WADE BELAK: ATTENTION AUX CONCLUSIONS HÂTIVES
WADE BELAK : ATTENTION AUX CONCLUSIONS HÂTIVES
Suite au suicide de Wade Belak, nombre de journalistes du Québec ont claironné sur toutes les tribunes qu’il fallait d’emblée y voir un lien de cause à effet entre le rôle de ‘’bagarreur’’ au hockey sur glace et une forme de détresse psychologique pouvant conduire à la mort volontaire, laquelle aurait affecté non seulement Belak, mais Derek Boogaard et Rick Rypien avant lui. Tout de suite, on s’est empressé de blâmer la LNH (et plus précisément, son commissaire), cette ligue de garage ‘’laxiste’’ qui continue de cautionner la bagarre en ces temps de ‘’lutte à la violence’’ sous toutes ses formes. Assez, c’est assez !… titrait un article de journal. Les bagarres bientôt abolies ?… titrait un autre. Quant à la montée du puissant déséquilibre masculin occidental, pourtant dûment répertorié depuis plus de 20 ans et caractérisé justement par la mort volontaire en constante progression… rien.
En effet, il importe, notamment et dans un premier temps, de nous rappeler que le suicide masculin demeure un problème de santé publique majeur en Occident, et que messieurs Boogaard, Rypien et Belak ont choisi, à l’image de millions de mâles occidentaux à travers le monde (depuis 2 décennies), de mettre fin à leur détresse – psychologique – respective par la mort volontaire.
Des mâles – hommes et garçons confondus – issus de toutes les sphères d’activité de la société : hommes de science, médecins, dentistes, psychiatres, psychologues, politiciens, fonctionnaires, avocats, policiers, ouvriers de la construction, ouvriers d’usine, cheminots, mécaniciens, acteurs, commerçants, professeurs, étudiants au primaire, au secondaire et à l’université, journalistes, écrivains, pilotes d’avion, chauffeurs de taxi, chômeurs, assistés sociaux, itinérants, etc., etc., etc… Cela, peu importe leurs origines ethniques ou convictions religieuses.
Un père, un grand-père, un frère, un cousin, un oncle, un conjoint, un collègue de travail, un voisin, une vague connaissance…
Signe évident qu’un mal-être sans précédent historique afflige actuellement la portion masculine du Bloc occidental, auquel ces 3 ”bagarreurs” n’ont pas échappé, et ce, contrairement aux ‘’hommes forts’’ d’une autre époque, alors que le suicide masculin était pratiquement INEXISTANT ; tels Eddie Shore, John Ferguson, Eddie Shack, Pierre Bouchard, Dave Shultz, et Chris Nilan, pour ne nommer que ceux-là. Une époque où, il est important de le souligner, la bagarre au hockey était non pas décriée, mais fortement encouragée…
Une piste : se pourrait-il que le projet occidental d’affaiblissement du principe masculin, destiné à ”libérer” le mâle de sa ”torpeur anthropologique” (lire : son versant viril et belliqueux) demeure incompatible avec la nature masculine intrinsèque, au point où celle-ci réagit par la mort volontaire ?
‘’ Le circuit Bettman a la tête dure ‘’ titrait récemment le blogue de l’éditorial de la Presse (sur Cyberpresse). Le Monde occidental également, lui qui refuse – obstinément – de reconnaître une réalité sociale pourtant ô combien évidente : une montée anormale du suicide masculin, lequel sous-tend un gigantesque malaise de civilisation, sous forme de trouble collectif (masculin) majeur.
Gordon Sawyer
Ex-commentateur à La Soirée du Hockey
et chercheur en condition masculine.
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