieurs matchs en début de campagne, après avoir contracté la mononucléose. Une gêne qui ne l’a pas freiné, alors que le gardien peut désormais se projeter sur le Championnat du monde junior, qui débutera le 26 décembre prochain du côté de Buffalo. L’occasion pour lui de prendre sa revanche après une édition 2017 frustrante, lors de laquelle son Canada avait concédé la défaite en finale face aux États-Unis (5-4, fus.).
Arrivé cette semaine au camp d’entraînement de l’Unifolié, Hart n’a pas tardé à se faire remarquer. Prêté à l’équipe des étoiles universitaires, qui a défié la sélection canadienne au cours de deux matchs d’exhibition, l’Albertain est parvenu, en partageant son filet avec Colton Point, a obtenir un blanchissage durant la première rencontre (3-0). Jeudi, la formation dirigée par Dominique Ducharme a néanmoins remporté le second affrontement, par la marque de 4 buts à 3.
Bien que concurrencé par Point pour préserver son poste de partant avec l’escouade nationale, Hart apparaît toutefois comme le vrai numéro 1 d’Équipe Canada junior. Outre ses grosses performances en WHL, c’est également son expérience qui joue en sa faveur. Le principal intéressé reconnaît d’ailleurs que son vécu pourrait s’avérer précieux à l’heure de retrouver ce tournoi si particulier:
« Le fait d’avoir déjà traversé cet événement, ça peut m’aider cette fois-ci. L’an dernier, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, en jouant devant ces 20 000 personnes. Après le match, j’ai dû me poser » a-t-il expliqué à Terry Koshan, du Toronto Sun. « J’ai beaucoup appris. Je sais que c’est un événement assez court, donc qu’il faut se tenir prêt à tout moment, car on ne sait jamais ce qu’il va se passer. Cette année, la constance sera quelque chose d’important, et après être déjà passé par-là, je suis excité à l’idée d’avoir cette nouvelle opportunité. »
Une belle occasion de se faire valoir, qui viendra couronner un parcours exemplaire depuis son entrée dans les rangs juniors.
Un profil complet, une approche particulière
Pour Hart, la route vers le succès fut en effet assez linéaire, le joueur se montrant capable de développer des capacités intéressantes dès son plus jeune âge. Doté d’un gabarit assez moyen (6’2 », 188 livres), Hart ne peut miser sur sa taille pour faire la différence dans les buts. Aussi, c’est par sa technique et son attitude que le portier a su s’imposer comme une référence en WHL. Spécialiste du poste de gardien pour le bureau central de dépistage de la Ligue Nationale, Al Jensen décrivait l’espoir en ces termes en amont du Repêchage 2016:
« Il est très posé, patient et calme dans son filet » notait-il à l’époque, dans un article de Mike Morreale pour le site officiel de la LNH. « Il ne se laisse pas secouer, il peut jouer un bon style papillon, et il sait fermer la porte avec sa jambière. Il est capable de garder son corps droit pour protéger les coins supérieurs du filet, son utilisation de la mitaine est bonne, tout comme son contrôle du rebond. »
Hart affiche donc un profil complet, qui repose également sur une approche intéressante de son poste. En juillet dernier, Sam Donnellon, du Philadelphia Inquirer, revenait par exemple sur la préparation mentale particulière de l’espoir des Flyers. Depuis l’âge de 10 ans, Hart travaille ainsi avec John Stevenson, psychologue du sport et ancien entraîneur des gardiens en LNH (Braden Holtby, l’une des idoles de Hart, fait partie de ses clients), qui l’aide à poursuivre son développement, tout en faisant face à la pression inhérente à son rôle.
Le poste de gardien, plus que d’autres, implique en effet une certaine exposition qui peut vite être difficile à supporter. Et puisque c’est encore plus le cas lorsqu’on est un »prospect » de premier plan tel que Hart, ce type de soutien peut dès lors s’avérer très précieux.
Sans surprise, le dernier rempart des Silvertips valorise donc grandement le travail qu’il a pu effectuer avec Stevenson :
« Il essaie vraiment de rentrer dans ta tête, de jouer avec toi, mais c’est simplement pour t’aider à te concentrer » a-t-il expliqué à l’Inquirer. « L’un des premiers concepts que j’ai retenu c’est d’essayer tout bonnement de contrôler ce que l’ont peut contrôler, sans se soucier du reste. La saison est longue, et il faut vraiment être solide mentalement. Prendre soin de son corps, prendre soin de son esprit et faire le nécessaire pour être reposé. Il faut bien traiter son corps. Si tu te soucies de toutes ces choses-là, ça ira. »
Placide et sûr de lui, Hart travaille aussi des compartiments du jeu relativement variés. Parmi les secteurs mis en avant dans son régime d’entraînement, on retrouve par exemple la vision, un atout dont l’importance est de plus en plus valorisée par les spécialistes du poste. Stevenson, fondateur de l’entreprise Zone Performance, lui fourni ainsi des outils qui lui permettent de travailler cette compétence, comme le logiciel CogniSense:
« CogniSense est un programme où l’on doit enfiler des lunettes 3D et regarder un mur. Il y a 6 balles de tennis, mais ils n’en allument que 2 ou 3. Il faut essayer de se rappeler de la place qu’elles occupaient. Il y a une séquences d’événements et elles se déplacent » explique Hart, dans un excellent article signé Greg Balloch, pour InGoal Magazine. « C’est un super outil pour aider tous les gardiens à développer leur vision périphérique, peu importe leur niveau. Par exemple, sur certains jeux où l’on cherche à jeter un coup d’œil rapide, à anticiper l’action au maximum, ça va être là que la vision périphérique va entrer en jeu. »
Autre outil utilisé par Zone Performance, le « Dynavision board » est une sorte de grande plaque sur laquelle sont disposées des petites ampoules. À chaque fois que l’une d’entre elles s’allume, le gardien doit ainsi réagir en appuyant dessus le plus vite possible. Cet accessoire, présenté ici par l’ex-cerbère Kevin Weekes pour NHL Network, permet à chaque sujet de mesurer son temps de réaction dans différentes zones d’arrêt. Un exercice qui a également séduit Carter Hart:
« La planche Dynavision est super, car elle nous permet vraiment d’identifier nos faiblesses. Comme un arrêt bas de la mitaine, par exemple, ça va te montrer le temps qu’il te faut pour l’effectuer, et si tu dois continuer à le travailler. On peut vraiment voir tout ça se retranscrire dans notre jeu » indique-t-il.
Par le biais de ces différents outils, l’entraînement suivi par Hart cherche donc à améliorer ses capacités à traquer le disque et à anticiper les tirs adverses. Des atouts qui, à la longue, permettent à des gardiens de stature moyenne de briller, sans se reposer uniquement sur leurs qualités physiques.
Au sein de la banque d’espoirs des Flyers, le jeune portier s’impose ainsi comme un élément fort intriguant. Déjà très suivi du fait de ses performances grisantes dans les rangs juniors, Hart saura-t-il confirmer au niveau supérieur? L’Albertain, qui fut le premier gardien sélectionné lors de l’encan amateur 2016, devrait en tout cas débarquer à Philadelphie avec une réputation toute faite. Qu’il parvienne ou non à maintenir ce rythme tout au long de la saison, il sera malgré tout intéressant de voir si son style posé et réfléchi sera aussi efficace chez les professionnels.
Statistiques: Tableau EliteProspects à consulter ici.
He's done it again! @NHLFlyers prospect and @WHLsilvertips goaltender @c_hart70 is your WHL Goaltender of the Week!
DETAILS 📰 | https://t.co/QQJ1Z4fL0d pic.twitter.com/3PlMx2MMlX
— The WHL (@TheWHL) 11 décembre 2017
That means Carter Hart (PHI) and Colton Point (DAL) are the goalies for Team CAN.
— Bob McKenzie (@TSNBobMcKenzie) 16 décembre 2017
[STATS_EQUIPE]PHI[/STATS_EQUIPE]
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