Le trophée du Président, un gage de succès?
En théorie, la meilleure équipe en saison régulière devrait remporter les grands honneurs sans trop de problèmes. Le hockey des séries est toutefois une autre paire de manches; le jeu se resserre, les coups ne sont pas ménagés et les arbitres sont plus permissifs, ce qui fait en sorte que tout peut arriver. Parlez-en aux Kings de 2012 ou au Canadien l’an passé pour ne nommer qu’eux. Mais est-ce que le fait de remporter le championnat de la saison régulière offre une longueur d’avance vers la coupe Stanley?
À première vue, on peut affirmer que non puisqu’aucun gagnant du Président a remporté le précieux trophée depuis les Blackhawks en 2013. En fait, seulement huit équipes ont gagné le trophée du Président et la Coupe la même année depuis son instauration lors de la saison 1985-86. On aurait vraisemblablement pu en rajouter une autre avec les Oilers de 1986 si ce n’avait pas été de la bourde de Steve Smith.
Les équipes qui ont remporté le trophée du Président et la Coupe Stanley la même année
Équipe | Fiche | Finale de la Coupe Stanley |
Oilers d’Edmonton 1987 | 50-24-6 (106 pts) | Victoire en 7 matchs face aux Flyers. |
Flames de Calgary 1989 | 54-17-9 (117 pts) | Victoire en 6 matchs face au Canadiens. |
Rangers de New York 1994 | 52-24-8 (112 pts) | Victoire en 7 matchs face aux Canucks. |
Stars de Dallas 1999 | 51-19-12 (114 pts) | Victoire en 6 matchs face aux Sabres. |
Avalanche du Colorado 2001 | 52-16-10-4 (118 pts) | Victoire en 7 matchs face aux Devils. |
Red Wings de Détroit 2002 | 51-17-10-4 (116 pts) | Victoire en 5 matchs face aux Hurricanes. |
Red Wings de Détroit 2008 | 54-21-7 (115 pts) | Victoire en 6 matchs face aux Penguins. |
Blackhawks de Chicago 2013 | 36-7-5 (77 pts) | Victoire en 6 matchs face aux Bruins. |
Quand on gratte un peu la surface, on peut toutefois remarquer que la plupart de ces équipes avaient un long printemps. Outre les huit gagnants, trois autres clubs (les Bruins en 1990, les Red Wings en 1995 et les Canucks de 2011) se sont rendus en grande finale et plus de la moitié des gagnants ont atteint la finale de leur conférence. De plus, on constate que la meilleure fiche est souvent précédée ou suivie d’une présence en finale de la Coupe, particulièrement dans les dernières années alors que huit des dix derniers récipiendaires du trophée du Président revenaient ou ont été en finale par la suite. Les seules équipes qui ne se sont pas rendues jusque-là sont les Capitals de 2016 et l’Avalanche l’an dernier, et dans le cas de ces derniers, il y a de grandes chances qu’ils se rendent jusqu’au bout lors des présentes séries d’après-saison.
Concrètement, qu’est-ce que tous ces chiffres démontrent? Hé bien on ne peut pas dénier le fait qu’il y a une bonne parité dans la Ligue nationale et que la Coupe Stanley demeure l’un des trophées les plus difficiles à remporter dans le merveilleux monde du sport. Cette situation peut également s’expliquer par l’improbabilité du hockey des séries, qui est une bête bien différente du hockey de saison régulière et ce ne sont pas toutes les équipes obtenant du succès en saison qui sont bâties pour les séries. Le succès en saison régulière compte toutefois pour quelque chose une fois en séries puisque la plupart de ces équipes ont un long printemps.
Une situation unique au hockey?
On remarque que la tendance est similaire dans les autres sports nord-américains. En effet, autant dans le baseball majeur que dans la NFL, il y a également huit équipes qui ont remporté la Série Mondiale ou le Super Bowl la même année qu’elles ont obtenu la meilleure fiche de la saison régulière au cours de la même période que le trophée du Président. Dans le cas du baseball, ce résultat est accueilli avec étonnement puisque jusqu’en 1993 seulement les champions des deux division de chaque ligue accédaient aux séries éliminatoires. Depuis, le nombre d’équipes accédant à la classique d’automne demeure très bas puisque seulement huit équipes (10 si on compte le match du meilleur deuxième) participent aux séries d’après-saisons. Par conséquent, les chances que la meilleure équipe remporte le championnat sont drastiquement plus élevées.
Dans la NBA toutefois, la situation est très différente alors que près de la moitié des gagnants du Larry-O’Brien depuis 1986 avait la meilleure fiche en saison régulière, 17 pour être exact. Cela peut s’expliquer par le phénomène des superteams qui a pris d’assaut la NBA depuis un quart de siècle. Puisque le basket est un sport où les superstars ont beaucoup plus d’impact, lorsque quelques vedettes se retrouvent dans la même équipe, celle-ci devient très dominante et la parité de la ligue se retrouve grandement diminuée. Cela fait en sorte que les équipes sont de moins en moins construites organiquement, mais c’est un sujet pour un autre article.
Est-ce que les Panthers seront en mesure de déjouer la tendance et se rendre jusqu’au bout? Ça reste à voir, mais ils sont équipés pour veiller tard ce printemps. Pour l’instant, ils sont en bonne position, eux qui ont éliminés les Capitals en 6 matchs lors de leur série de premier tour.
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