Alexandre Daigle: une carrière sous le signe de la déception
Il y a un peu plus de 19 ans, les Flyers faisaient l’acquisition de l’attaquant québécois, Alexandre Daigle des Sénateurs d’Ottawa. En retour, les Sens ont reçu Vaclav Prospal, Pat Falloon et un choix de 2e ronde de 98 qui est devenu Chris Bala. La question que l’on doit se poser, c’est pourquoi les Sénateurs ont échangé le tout premier choix du repêchage de 1993 aux Flyers?
Alexandre Daigle, un nouveau Wayne Gretzky?
Alexandre Daigle a été repêché par les Sens en 1993 après avoir connu 2 saisons incroyables avec les Tigres de Victoriaville en récoltant 110 et 137 points respectivement. Ces performances lui ont donc valu l’honneur d’être le 1er appelé au podium dans une cuvée renfermant des joueurs tels que Chris Pronger, Paul Kariya, Jason Arnott, Todd Bertuzzi et Saku Koivu, mais Daigle était comparé à nul autre que la Merveille, Wayne Gretzky.
Daigle s’amène donc avec les Sénateurs dès l’âge de 18 ans et il parvient à cumuler un très bon total de 51 points en 84 matchs, dont 20 buts. L’année suivante, on décrète un « lock-out » dans la LNH pour un conflit de travail entre la LNH et l’AJLNH, ce qui force les Sens à retourner Daigle à Victoriaville jusqu’à ce que les hostilités reprennent. Jusqu’à maintenant, le québécois s’en sort très bien, car à son retour, il cumule 37 points en 47 matchs et termine 2e marqueur de son équipe derrière Alexei Yashin.
C’est en 1995 que les problèmes commencent alors qu’il connait une saison très décevante. Il parvient à inscrire un maigre total de 17 points en 50 matchs, dont seulement 2 buts, mais l’année suivante, il se reprend de plus belle avec 51 points et 26 buts. Des saisons de 50 points, c’est bon pour un jeune joueur considéré offensif en 2017, mais en 1996-97, la LNH comptait 2 marqueurs de 50 buts et 13 marqueurs de 85 points et plus et pour un ancien 1er choix maintenant âgé de 21 ans, on commençait à s’impatienter du côté d’Ottawa. Daigle était critiqué de façon virulente, car après 4 saisons complètes dans la LNH, les partisans qui s’attendaient à avoir un Gretzky #2, se retrouvent avec un bon joueur avec du talent, mais inconstant.
Son inconstance aura donc forcé le directeur général de l’époque à choisir entre lui et Alexei Yashin qui produisait de façon régulière et qui était spectaculaire à regarder jouer. Les Sénateurs ont vite compris qu’ils étaient loin de détenir un Wayne Gretzky dans leur alignement et c’est pourquoi Pierre Gauthier a décidé d’envoyer Daigle aux Flyers de Philadelphie en janvier 98 et laisser toute la place à Yashin qui produisait plus de 75 points par saison.
Série de transfert, série d’insuccès
Il termine la saison avec 26 points en 37 matchs avec les Flyers et entame la saison suivante avec eux, mais après 31 matchs, les Flyers se rendent compte assez rapidement qu’ils ont acquis un joueur dont l’attitude était discutable et ils décident de transiger Daigle à Tampa Bay en retour d’Andrei Kovalenko. Son passage en Floride sera bref, car il termine la saison 1998-99 avant d’être encore une fois impliqué dans une transaction l’envoyant avec les Rangers de New York pour des considérations futures.
Un ancien 1er choix au total part de « futur Gretzky » et il se retrouve à être transigé à 3 reprises en moins de 7 ans. Cette fois, Alexandre Daigle demeure avec la même organisation et durant la saison 1999-2000 il produit un total de 26 points en 58 matchs avant de se retrouver avec les Wolf Pack de Hartford dans la AHL. Pour la 1re fois de sa carrière, Daigle doit aller disputer des matchs dans la ligue américaine pour des raisons de non-production offensive alors qu’il a toujours reçu le traitement de « vedette ».
Après le cinéma, retour au hockey
Cette rétrogradation fait réfléchir l’attaquant québécois qui décide d’abandonner le hockey afin de devenir acteur au cinéma. Il quitte donc le hockey professionnel pendant 2 ans, mais tout comme le hockey, sa carrière artistique ne lève pas du tout. Bien qu’il tente de percer dans ce domaine, il continue de s’entraîner pour se garder en forme et c’est alors qu’à l’été 2002, il décide de revenir dans le monde du hockey. Il s’entend avec l’organisation des Penguins de Pittsburgh et débute la saison 2002-03 à Wilkes-Barrie/Scranton. Il y récolte 38 points en 40 matchs et fait ouvrir les yeux de la direction qui décide de le rappeler et le faire terminer la saison à Pittsburgh où il y récolte seulement 7 points en 33 matchs.
Devenant joueur autonome sans compensation à l’été 2003, il s’entend avec le Wild du Minnesota. Ne s’attendant pas à de grandes prouesses de la part de Daigle, le Wild finit la saison agréablement surpris, car ce dernier termine avec 51 points en 78 matchs, ce qui le place dans les candidats pour l’obtention du trophée Bill Masterton remis au joueur avec la plus grande ténacité, mais ce sera Bryan Berard qui repartira avec le trophée.
Après le « lock-out » de 2004-05, les hostilités reprennent et Daigle s’aligne pour le Wild pour une 2e saison de suite, ce qui est une première pour lui depuis 1998. Malheureusement, il ne parvient pas à reproduire ses prouesses de la dernière saison et le 6 mars 2006 s’arrête sa carrière dans la LNH alors que le Wild décide de l’envoyer dans la AHL avec les Monarchs de Manchester.
Exil en Europe
Alexandre Daigle n’aura plus aucune chance de rejouer un jour dans la LNH et c’est pourquoi il décide d’accepter un contrat avec le HC Davos dans la ligue nationale suisse. Le québécois jouera 3 saisons à Davos et à la saison 2009-2010, il change d’adresse 3 fois en partant de Davos vers Fribourg-Gotteron pour revenir à Davos et finir Langnau.
La saison 2009-10 sera sa dernière en carrière dans le hockey professionnel, car à l’âge de 35 ans, Alexandre Daigle décide de prendre sa retraite.
Une science inexacte
Le rang de sélection ne représente pas toujours la qualité du joueur. Plusieurs facteurs doivent être considérés lors du développement d’un joueur en partant par l’attitude de celui-ci, mais également le système mis en place par l’équipe pour développer ce joueur. Alexandre Daigle est souvent cité en comparaison lorsqu’on parle d’un joueur hautement repêché dont le potentiel tarde à être exploité, mais force est d’admettre que le joueur natif de Montréal avait ce qu’il fallait pour jouer dans la LNH, mais pas ce qu’il fallait pour être un tout premier choix devant Chris Pronger.
Les circonstances de sa sélection ont beaucoup été critiquées alentour de la ligue, car on a longuement accusé les Sénateurs d’avoir volontairement perdu pour être sûrs d’avoir le premier choix, mais au final, ce cadeau aura été empoisonné. C’est pourquoi la LNH compte sur un système de loterie pour l’obtention des premiers rangs de sélection afin d’éviter qu’une équipe en reconstruction perde volontairement afin de construire une équipe dominante à tous les niveaux. Seuls les Oilers ont pu repêcher beaucoup de 1er choix dans les dernières années, mais on peut mettre ça sur le dos de la chance, forcément.
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