Patrice Bergeron, capitaine Québec des Bruins
Pour un gars de l’Ancienne-Lorette, dans la région de capitale nationale, c’est tout un accomplissement et une nomination particulièrement importante aux yeux des partisans de hockey du Québec. À moins d’une semaine avant le début d’une demi-saison de la LNH, Patrice Bergeron a été nommé capitaine des Bruins de Boston. La dernière année qu’un joueur de hockey québécois ait porté le « C » d’une équipe de la LNH remonte en 2014. Mais jusqu’à quand devons-nous reculer pour identifier un capitaine Québec?
À me questionner, je me permets de retracer ceux qui ont honoré cette lettre significative au sein de leur formation au cours des dernières cinquante saisons de la LNH. Lors de mon enfance dans les années ‘70, tous les partisans de hockey reconnaîssent quel joueur du Canadien a succédé à Henri Richard à titre de capitaine des Canadiens en 1975; Yvan Cournoyer, de Drummondville, laisse une marque indélébile sur la mémoire collective du peuple canadien en soulevant quatre coupes Stanley consécutives en tant que capitaine d’une dynastie, la dernière qu’une équipe de Montréal ait connue.
Cournoyer soulève sa dernière coupe en 1978 contre les Boston – comme les surnommait ma grand-mère. Yvan le Roadrunner laisse ensuite son titre à Serge Savard le Sénateur de Landrienne en Abitibi profonde. Le capitaine abitibien remporte sa seule Coupe l’année suivante ce qui complète les quatre sacres consécutifs des Canadiens avant de voir apparaître une autre dynastie en provenance de New-York. Les Islanders sont menés par un autre capitaine québécois nommé Denis Potvin. Pour avoir grandi à Aylmer, à voir Potvin soulever une coupe après l’autre, toute la communauté de hockey de l’Outaouais est vite mise au courant que le capitaine des Islanders est originaire de Hull. Sa bande d’insulaires imbattables va vite récidiver aux Canadiens de la fin des années ’70 en remportant à leur tour leur quatre Coupes consécutives. Si vous avez bien saisi, de 1976 à 1983, deux capitaines québécois remportent huit coupes Stanley en huit ans. Du jamais vu depuis! Et on ne reverra jamais ça!
À cette époque, un autre joueur québécois, cette fois-ci de Victoriaville, crée sa légende dans l’état de New-York. Il fait partie de la célèbre French Connection de Buffalo des années ’70. Complétant au centre un trio d’enfer avec Richard Martin et René Robert, Gilbert Perreault devient capitaine des Sabres en 1981 jusqu’à sa retraite en ‘87. Mais pourquoi on avait-on attribué ce surnom à cette ligne d’attaque des Sabres? Vous me direz c’est parce qu’ils sont tous des francophones. Certes! Mais c’est aussi grâce au succès du film The French Connection de 1971 où deux détectives états-uniens font enquête pour intercepter le réseau d’une organisation criminelle qui importe de l’héroïne aux États-Unis. Sa provenance vient de la France d’où la « connection » française.
Au moment où Perreault prend sa retraite, lors la saison de 1987-88, deux capitaines québécois font leur apparition dans les LNH. Raymond Bourque devient capitaine des Bruins en ‘88. Le Québécois de ville St-Laurent passe si proche de lever la Coupe cette même année et en ’90 en s’inclinant à deux reprises contre les Oilers d’Edmonton. En 1990, l’équipe d’Edmonton est menée par un capitaine nommé Messier. Avec un tel nom de famille, je n’ai malheureusement jamais entendu Mark de son prénom parler français. Lors de la saison de l’an 2000, Bourque perd son titre lorsqu’il quitte Boston pour Colorado où il gagne sa première et seule Coupe avec le dernier capitaine des Nordiques, Joe Sakic. En 1988, un prodige de Ville Émard, Québec, nommé Mario Lemieux se voit attribué le rôle de jeune capitaine des Pingouins de Pittsburgh. Lemieux ne perd pas son temps pour faire la différence. Il veut être le prochain capitaine québécois à soulever la Coupe ce qu’il fait deux années consécutives en 1991 et 92.
Ce qui m’amène à vous parler d’un autre capitaine québécois de la Côte-Nord. Originaire de Sept-Îles, Guy Carbonneau est le dernier capitaine du Canadien à parader avec la Coupe dans les rues de Montréal. C’était en 1993 pour ceux qui l’auraient oublié tellement ça fait longtemps! Lorsque s’amorce la saison de 1995, le CH se retrouve avec un nouveau capitaine québécois de l’Abitibi au nom de Pierre Turgeon. Le montréalais Vincent Damphousse, qui faisait partie de l’équipe cendrillon de ’93, succède à Turgeon et s’avère être le tout dernier capitaine québécois du Canadien jusqu’en 1999 où il se fait échanger à San José. Pendant ses six ans en Californie, Damphousse partage le rôle de capitaine avec d’autres coéquipiers.
Dans les années 2000, d’autres joueurs qui représentent le Québec dans la LNH ont été capitaine. Martin Lapointe de Lachine l’a été à Chicago avec les Blackhawks ainsi qu’Éric Desjardins, un autre abitibien de Rouyn, avec les Flyers de Philadelphie. Et la liste se poursuit. Trois autres capitaines québécois endossent le « C » à Buffalo : Daniel Brière de Gatineau, Jean-Pierre Dumont de Montréal ainsi que Jason Pominville né à Repentigny remplissent ce rôle prestigieux légué par la prestance légendaire de Gilbert Perrault chez les Sabres.
Un autre joueur de hockey québécois originaire de Montréal à avoir porté le «C» dans les années 2010 n’est nul autre qu’un gardien. Roberto Luongo des Canucks de Vancouver agit comme capitaine officiel de l’équipe de la côte ouest canadienne de 2008 à 2010. À l’instar de quelques prédécesseurs, Luongo, le cerbère, n’a pas porté la lettre sur son gilet. Des coéquipiers servent de liaison officielle avec les arbitres lors des matchs en plus de se charger des tâches sur la glace. Luongo a plus tard expliqué que son rôle de capitaine l’a distrait avant de laisser le titre vacant en 2010.
Le légendaire Martin St-Louis est le dernier Québécois à avoir été capitaine avant Patrice Bergeron. Il porte le « C » du Lightning de Tampa Bay que pendant 62 matchs avant d’aller terminer sa grande carrière avec les Rangers de NY. Il aura été co-capitaine de l’équipe floridienne avec Steven Stamkos en 2013-2014. Le petit attaquant de Laval avait alors assuré la transition entre Vincent Lecavalier et Stamkos. Sauf que…c’est en s’attardant à l’histoire de cette franchise de 1992 qu’on se remémore un fait qui implique nulle autre que John Tortorella, l’intempestif entraîneur du Lightning avec qui Lecavalier a des démêlés en début de carrière. Tortorella retire à Lecavalier le grade de capitaine suite à des négociations difficiles qui avaient entaché le début de la saison 2001-2002 du Lightning et celui de Lecavalier. Donc, il est faux de croire que le joueur du Lightning de l’île Bizard est le capitaine champion lors de leur couronnement de la Coupe en 2004. C’est plutôt un autre légendaire franc marqueur nommé Dave Andreychuck qui la soulève.
Un bon nombre de joueurs de hockey québécois seront capitaines de leur formation si on se fie aux années de hockey jouées au XXiè siècle. Une dizaine ou presque va évoluer avec le Canadien. La tendance se maintient avec l’arrivée des années 2000. Toutefois, depuis la capitainerie de St-Louis, on constate une statistique à la baisse. Si la province de Québec avait sa propre équipe nationale de hockey, l’équipe Québec n’aurait rien à envier à celle du Canada et des autres nations. Demandons-le aux Bruins de Boston. Patrice Bergeron serait notre capitaine Québec!
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