Yaniv Perets: un gardien québécois aux statistiques hallucinantes en NCAA
Yaniv Perets, ce joueur de hockey de Dollard-des-Ormeaux, évolue présentement dans l’anonymat quasi-totale auprès de sa province natale. Le gardien de but revêtit les couleurs des Bobcats de Quinnipac dans la NCAA. Son club évolue notamment au sein de la même division que Sean Farrell dans la ECAC.
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Perets a joué son Midget AAA au Lac St-Louis avant de prendre le cap vers Brockville. Par la suite, il se rend dans les collèges américains dans le programme de Boston avant de se retrouver dans la BCHL en Colombie-Britannique. Le gardien entame finalement son parcours NCAA en 2020 à Quinnipac. Il n’occupe le filet que pour deux matchs et ne donne pas de but. Cette saison, ses statistiques sont hallucinantes ! Ce n’est pas une erreur, il cumule bien 11 jeux blancs sur ses 18 victoires !
Matchs | Moy | Moy | Jeux blancs | Fiche | |
---|---|---|---|---|---|
2021-2022 | 25 | 0.82 | 0.955 | 11 | 18-4-2 |
Le Québécois partage la tâche devant le filet avec Dylan St.Cyr, le fils de Manon Rhéaume. Ce dernier aussi présente un rendement statistique impressionnant. Il faut toutefois souligner que Quinnipac n’a accordé que 34 buts cette saison. C’est deux fois moins que leur plus proche rival dans cette colonne…
Pas important les stats
Dans une entrevue livrée à Nicolas Landry de RDS, Yaniv Perets affirme qu’il n’est nullement au courant à quoi ressemble sa fiche. Pour lui, c’est catégorique: il ne veut rien entendre à ce sujet !
«Si on commence à s’attarder aux chiffres et aux histoires qui y sont rattachées, on peut se perdre et s’éloigner de ce sur quoi on veut vraiment se concentrer»
– Perets en entrevue avec RDS
Sa fiche statistique peut toutefois lui permettre d’aspirer à une chose: le trophée Hobey-Baker. Il figure parmi les favoris au moment d’écrire ces lignes en plus d’avoir une chance d’obtenir le trophée Mike Richter, remis au meilleur gardien de la NCAA.
Mais qu’en est-il du gardien de but en soi ? Comment se fait-il qu’un cerbère de 21 ans, mesurant 6’1 », n’est la propriété d’aucun club NHL ?
Rapport d’observation de Yaniv Perets
Lorsque j’ai vu les statistiques de Perets, je me suis questionné sur cette question. Or, un gardien dans la NCAA, c’est toujours un peu difficile à évaluer. Il faut contextualiser beaucoup de choses extérieures aux statistiques. «Comme pour n’importe quel autre joueur», me direz-vous. Oui, mais c’est pire pour un gardien.
Premièrement, il faut comprendre que Quinnipac évolue dans une division assez faible. Très souvent, Perets est peu testé dans ses matchs. Les Bobcats, en plus d’être dominants dans la ECAC, adoptent un style de jeu défensif qui ferme beaucoup l’enclave.
Par contre, Quinnipac a réussi à vaincre les puissants Huskies de Northeastern en début de saison. La troupe de Jordan Harris et de Jayden Struble n’a su intimider Perets devant le filet, soutirant un jeu blanc. Il ne l’aura pas volé, car dans ce match, il fut excellent.
Positionnement/déplacement
Dans son jeu, j’ai observé quelques lacunes techniques qui pourraient faire grincer des dents les recruteurs. D’abord, il a tendance à se tenir creux dans son filet. Je dirais que la majorité des buts accordés lors des matchs observés aurait pu être évitée par le simple de se tenir plus haut.
Au niveau de son positionnement et de ses déplacements, Perets vient très bien chercher ses poteaux. J’ai observé qu’il garde une bonne connaissance d’où il est rendu dans son demi-cercle.
Autant il peut être parfois creux, autant il est à son meilleur lorsqu’il «challenge» les tirs adverses. Sur la séquence ci-haut, son positionnement ouvre les trous au défenseur. Par contre, on peut voir ci-bas toute son efficacité lorsqu’il fonce vers l’avant pour couvrir un maximum d’angle.
J’aime aussi sa façon de se déplacer. Il est assez calme devant son filet et dans ses déplacements. Je l’ai rarement vu être déporté hors de son demi-cercle. C’est un bon mélange de combativité et de technique chirurgicale.
Vision
Le Québécois m’a démontré qu’il avait une bonne vision sur la rondelle. Dans le jargon, on parle de «puck tracking». Il s’organise constamment pour garder la rondelle des yeux. Par contre, bien qu’il localise la rondelle rapidement, je trouve qu’il se fait battre trop souvent par des tirs sans écran. Évidemment, au nombre de buts qu’il a donné cette saison, l’échantillon est petit. Or, souvent les tirs qui le battaient ne comprenaient pas d’écran devant lui. Avec écran, il arrivait de le voir surpris par le tir.
Je pense qu’il y a une certaine corrélation à faire entre son positionnement creux et le fait qu’il se fait battre sans écran. Lorsqu’il fait face au tir de façon agressive comme sur la première vidéo, il est en mesure de faire l’arrêt sans se faire surprendre (bien qu’il cherche la rondelle après coup).
Une chose par contre qui me tanne dans son «puck tracking», c’est lorsque la rondelle est derrière le filet. Il a tendance à tourner la tête du mauvais sens et cette fraction de seconde pourrait être de trop advenant un déplacement rapide vers l’enclave. Il le fait très souvent et c’est une méthode peu conventionnelle qui risque de lui nuire à mon avis. Vous serez à même de le constater dans la 2e vidéo.
Projection
Donc, après avoir scruté le volet technique, pourquoi donc n’a-t-il pas été repêché ? Son parcours est tout sauf normal. Il a excellé partout où il est passé, mais c’était souvent dans des ligues peu scrutées et par conséquent, qui affichent un calibre moins relevé.
Yaniv Perets a su montrer de quel bois il se chauffait cette saison contre des clubs comme North Dakota (victoire 5-2) et Northeastern (victoire 3-0). Toutefois, l’échantillon de bonnes performances contre des équipes de qualité demeure encore à ce jour trop petit pour projeter Perets dans la NHL.
Et qui plus est, lors de ces matchs, il n’a pas reçu énormément de tirs non plus. Le système de Quinnipac aide énormément présentement.
On peut partir un débat sur le fait qu’il est peu testé dans les matchs, certes. Depuis le début de la saison, il a fait face à 420 tirs sur un total de 24 parties. Les gardiens qui ont une semblable charge de travail font face à 7-800 tirs normalement cette saison. Par contre, ses jeux blancs, il les a cumulé et personne ne peut y enlever. 11 jeux blancs en 18 victoires, c’est tout à son honneur malgré tout le contexte !
Yaniv Perets est âgé de 21 ans et il en est à sa première année complète dans la NCAA. Il a le temps de se développer, mais il risque d’entrer tranquillement dans le radar des recruteurs professionnels. Il lui manque encore un morceau primaire au développement d’un gardien à mon avis et c’est la gestion d’une charge de travail importante. À ce jour, le rendement général de Perets est souvent moins bon au lendemain d’un autre match. Pas statistiquement, mais plutôt au niveau technique. Ses lacunes ressortent plus au 2e match en autant de soirs au cours duquel il est appelé à garder les buts. Et ce, en n’ayant pas été très testé la veille…
C’est un bon gardien avec de belles aptitudes qui, dépourvu d’échantillon de qualité, n’a pu attirer les yeux des recruteurs à ses années de repêchage.
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