Chronique vintage | Mike Komisarek: une ascension impressionante autant que la chute !
Les années 90 du Canadien de Montréal se sont déroulées en 2 teintes. Les premiers 5 ans ont été marqués par la coupe Stanley en 1993 et du succès de l’équipe en général, mais depuis ce fameux 2 décembre 1995, l’organisation venait d’entamer une descente vers les bas-fonds de la ligue, comme ce fut le cas en 2000-01 alors que le tricolore terminait la saison avec une mince récolte de 70 points. Cette saison de misère aura cependant permis à l’équipe de repêcher au 7e rang au total de l’encan 2001, dont les 2 grandes vedettes de ce repêchage étaient Ilya Kovalchuk et Jason Spezza.
Une cuvée pas très profonde
André Savard décide d’y aller avec le robuste défenseur, Mike Komisarek pour ce 7e choix. Est-ce que ce choix aura été le bon pour le Canadien? En regardant le reste de la 1re ronde, Dan Hamhuis ou R.J Umberger auraient probablement été de meilleurs choix, mais dans l’ensemble, le choix de Komisarek était bon dans une cuvée un peu mitigée sur le plan de la profondeur.
Le défenseur américain s’alignait pour l’université du Michigan lorsqu’il fut sélectionné et l’année après sa sélection, il a été renvoyé dans la CCHA afin de parfaire son jeu. En 2002, Komisarek est prêt à entamer sa carrière professionnelle et Michel Therrien décide de lui faire une place dans son alignement partant, et ce, à seulement 19 ans. Komisarek dispute 21 matchs à Montréal, mais ne parvient pas réellement à s’imposer en tant que défenseur et André Savard décide de le rétrograder avec les Bulldogs de Hamilton pour qu’il puisse terminer la saison 2002-03. Le temps nous dira que ce fut une bonne décision, car Komisarek a aidé les Dogs à se rendre jusqu’en finale de la coupe Calder contre les Aeros de Houston.
Les meilleures années du défenseur
Entre 2003 et 2005, incluant le lock-out, Komisarek a fait la navette entre la AHL et la LNH, mais il s’est réellement établi dans la LNH à la reprise des activités en 2005-06, sous les ordres de Claude Julien. Le rôle de Komisarek sera d’être efficace en défensive en plus de faire payer l’adversaire qui s’aventure de son côté et Julien eut la bonne idée de jumeler le robuste défenseur au talentueux et intelligent Andrei Markov. Markov avait déjà plusieurs saisons d’expérience derrière la cravate et à l’époque, on disait de lui qu’il était le général à la ligne bleue du Canadien.
Considérant que Markov aimait bien s’aventurer dans la zone offensive à quelques occasions, Mike Komisarek représentait le défenseur parfait pour jouer avec lui, car il pouvait combler certaines carences défensives du défenseur russe. Le jumelage avec Markov a permis à Komisarek d’avoir une stabilité défensive incroyable et à un point tel qu’on le considérait comme le défenseur #2 de la formation derrière Markov et même après le congédiement de Julien. Même sous les ordres de Guy Carbonneau, Mike Komisarek effectuait son travail à merveille et si bien que le sujet qui commençait à être discuté en 2008, c’était de savoir si le défenseur américain pourrait devenir le capitaine du Canadien après le départ de Saku Koivu.
Le début de la fin avec le Canadien
La saison 2008-09 fut difficile pour plusieurs membres du Canadien, incluant Komisarek. Le 13 novembre 2008 durant un match contre les Bruins de Boston, Milan Lucic et Komisarek décident de jeter les gants afin de se livrer un combat virulent, et ce, à l’avantage de Lucic et de façon claire. Plusieurs analystes de hockey s’entendront pour dire que ce combat marquera le début de la fin pour Mike Komisarek. Ce dernier a semblé subir des blessures mentales, car après ce combat, il n’était plus aussi solide physiquement, mentalement et dans sa relance offensive. Il se faisait prendre de vitesse à plusieurs occasions et il n’était plus capable de frapper comme il nous avait habitués par le passé.
Ça n’empêchera pas les partisans de le sélectionner au match des étoiles de 2009, se déroulant à Montréal en raison de leur saison centenaire, mais cette nomination sera contestée, car le défenseur défensif ne méritait pas vraiment cet honneur. À sa dernière année de contrat, Komisarek ne l’aura pas eu facile, notamment en étant infligé par les blessures, mais il pouvait tout de même espérer signer une prolongation de contrat à la fin de la saison, car Bob Gainey ne négociait aucun contrat en cours de saison.
Le grand ménage
Bob Gainey avait de grandes attentes de son équipe en 2008-09, mais force est d’admettre que cette saison s’est terminée sous le signe de la déception alors que Guy Carbonneau a été congédié en cours de saison et ils ont subi une élimination rapide en 4 matchs contre les Bruins de Boston, en 1re ronde. Avec près de 10 joueurs sans contrat à l’été 2009, Gainey a décidé de chambouler le noyau de son équipe et Komisarek fut l’un des joueurs sacrifiés par le directeur général. Joueur autonome sans compensation, Gainey lui a informé qu’il ne recevrait pas d’offres de contrat et âgé de 25 ans, le défenseur devenait disponible pour les 29 autres formations de la LNH.
Il en a d’ailleurs profité pour signer un contrat à long terme avec les rivaux du Canadien, les Maple Leafs de Toronto, dont le contrat de 5 ans lui rapporterait 4.3 millions par saison.
Gros contrat; petit rendement
Les Maple Leafs ont participé aux séries 1 seule fois depuis la saison 2003-04 et ce n’est pas pour rien. Si on peut voir une nette amélioration en termes de talent cette saison, ils ont longuement souffert du manque de profondeur à toutes les positions et ce n’est pas Mike Komisarek qui aurait pu changer la donne à l’époque où il est arrivé dans la grande ville de Toronto. Au total, il aura disputé 159 matchs en 4 saisons durant laquelle il aura été frappé constamment par les blessures d’une part, mais il a également visité la galerie de presse plus d’une fois lors de son séjour avec les Leafs. En 2012-13, l’organisation n’hésitera pas à l’envoyer dans la AHL avec les Marlies, car le défenseur ne jouait plus du tout comme dans ses belles années avec le Canadien.
Cette saison écourtée post lock-out octroyait le droit à toutes les équipes de racheter 2 contrats sans toutefois être pénalisé au niveau de la masse salariale. Les Leafs ont donc profité de ce rachat d’amnistie afin de racheter la dernière année du contrat de Komisarek, ce qui rendait le défenseur libre comme l’air à l’été 2013.
Court passage en Caroline, un essai professionnel et retour où tout a commencé
Certains dirigeants aiment bien prendre de petits risques lors de la saison morte, car souvent, ça peut rapporter des bénéfices à un moindre coût. C’est ce que Jim Rutherford a fait alors qu’il était directeur général des Hurricanes, en signant Komisarek pour un maigre salaire de 700 000$ pour la saison 2013-14. Bien que ce salaire était une baisse considérable pour le défenseur, il était toujours payé par l’organisation des Maple Leafs, suite à son rachat et on pouvait croire qu’un changement d’air pourrait relancer la carrière de celui-ci en Caroline. Ce ne fut pas le cas. L’entraîneur-chef, Kirk Muller a utilisé Komisarek de façon sporadique et ce dernier a terminé la saison avec un maigre total de 32 matchs dans une saison tout autant difficile que les précédentes.
Comme c’est souvent le cas avec les joueurs qui subissent un déclin aussi important, à l’été 2014, Komisarek s’est vu forcé d’accepter un essai professionnel avec les Devils du New Jersey afin de prouver qu’il peut encore évoluer dans la LNH. Malheureusement pour lui, ce sera ses derniers coups de patin sur une patinoire de la LNH, car les Devils décident de ne pas retenir ses services à la fin du camp d’entraînement. C’est alors qu’il décidera de retourner à l’université du Michigan afin de compléter ses études en gestion du sport et communications. Les Wolverines du Michigan lui ont d’ailleurs offert un poste d’entraîneur adjoint pour la saison 2015-16.
Le point tournant d’une carrière
Le jeune Komisarek connaissait une progression intéressante avec le Canadien et le duo qu’il formait avec Markov était une force pour l’organisation, mais le point tournant de sa carrière semble avoir été ce combat contre Lucic. Est-ce qu’un joueur qui subit une raclée durant un match peut être affecté au point d’en perdre tous ses repères, et ce, à tous les niveaux? Il semble que ce soit bien le cas pour ce qui est de Mike Komisarek qui, malgré toutes sortes de difficultés, était qualifié comme le joueur le plus sympathique de la LNH, selon les journalistes sportifs. Un dénouement bien triste pour ce défenseur promis à un grand avenir lorsqu’il fut sélectionné en 2001.
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