Chronique vintage | « Ils ont inventé un règlement à cause de Martin Brodeur » – Lou Lamoriello
C’était mardi après-midi que l’on allait connaître les nouveaux intronisés au Temple de la Renommée du hockey pour l’année 2018.
Si l’on ne s’attendait pas à voir Gary Bettman, toujours actif, en tant que bâtisseur, mais on s’attendait assurément de voir l’ancien gardien des Devils du New Jersey, Martin Brodeur et c’est effectivement ce qui s’est passé.
Une sélection qui change une organisation
C’est en 1990, lors du repêchage de la LNH que la vie du jeune homme originaire de Montréal changera à tout jamais. Ce repêchage mettait en vedette les Jaromir Jagr, Owen Nolan, Keith Primeau et Darryl Sydor et les Devils du New Jersey détenaient la 20e sélection (sur 21) après avoir réalisé une transaction avec les Flames de Calgary pour un échange de choix (le 11e pour le 20e). Les Devils étaient dans la ligue depuis 1982 et tentaient de se débarrasser de cette réputation que leur avait donnée Wayne Gretzky en mentionnant que c’était une organisation de « Mickey Mouse » en 1984. Le directeur général Lou Lamoriello en était à son 3e repêchage depuis son arrivée en poste et il tentait tant bien que mal de garnir cette équipe de talent. Il sélectionne donc le jeune gardien de 18 ans des Lasers de St-Hyacinthe, Martin Brodeur après que ce dernier eut terminé la saison 1989-1990 avec moyenne de 4.02 buts accordés par match.
Le style de gardien des années 90 était complètement différent d’aujourd’hui, ce qui implique que Brodeur a maintenu des moyennes excessivement hautes avec 3.30 et 3.39 respectivement dans ces 2 saisons, mais à la fin de la saison 1991-92, on le rappelle d’urgence au New Jersey. Il a la chance de disputer ses tout premiers matchs dans la ligue et sa moyenne est loin d’être meilleure avec 3.35 en 4 rencontres. L’année suivante, il débute officiellement sa carrière professionnelle avec les Devils de Utica dans la LAH et dans lequel il dispute 32 matchs. Il remporte 14 de ses 32 matchs et maintient encore une fois une très ronflante moyenne de 4.03 buts accordés par match. Lamoriello fait fie des statistiques et accorde le filet des Devils du New Jersey à Brodeur lors de la saison 1993-94 et le gardien québécois ne rejouera plus du tout dans la LAH, car c’est à l’âge de 21 ans que son talent se développe de façon exponentielle.
Dans une classe à part, dès son arrivée
Sa saison 1993-94 se classe parmi l’une des meilleures saisons de Brodeur en carrière, car il a maintenu une moyenne de 2.40 buts accordés par match, ce qui relevait du domaine de l’incroyable à cette époque. Seuls les Patrick Roy, Dominik Hasek, Mike Richter et James Vanbiesbrouck pouvaient maintenir des moyennes aussi dominantes et le gardien de 21 ans s’est démarqué par cette prouesse en remportant le trophée Calder remis au meilleur joueur recru de la ligue. La tenue de Martin Brodeur a également permis aux Devils de se rendre jusqu’en finale de conférence avant de s’incliner contre les champions de la coupe Stanley, les Rangers de New York. Ce n’était que partie remise, car c’est en 1995 le québécois soulève sa 1re coupe Stanley. Après avoir connu une saison plus difficile statistiquement parlant, il se reprend de plus belle lors du tournoi printanier et n’accorde que 1.67 but par match pour éliminer tout le monde sur leur passage, incluant un coup de balai contre les Red Wings en finale.
Par la suite, les saisons de Brodeur sont tout autant dominantes les unes que les autres, mais sans toutefois parvenir à franchir le cap de la 3e ronde éliminatoire de 1996 à 1999.
Saisons | Fiche | Moyenne |
---|---|---|
1995-96 | 34-30-12 | 2.34 |
1996-97 | 37-14-13 | 1.88 |
1997-98 | 43-17-8 | 1.89 |
1998-99 | 39-21-10 | 2.29 |
Lors de cette période, Brodeur a connu les meilleures statistiques, en termes de but accordé, de sa carrière, mais n’a jamais pu toucher le trophée Vézina remis au meilleur gardien de but de la ligue. Néanmoins, il joue pour remporter la coupe Stanley et c’est ce qui se produit en 1999-2000. Fort d’une saison de 43 victoires, Brodeur et les Devils éliminent les Panthers, les Maple Leafs, les Flyers et les champions de la coupe Stanley, les Stars de Dallas pour remporter la 2e coupe Stanley de l’histoire de la concession. Après avoir éliminé les champions, les Devils se font faire le même coup en 2001, perdant en finale aux mains de l’Avalanche du Colorado, mais Brodeur et les Devils demeure encore l’une des équipes les plus redoutable de la ligue et parviennent à revenir en finale en 2003, cette fois contre les Mighty Ducks d’Anaheim. Les Devils parviennent à vaincre les Ducks de peine et de misère à cause d’un joueur: Jean-Sébastien Giguère. C’est d’ailleurs lui qui a remporté le trophée Conn Smythe et c’est d’ailleurs l’un des 2 seuls trophées que Brodeur n’a jamais pu toucher dans sa brillante carrière avec le Hart.
Un nouveau règlement à cause de Martin Brodeur
Après la saison 2003-04, la LNH tombe en lock-out et on décide de réviser certaines règles du hockey pendant ce temps. L’une des forces de Brodeur était ses réactions instinctives pour arrêter la rondelle, un peu comme Dominik Hasek, mais sa plus grande force était le contrôle de rondelle alentour de son filet à un point tel qu’il devenait comme une sorte de 3e défenseur pour son équipe.
Lamoriello sortait d’un long meeting (cas Tavares?) lorsque je l’ai joint au téléphone pour parler de Brodeur.
« Nous misions sur l’un des meilleurs, sinon le meilleur gardien de l’histoire du hockey. Ils ont même inventé un règlement à cause de lui. » https://t.co/EjeElYM0gy— Jonathan Bernier (@JBernierJDM) 27 juin 2018
On a effectivement inventé le « trapézoïde » derrière le filet, faisant en sorte qu’à la reprise des activités, aucun gardien ne pouvait s’aventurer dans les coins de patinoire lorsque la rondelle est rejetée en territoire adverse, sous peine d’une pénalité de 2 minutes. Lamoriello l’a dit lui-même, on a inventé un règlement à cause de Martin Brodeur.
L’histoire s’écrit
Après le lock-out, Brodeur écrit une page d’histoire en devenant le gardien le plus victorieux en saison régulière. En effet, il parvient à dépasser les 551 victoires que Patrick Roy a enregistrées durant sa carrière et il le dépasse lors de la saison 2007-08. L’année suivante, Brodeur écrit une autre page d’histoire en devenant le 1er gardien à enregistrer le plus de jeux blancs en saison régulière. En effet, durant la saison 2008-09, il dépasse la marque des 103 jeux blancs détenus par Terry Sawchuk.
Un divorce nécessaire
Après 4 autres saisons dans l’uniforme rouge et noir, dont une où il atteindra une fois de plus la finale de la coupe Stanley, l’association de Martin Brodeur et les Devils se termine en 2014 à l’âge de 43 ans. En effet, le vétéran gardien désire poursuivre pour une autre saison et Lou Lamoriello avait déjà prévu « l’après-Brodeur » en allant chercher le gardien Cory Schneider chez les Canucks de Vancouver. N’ayant plus la liquidité requise pour garder le québécois, les 2 clans se séparent et Brodeur trouve un nouveau refuge à Saint-Louis avec les Blues. Son passage à Saint-Louis sera toutefois de courte durée puisqu’il n’y disputera que 7 rencontres dans lequel il pourra maintenir une moyenne de 2.87 buts accordés par match. Il réalise alors que l’heure de la retraite a sonné et le 27 janvier 2015, il annonce sa retraite officielle du hockey professionnel. Ne pouvant pas s’en éloigner trop, Brodeur est nommé directeur général adjoint des Blues de Saint-Louis et il exerce toujours ces fonctions depuis ce temps.
Sa carrière en chiffre
Martin Brodeur c’est…
21 saisons, dont 20 avec les Devils du New Jersey
1266 départs
691 victoires
125 jeux blancs
2.24 de moyenne de but accordé
0.912% d’efficacité
1 trophée Calder
5 trophées William Jennings
4 trophées Vézina
3 coupes Stanley
Martin Brodeur détient des records que probablement aucun gardien ne pourra franchir comme celle des jeux blancs, car le gardien actif le plus près est Roberto Luongo avec 76. Il était évident que Martin Brodeur entrerait au Temple de la Renommée du hockey après avoir vu son chandail #30 monter dans les hauteurs du Prudential Center et surtout après avoir connu une carrière couronnée de succès, écrivant même l’histoire centenaire de la LNH. Il s’agit d’un honneur bien mérité pour le québécois dont certains arrêts demeurent encore gravés dans la mémoire de beaucoup de partisans.
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