À la loupe: deux entraîneurs potentiels pour Las Vegas
Elliotte Friedman, de Sportsnet, a récemment rédigé sa dernière chronique \ »30 Thoughts\ », abordant au passage le sujet de l\’expansion à Las Vegas. Pour le journaliste, deux noms d\’entraîneurs seraient d\’ores et déjà à prendre en considération dans la course pour le 31ème poste de coach à travers la ligue : Jim Montgomery et Travis Green. Deux profils différents, déjà évoqués comme potentiels candidats à certaines places libres durant l\’été dernier…
Jim Montgomery, l\’architecte de Denver
L\’actuel technicien des Pioneers fut un modeste joueur de centre dans la LNH des années \’90, alternant de courts passages dans différentes formations du circuit (il est même brièvement passé par Montréal en 1994) sans jamais s\’imposer pour plus d\’une vingtaine de matchs par saison. Si son passeport affiche bien la nationalité canadienne, c\’est cependant à travers la NCAA et le système universitaire américain que Jim Montgomery s\’est forgé comme joueur et comme coach. En 1993, il y remporte le championnat de Division I avec les Black Bears du Maine, dont il est le capitaine. À ses côtés, un certain Paul Kariya crève l\’écran alors que l\’association des deux hommes porte l\’université vers les sommets. De cette période faste demeure ainsi deux bannières accrochées au plafond de l\’Alfond Arena : celles de leurs numéros respectifs, retirés peu de temps après le départ du duo pour la Ligue Nationale.
Retraité en 2005, Montgomery ne perd pas de temps pour revenir dans l\’univers du hockey, en acceptant dans la foulée un poste d\’adjoint en NCAA, du côté de Notre Dame. Après un passage de plusieurs années et un titre de champion (en 2011) dans l\’USHL, le circuit junior américain, il prend ensuite les rênes du programme de l\’Université de Denver en 2013. Rapidement, il installe les Pioneers sur la voie du succès et développe un jeu offensif chatoyant, transformant la cité des Rocheuses en place forte du hockey universitaire. Depuis trois saisons, Montgomery parvient toujours à emmener ses hommes au tournoi printanier de la NCAA, les conduisant même au Frozen Four l\’an passé, avant un échec en demi-finales face aux futurs champions, les Fighting Hawks de North Dakota.
Cette saison, le tacticien s\’est adapté aux changements de son effectif en modifiant légèrement sa philosophie. Comme l\’exposait alors Mike Chambers du Denver Post, les départs vers la LNH de Trevor Moore (engagé avec Toronto) et Danton Heinen (désormais aligné avec Boston) ont fini par rendre l\’attaque des Pioneers moins explosive, forçant Montgomery à se baser davantage sur une défense tenace et quasi inchangée, emmenée par l\’arrière senior Will Butcher. Une mutation identitaire qu\’il assume largement, comme il l\’explique dans cet article de Candace Horgan pour uscho.com :
\ »Il a été dit que la force de notre équipe en ce début d\’année serait notre brigade défensive, en attendant que nos jeunes attaquants prennent confiance, notamment via cette capacité qu\’ils ont de dominer les matchs en n\’accordant que peu d\’entrées en zone, tout en limitant l\’espace et le temps offerts à l\’adversaire\ » expliquait-il, \ »La façon dont ils ressortent le disque et comment ils réussissent à bloquer les transitions offensives sont deux caractéristiques importantes de nos succès récents.\ »
S\’appuyer sur sa solide base arrière pour générer un maximum d\’offensive sera donc l\’enjeu principal de la saison pour Montgomery, avant peut-être de faire le grand saut en LNH l\’été prochain. Si George McPhee décide de consulter le coach canadien pour le poste de Vegas, il devrait normalement trouver un interlocuteur à l\’écoute, déjà approché par Calgary il y a quelques semaines. En matière de coaching, notre homme a par ailleurs su se montrer capable de distiller à Denver un jeu d\’attaque séduisant, idéal dans l\’optique de donner un visage avenant à la nouvelle franchise d\’expansion.
Travis Green, bricoleur de l\’ombre à Utica
Ancien centre des Islanders de New York, également passé par Anaheim, Boston, Phoenix et Toronto, Green fut un attaquant régulier (970 matchs joués pour 455 points) et respecté depuis son arrivée chez les pros en 1992 jusqu\’à sa retraite des patinoires nord-américaines, en 2007. Après une pige de joueur à Zoug, en Suisse, il rejoint en 2008 la direction sportive et le staff technique des Winterhawks de Portland, en WHL. Nommé entraîneur-chef de l\’équipe au cours de la saison 2012/13, il dirige les locataires du Moda Center vers un titre de champion de la Ligue de l\’Ouest, avant de s\’incliner en finale de la Coupe Mémorial face aux Mooseheads d\’Halifax. À l\’intersaison suivante, il s\’installe sur le banc des Comets d\’Utica, le club-école des Canucks en LAH.
Sur place, il réalise un superbe coup d\’éclat durant la saison 2014/15 en emmenant les siens vers les sommets de la Ligue Américaine, jusqu\’aux dernières joutes pour la Coupe Calder. Malheureusement, c\’est une nouvelle défaite en finale qui attend Travis Green, dont les hommes tombent en 5 matchs face aux Monarchs de Manchester. Comme expliqué par Ben Birnell, en amont de cette interview du coach pour uticaod.com, le travail réalisé par Green chez les Comets s\’est apparenté l\’an dernier à un raccommodage sans fin, alors que son effectif s\’est trouvé perpétuellement remanié. La cause ? Une avalanche de blessures à Vancouver et la nécessité, pour la direction, de piocher dans l\’alignement de LAH afin de pallier aux absences. À l\’arrivée, près d\’une cinquantaine de joueurs différents sont passés sous les ordres de Green au cours de la saison 2015/16. Une instabilité chronique qui n\’a cependant pas empêché le coach canadien de conduire son groupe en séries éliminatoires, où Utica s\’est toutefois fait écarter dès le premier tour par les Devils d\’Albany.
Meneur d\’hommes appréciant les joueurs au caractère solide, Green n\’est pas du genre à se laisser abattre dans des situations complexes. Pour preuve, le technicien a conservé, toute la saison durant, son mantra plaçant l\’implication au cœur de sa gestion d\’un alignement pourtant constamment modifié, comme détaillé ici à Rob Williams de dailyhive.com :
\ »Je suis exigeant. J\’attends beaucoup de mes joueurs. Mais dans l\’autre sens, je leur en donne tout autant. Je suis juste, ouvert et honnête. Du coup, je crois qu\’ils me font confiance, mais savent que je veux le meilleur de leur part.\ » résume-t-il, \ »Je les pousse beaucoup. Mon but est de mettre en place certaines choses, et je suis un peu obstiné dans l\’optique de faire appliquer mes choix, mais je pense tout de même être juste.\ »
Un technicien capable de maintenir un certain niveau d\’exigence au sein d\’un groupe en mutation semble bien s\’accorder au profil recherché par une équipe d\’expansion. Pour les dirigeants de Las Vegas, le CV de Travis Green, qui fut également consulté par les Ducks et l\’Avalanche durant la saison morte, sera probablement à l\’étude. Avec son statut de bricoleur hors pair à la tête d\’Utica, notre homme pourrait peut-être s\’avérer comme un bon choix afin de diriger l\’effectif qui sera monté de toutes pièces l\’été prochain par George McPhee.
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