Statistiques avancées : la LNH est-elle trop conservatrice ?
De nos jours, même en temps de saison morte, les statistiques avancées sont partie prenante de la vie du hockey professionnel. Et lors des deux transactions monstres de l\’été, les échanges Subban / Weber et Hall / Larsson, l\’emprise de ces courbes complexes fut aussi primordiale sur la scène médiatique que dans les coulisses des franchises impliquées. Avec à l\’arrivée, deux renvois aussi surprenants que significatifs : Tyler Dellow, laissé libre par les Oilers et Matt Pfeffer, également non-renouvelé par les Canadiens. Des spécialistes des analytiques, des hommes ayant supposément levé la voix au sein de leurs organisations respectives pour empêcher la conclusion de ces deals. Dans une LNH toujours dominée par des DG « vieille école », ce type de désaveu nous interroge sur la place donnée à ces raisonnements mathématiques, à la fois mis en avant dans les médias sportifs et les stratégies de communication des équipes, mais ainsi sensiblement écartés au moment des prises de décisions. Tout cela préfigure-t-il d\’un certain relent de conservatisme au sein de la ligue nationale ?
Une implication directionnelle questionnée
En 2014, l\’embauche de Tyler Dellow du côté d\’Edmonton a porté un vent d\’optimisme dans la communauté des statistiques avancées. À la fois une ouverture et un aboutissement, cet événement n\’a cependant pas eu la pérennité escomptée à l\’entame de l\’aventure. Progressivement, il semble que l\’influence de Dellow chez les Oilers se soit réduite, alors que le départ même de sa relation avec le reste de l\’équipe dirigeante semblait complexe à son arrivée. Comme le souligne ici l\’auteur de Yahoo Sports, Jen Neale, citant son collègue Greg Wyshynski, il demeure difficile de savoir quel est le réel point de vue de têtes pensantes telles que Kevin Lowe ou Craig MacTavish concernant les analytiques. Alors DG lorsque Dellow a rejoint l\’Alberta, MacTavish paraissait plutôt en retrait sur ce sujet, tandis que le nouvel arrivant devait directement correspondre avec l\’entraîneur-chef de l\’équipe à cette époque, Dallas Eakins. Le technicien, ainsi que l\’assistant-DG Scott Howson se positionnaient comme les deux principaux relais du travail fourni par Dellow au sein de l\’organisation, se révélant de facto comme ses premiers soutiens. Eakins parti, Chiarelli embauché, Howson a lui fini par prendre la porte en compagnie de son poulain. Lowe et MacTavish, en revanche, sont toujours dans la place…
Bien que, comme le soutien Neale, Chiarelli est fait état de son intérêt pour les statistiques avancées, cette chaîne d\’événements reste significative. Le champ d\’action donné à la pensée de Dellow, sensé être relativement conséquent au moment de son embauche, est désormais réduit à un annexe, malgré le vœux pieux fait par Chiarelli d\’en maintenir une partie dans son activité. De fait, les Oilers se veulent plus discrets quant à leur usage des analytiques, tout en maintenant cette discipline dans leur approche sportive. Mais que couve ce revirement ?
Il faut bien l\’avouer, l\’interrogation sur l\’importance donnée aux stats avancées par la direction albertaine reste très marquée. Car réduire la voilure maintenant, dans la foulée d\’une transaction aussi polémique que ne le fut l\’échange Hall / Larsson, revient, d\’un certain point de vue, à placer ce domaine d\’analyse au second plan. À l\’annonce de l\’accord entre les Oilers et les Devils, la stupéfaction fut telle que la possibilité d\’un désaccord en interne à Edmonton fut rapidement évoquée. D\’un point de vue mathématique, se séparer de Taylor Hall pour une telle contrepartie frôle clairement l\’hérésie. Capable de poster un indice de possession positif sur la majorité de ses saisons au sein du circuit Bettman, le tout en appartenant à une franchise moribonde, un joueur tel que Hall possède en principe une valeur marchande bien plus élevée. S\’en départir pour un défenseur comme Larsson, qui tarde à éclore au plus au niveau malgré des qualités intéressantes, est simplement perçu comme un non-sens statistique. Que Tyler Dellow s\’y soit opposé, c\’est une quasi-certitude. Que cette opposition ait conduit à sa non-prolongation, cela restera probablement un mystère. Mais en revanche, on constate que dans la finalité du raisonnement ayant conduit à ce choix fait par la haute-direction des Oilers, la pensée de Dellow a été mise de côté.
Ce scénario, révélateur, fait ainsi parfaitement écho au sort connu par Matt Pfeffer, libéré cet été par les Canadiens de Montréal. L\’analyste, au profil comparable à celui de son homologue d\’Edmonton, s\’est retrouvé en pleine lumière après avoir publiquement mis en doute la légitimité de la transaction Subban / Weber. Pour lui, si sa ferme opposition à ce mouvement n\’a pas été la cause directe de son départ, un certain malaise entourant les analytiques à Montréal n\’est en revanche pas étranger à cette issue, comme il le confiait en juillet dernier à Ken Campbell, de The Hockey News :
« Ils ne m\’ont pas dit que c\’était à propos de ça, mais je crois que tout le monde connaît ma position sur l\’échange Subban / Weber. Parfois, il y a la possibilité de prêter attention à l\’autre côté d\’un débat, mais cette fois-ci c\’était un choix très, très loin d\’être raisonnable » expliquait-il, avant de poursuivre « Il y avait des gens à l\’intérieur de l\’équipe qui ne croyaient pas en ma présentation, et je pense que leur avis était déjà fait sur les statistiques avancées. À vrai dire, je crois qu\’il y a eu un certain recul à travers la LNH concernant ce sujet. »
La tendance, en effet, semble tirer de l\’arrière pour des hommes tels que Pfeffer. À la recherche d\’une explication, celui-ci devise :
« Les analytiques n\’ont, à ce jour, pas encore atteint leur maturité dans la LNH. Les équipes reçoivent de nombreuses offres, de nombreuses solutions venant de gens et d\’entreprises diverses, et elles ne savent pas à quoi elles correspondent, de telle sorte qu\’elles tendent vers un certain conservatisme sur ce sujet. »
De part cette variété d\’approches, difficile donc de ressortir l\’utile du superflus. Pfeffer n\’est pas en reste, suivant son propre courant quitte à dévier de la ligne sportive imposée par sa direction. Ainsi, en gardant ce mode d\’analyse que lui est propre, il a délivré à l\’état-major du CH une vision approfondie et personnelle du cas Weber. Délaissant assez rapidement le basique indice Corsi, Pfeffer se concentre sur le différentiel de buts inscrits et encaissés, à forces égales, de l\’équipe de Shea Weber lorsque celui-ci est sur la glace. Pointant à 0.18% dans ce registre, l\’arrière ne semble pas avoir de réel impact sur sa formation, alors que, de son côté, P.K. Subban excelle dans le même domaine avec 3.14%. C\’est une part de ce raisonnement, somme toute assez simple, qui l\’a poussé à qualifier l\’ancien capitaine des Prédateurs de « joueur moyen ». À la fois peu décisif quant à son impact offensif, il ne serait donc pas suffisamment solide défensivement pour faire pencher la balance vers une tendance plus positive.
Il s\’agit là d\’une illustration concrète des différents points de vue qui peuvent jalonner la communauté des analytiques. Tyler Dellow a construit une partie de sa réputation sur le net (rappelons que cet avocat de profession est un ancien blogueur) via le développement du Corsi comme base de réflexion, alors qu\’un analyste comme Pfeffer laisse de côté cet indice de possession pour se concentrer sur une autre variable. Cependant, gageons que les deux hommes gardent les performances collectives (buts inscrits, pour ou contre, tirs pris, pour ou contre, par les deux équipes sur la glace) comme souches premières de leur évaluation des joueurs. Or il ne fait guère de doutes que l\’analyse des performances individuelles, découlant d\’une culture à part, et demandant beaucoup, beaucoup d\’attention aux faits de jeu, est également une alternative poursuivie par de nombreux experts dans ce domaine.
De la variété des écoles de pensée à l\’éducation de la LNH aux stats avancées
Dans un article très intéressant datant du 22 juillet dernier, David Staples, rédacteur au sein de l\’Edmonton Journal, développe sa vision des origines des statistiques avancées dans le milieu du hockey. Basées sur deux courants distincts, les analytiques sont ainsi partagées par une dichotomie primordiale dans l\’optique de comprendre leur cheminement actuel. En premier lieu, on retrouve « l\’École Allan Roth » du nom de l\’analyste à l\’origine du différentiel +/-, vers la fin des années \’40. Recherchant avant tout à évaluer les habilités d\’un joueur des deux côtés de la patinoire via ce fameux indicateur, Roth a par la suite influencé un groupe de statisticiens qui, au début des années 2000, a choisi de moderniser l\’approche traditionnelle liée au plus/minus. Au lieu de se baser uniquement sur les buts marqués et encaissés, ils ont dirigé leur attention vers le nombre de lancers bloqués, hors cible ou cadrés. De ce fait, ils utilisaient une variable plus fréquente au cours d\’un match que les buts. Le Corsi était né, et a depuis déferlé sur la LNH au point que ces analystes ont pris la tangente comme consultants auprès d\’un certain nombre de franchises, Tyler Dellow en tête.
Arrive ensuite « l\’École Roger Neilson », développée par l\’ancien entraîneur-chef des Rangers et des Canucks, durant les années \’70. Avec l\’émergence des technologies vidéo, Neilson pu rapidement mettre en œuvre une doctrine développée au fil de ses expériences dans la grande ligue, se concentrant sur l\’évaluation individuelle des joueurs. Au lieu de se baser sur le seul +/- prenant en compte les buts, il décide de prêter attention aux chances de marquer. Pouvant visionner plusieurs fois les rencontres, le technicien se mit à répertorier les actions des joueurs impliqués sur ces possibilités de remplir la fiche de pointage, leur octroyant un plus si leur contribution était significative. De même, ceux qui commettaient des erreurs importantes amenant leurs adversaires à se faire menaçants sur leur but étaient, eux, sanctionnés d\’un moins. À sa façon, Neilson a donc créé son propre différentiel +/-, basé sur les chances de marquer et les jeux individuels, et non collectifs. Cette approche s\’est depuis développée au sein de la ligue nationale, bien que des réserves subsistes. Comme le note Staples, nombreux sont ceux qui reprochent à la méthode Neilson sa grande charge de travail, en plus d\’être par essence subjective. En effet, l\’évaluation de l\’action d\’un joueur, sur une phase offensive ou défensive, et de sa contribution dans le cours du jeu, reste guidée par l\’œil de l\’analyste sans critères particulièrement stricts. Malgré tout, nombreux sont ceux qui aujourd\’hui souscrivent à cet esprit de recherche.
Notamment du côté de l\’entreprise Stathletes, qui fournit son expertise dans le domaine des statistiques à divers clients au sein de la ligue nationale, et qui place l\’analyse vidéo au cœur de son mode de fonctionnement. Une quarantaine d\’observateurs sont quotidiennement sur le pont afin de recueillir une grande diversité d\’informations sur les joueurs LNH. La collecte de ces indications via le visionnage répété des rencontres permet l\’élaboration de nouveaux standards, utiles quant à la recherche de facteurs clés dans le développement des joueurs. Comme l\’explique le cofondateur de la compagnie, Neil Lane, à David Staples, dans un autre papier paru dans les colonnes du Edmonton Journal, ce processus repose avant tout sur l\’étude des habilités basiques des joueurs :
« Une grande partie de ce que nous surveillons reste les fondamentaux du hockey, comme la capacité de soutirer la rondelle à un opposant, celle de créer des jeux, ce genre de choses » explique Lane, qui poursuit « ces habilités fondamentales sont relativement cohérentes et bien moins versatiles lorsqu\’on observe un joueur »
En clair, se concentrer sur la capacité d\’un joueur a réussir une passe rapide, sous pression ou en phase de construction, représente une évaluation plus constante que de se focaliser sur ses simples mentions d\’assistances afin de déterminer si le hockeyeur en question est un bon passeur. Un raisonnement assez évident, qui peut se résumer en une formule : si les performances varient, les capacités techniques sont en revanche inscrites dans la durée. En faisant cohabiter l\’élaboration de leurs statistiques avec l\’analyse vidéo, les têtes pensantes de Stathletes s\’offrent par là même l\’occasion d\’adapter leur langage à un système d\’évaluation plus familier du personnel dirigeant actif au sein du circuit Bettman :
« Des gens dans la LNH, qui à la base se positionnaient à l\’encontre du mouvement des statistiques avancées lorsque nous en discutions avec eux, continuaient cependant d\’observer le jeu de manière analytique. Ils le faisaient d\’une façon que l\’on pouvait mesurer, mais ils ne l\’avaient simplement pas envisager ainsi, donc il y a eu une longue période d\’entraînement, ou d\’éducation, par rapport à ce que nous faisons. »
Stathletes se place finalement comme un support pour la vision des techniciens et dirigeants de la grande ligue, capable de fournir une base de données précieuse dans l\’optique de poursuivre l\’analyse du cheminement d\’un joueur dans telle ou telle portion du jeu. Toutefois, on constate que là-encore, la problématique du manque de compréhension entre les différents observateurs est palpable. Car nombreux sont ceux qui demeurent méfiants dans la LNH, et si certains sont prêts à étayer leurs arguments via l\’aide des statistiques, reste que les écarts ou les oppositions des consultants en analytiques au sein des directions sont toujours mal vus. Entre ce que le chiffres révèlent et ce que l\’on souhaite entendre, il y a parfois une grande marge. C\’est aussi ce qui place occasionnellement les stats avancées hors du processus décisionnel. À moins, bien-sûr, d\’avoir un homme convaincu par ce procédé à la tête du navire…
John Chayka, Kyle Dubas ou la nouvelle génération des analytiques aux avants-postes
Du côté de l\’Arizona, on a déjà fait le choix de miser sur les statistiques avancées, au point d\’en propulser l\’un des hommes forts à la tête de l\’équipe. Car l\’autre cofondateur de Stathletes n\’est autre que John Chayka, nouveau DG des Coyotes. Le plus jeune haut-dirigeant de la LNH se distingue ainsi par une connaissance plus qu\’approfondie des analytiques, en dérivé de la pensée de Roger Neilson. Avec pour objectif d\’identifier les sujets mésestimés, ce qui permet ainsi de mieux composer avec le plafond salarial, la base de l\’offre faite par Stathletes colle parfaitement aux nouvelles tâches auxquelles Chayka devra s\’astreindre avec les « Yotes ». Comme Lane l\’explique à Staples :
« Afin de retrouver les atouts les moins valorisés d\’une équipe, nous devions être capables de les évaluer et la façon dont nous l\’avons fait a été de collecter autant de données que possible sur le jeu. »
Via cette expertise, Chayka paraît armé pour pouvoir avancer dans une certaine cohérence au niveau de ses prises de décisions. Cet ancien joueur de hockey junior, n\’ayant pu poursuivre sa carrière après ses 19 ans, reste une énigme au sein du petit monde des états-majors de la LNH. Sur le plan sportif, nul ne sait encore quel impact sa connaissance des stats avancées jouera au moment de faire le bon échange ou d\’offrir le juste contrat. Néanmoins, ce que Chayka amène dans l\’Arizona tient d\’une pensée qui s\’étend jusque dans le développement sportif interne des actifs de la franchise. Via les analytiques, le jeune directeur général possède un moyen solide d\’identifier forces et faiblesses de ses joueurs, des vétérans aux espoirs, afin de parachever leur évolution. C\’est cette expertise qui se retrouvera à l\’épreuve du feu tant que Chayka sera aux commandes de l\’organisation basée à Glendale, avec à l\’arrivée un regard intéressant sur les vrais bénéfices des stats avancées quant à leur contribution à la courbe de progression des hockeyeurs membres de l\’organisation.
Toutefois, on peut d’ores et déjà identifier quelques éléments de réponse sur ce sujet du côté de Toronto. Lorsqu\’en 2014 Brendan Shanahan embauchait Kyle Dubas, (auparavant directeur général des Greyhounds de Sault-Sainte-Marie en OHL) à titre d\’assistant-DG, de nombreux observateurs médiatiques saluaient ce qui apparaissait alors comme un choix éminemment progressiste de la part des Leafs. Toujours en poste aujourd\’hui malgré les gros bouleversements connus depuis par la direction torontoise, Dubas a plus que fait son trou du côté de la Ville-Reine. Au moment de son arrivée, il est encore une figure respectée du hockey junior, connu pour avoir apporté un tas de nouvelles idées novatrices chez les Greyhounds pendant son séjour à la tête de l\’équipe. Comme le rapportait sur twitter Craig Custance, rédacteur pour ESPN, une bonne partie de ces concepts était directement liée au repêchage et au développement de joueurs capables de tenir dans des systèmes basés sur la possession de la rondelle, ce qui évidemment, repose sur les analytiques qui accompagnent ce concept :
Kyle Dubas and his staff drafted and developed players/systems based on metrics and maintaining puck possession. This is a really good hire.
— Craig Custance (@CraigCustance) 22 juillet 2014
Dans un papier d\’époque, Chris Johnston, de Sportsnet, notait que l\’embauche de Dubas était significative pour une formation comme les Maple Leafs, traditionnellement peu portée sur les statistiques avancées. À l\’entame de la saison 2013/14, malgré un indice de possession d\’équipe assez bas, Toronto avait plutôt bien entamé sa campagne, avant de connaître une baisse de régime insolvable pour finalement échouer à rallier les séries. Aussi, après avoir fait fi des analytiques au long d\’un exercice décevant, l\’organisation ontarienne a finalement ouvert ses portes aux idées modernes de Dubas. Avec à l\’arrivée quelques succès pour le jeune dirigeant.
Cumulant également le poste de DG des Marlies de Toronto (LAH) Kyle Dubas a su instaurer une nouvelle culture en interne de cette organisation, avec à la clé un vrai plébiscite concernant son travail dans la ligue mineure. Scott Wheeler, auteur du côté du site SB Nation pensionplanpuppets.com, accumule, dans un papier consacré à la belle campagne des Marlies, les témoignages de joueurs ravis d\’avoir pris part au programme mis en place par Dubas. Nombreux sont ceux qui louent le haut-niveau technique de l\’alignement, ainsi que la communication interne qui favorise le développement des joueurs. De fait, Dubas a souhaité que le reste de l\’équipe dirigeante utilise toutes les ressources disponibles pour se focaliser sur la progression individuelle des joueurs, qu\’ils soient des espoirs comme Kasperi Kapanen ou Connor Brown, ou bien des vétérans comme Rich Clune ou Ben Smith. Sheldon Keefe, entraîneur-chef des Marlies décrit ainsi un environnement propice à l\’évolution et à la progression pour l\’ensemble de ses hommes :
« L\’équipe en charge du développement des joueurs est de premier ordre ici, et ils ont fait un excellent travail en se mélangeant à notre staff technique afin que les gars soient à la fois meilleurs au sein de nos systèmes, mais aussi pour qu\’ils puissent affiner et améliorer quelques fondamentaux. »
La patte statistique s\’appose ici dans le fait que, comme chez Stathletes, le développement des joueurs est intimement lié à leur progression dans des secteurs précis, définis via les analytiques, pour améliorer durablement leurs fondamentaux. La mise en place tactique, un exercice collectif, est ainsi directement relié à ce processus d\’avantage basé sur le travail individuel.
Kyle Dubas, John Chayka, ou encore Eric Tulsky, ancien auteur du côté du site SB Nation broadstreethockey.com et embauché à l\’été 2015 comme consultant par les Hurricanes de la Caroline, autant d\’exemples de spécialistes des stats avancées dont la parole pèse en interne chez les équipes qui les emploient. Et pourtant, des doutes subsistent sur le véritable avenir qui sera offert à leur champ d\’action, du moins à court-terme, alors que sur des transactions d\’importance, la voix des consultants ne semblent guère entendue. Bien-sûr, les analyses de Dellow chez les Oilers, ou Pfeffer du côté des Canadiens peuvent être reçues avec des bémols. Dans le cas de Hall, la conjoncture du marché, où il fut prouvé par la suite que l\’acquisition via échange d\’un défenseur d\’impact était particulièrement complexe, justifie peut-être l\’arrivée en retour du seul Adam Larsson. Edmonton ne peut rien face à la valorisation actuelle des arrières de première paire, et le besoin d\’une arrivée à la ligne bleue l\’a peut-être emporté sur le désir de monnayer Hall aussi fortement que les analytiques tendent à le justifier. De même, concernant l\’analyse faite par Pfeffer des forces et faiblesses de Shea Weber, on peut noter que ses statistiques ne se concentrent que sur les périodes à 5 contre 5, délaissant ainsi les phases de supériorité numérique. Or, il s\’agit précisément du secteur de jeu que Marc Bergevin vise à améliorer via cette transaction. En réalité, tout cela témoigne encore et toujours du débat qui peut entourer la moindre affirmation statistique. La validité de ces raisonnements est amenée à restée contestée au sein de la LNH, pas nécessairement par conservatisme, mais en partie parce que l\’offre d\’expertise reste assez variée pour pouvoir douter du bien-fondé de tel ou tel argumentaire. Face à une réalité numérique qui ne reflète pas toujours le ressenti de l\’observateur, ni la dimension humaine qui entoure un joueur, il n\’est pas surprenant de voir certains dirigeants se braquer.
Toutefois, il est difficile de faire état d\’une seule et même tendance au sein du circuit Bettman. Avec des têtes pensantes telles que Chayka ou Dubas pour porter le flambeau des analytiques, la possibilité de les voir définitivement rentrer dans les mœurs reste palpable, peut-être même au point de faire passer un scénario comme celui entourant l\’échange Subban / Weber dans le domaine de l\’inconcevable. Pour le dirigeant des Coyotes, et son homologue en couveuse chez les Maple Leafs, il faudra se montrer capable de générer des succès qui leurs seront propres. Et qui sait, d\’ici là, peut-être sera-t-il inexplicable de mettre de côté l\’avis d\’un spécialiste des statistiques avancées au moment de conclure une transaction d\’envergure.
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