Jacob Gaucher rêve les pieds sur terre
Jacob Gaucher a eu la chance de réaliser un rêve lundi en foulant la glace du Centre Bell pour affronter le Canadien le temps d’un match préparatoire. Bien qu’il ait encore de nombreuses étapes à franchir avant d’accéder au circuit Bettman, il a le sentiment d’être plus que jamais sur le seuil de la grande ligue.
« Je voyais ma famille dans les estrades. Honnêtement, c’était incroyable. Juste pendant la période d’échauffement, je tremblais un peu. C’est intimidant le Centre Bell. »
Le Tricolore a offert un bon spectacle à ses partisans lors de ce premier match préparatoire, écrasant les Flyers par la marque de 5-0. Gaucher a passé 13 minutes sur la patinoire et s’est relativement bien tiré d’affaire dans des circonstances délicates. Il a notamment effectué une présence de plus de 30 secondes en double désavantage numérique, n’allouant aucune chance de marquer aux Canadiens au passage. Sa performance lui a valu une seconde audition jeudi contre les Islanders, à Philadelphie.
« C’était la première fois que je jouais un match présaison à la maison. J’ai été impressionné par (l’énergie des) partisans. Philadelphie, ce n’est pas Montréal, mais c’est un gros marché quand même », affirme-t-il.
Spécialiste des mises en jeu
Ian Laperrière était derrière le banc des Flyers pour ces deux premiers matchs et a su assigner Gaucher au rôle adéquat, tirant parti du fait qu’il était son entraîneur-chef la saison dernière dans la ligue américaine. Le grand numéro 78 semblait être l’homme de confiance de Laperrière pour les mises en jeu en territoire défensif, et il n’a pas déçu, affichant un pourcentage d’efficacité invraisemblable de 71% à Montréal, et de 64% contre les Islanders. Aucun joueur des Flyers n’a su faire mieux lors des deux matchs.
« Je prends beaucoup de fierté en mes mises en jeu. C’était parfois plus intimidant devant des joueurs de la LNH, comme contre Christian Dvorak à Montréal. C’est un autre niveau, mais ça l’a quand même bien été », explique modestement Gaucher, qui a gagné 4 de ses 6 duels l’opposant à Dvorak, le spécialiste à ce chapitre chez le Canadien. Le centre de 23 ans souligne que son père, Yannick, a inculqué à lui et à son frère cadet Nathan, choix de premier tour des Ducks en 2022, l’importance d’être efficaces dans tous les aspects du jeu dès leur jeune âge. Tandis que de nombreux joueurs se concentraient principalement sur l’offensive, leur père, aujourd’hui directeur général des Huskies de Rouyn-Noranda dans la LHJMQ, leur rappelait l’importance d’être polyvalent. L’espoir des Flyers croit d’ailleurs que cette approche a contribué à faire de lui et de son frère les joueurs qu’ils sont aujourd’hui. Cependant, Jacob n’hésite pas à se désigner comme le favori dans une situation où les deux frères s’affronteraient pour une mise en jeu cruciale en fin de match.
« Si c’est de mon côté fort devant mon frère, c’est impossible que je la perde. Nathan (Gaucher) est quand même solide pour les mises en jeu : on suit des cours ensemble durant l’été pour s’améliorer à ce niveau, mais c’est certain qu’il ne gagne pas cette mise en jeu contre moi », affirme le frère aîné en riant. Ce dernier pense que son efficacité dans ce domaine pourrait le démarquer d’autres espoirs à long terme et l’aider à accéder au niveau supérieur.
Passer au prochain niveau
Gaucher entreprendra sa deuxième saison dans la ligue américaine avec l’objectif d’apporter sa contribution aux Phantoms de Lehigh Valley dans son rôle distinct, tout en cherchant à ajouter une dimension plus offensive à son jeu. Sans sacrifier son identité de joueur polyvalent, le centre souhaite être en mesure de noircir la feuille de pointage avec un peu plus de régularité, ce qu’il a su faire à tous les niveaux auparavant.
Après une courte période d’adaptation à sa première saison professionnelle dans la ECHL en 2022-23, il est rapidement devenu un moteur offensif pour son équipe. Il a connu une fin de campagne impressionnante, récoltant 22 points en 15 matchs au cours du mois de mars, avant de maintenir un rythme de production de plus d’un point par rencontre lors des séries éliminatoires. Son jeu lui a valu une promotion dans la ligue américaine pour la saison subséquente. Il est d’ailleurs le seul joueur de l’organisation des Flyers à avoir gradué de la ECHL à la LAH de façon régulière en 2023-24.
Matvei Michkov
Bien qu’il ne soit âgé que de 23 ans, Gaucher figure dorénavant comme un des plus vieux espoirs au sein de la semi-reconstruction de l’organisation : « Je deviens un peu plus à l’aise durant les pratiques et à l’extérieur de la glace. J’essaye d’aider les plus jeunes. » Le centre québécois a patiné pour la première fois aux côtés du jeune Matvei Michkov au cours des dernières semaines. Repêché au 7e rang par les Flyers en 2023, le nom du prodige russe fait couler beaucoup d’encre dernièrement. Gaucher a eu l’occasion de le côtoyer lors du tournoi des recrues, puis plus récemment au camp officiel de l’équipe.
« Tu vois immédiatement le potentiel. Ce qu’il fait avec la rondelle, sa vision du jeu, ses mains… c’est impressionnant », déclare Gaucher, ajoutant que le ciel est la limite pour le nouveau favori de la foule à Philadelphie. Michkov a déjà amassé 6 points en 3 matchs préparatoires, dont un but décisif en prolongation contre les Bruins samedi.
« Ce n’est pas quelqu’un qui s’assoit sur son talent, et ça lui donne un avantage. Il reste après les pratiques pour améliorer son tir. Il joue aussi avec beaucoup d’émotions et il est très impliqué. On l’a vu contre les Islanders ; il a marqué un but dans un filet désert et il a sauté de joie dans la bande. Il adore le hockey et c’est ce qui l’amènera à être un très bon joueur », renchérit le Québécois.
Nombreux sont ceux qui se demandent encore comment s’articulera la relation entre Matvei Michkov et l’entraîneur-chef des Flyers, John Tortorella, deux personnalités aussi passionnées que controversées. Samedi, Tortorella a loué le talent de Michkov, affirmant que l’équipe avait besoin d’un joueur de son calibre depuis des lunes. Il souhaite lui offrir la liberté nécessaire sur la glace pour ne pas brider sa créativité.
De plus, selon les commentaires de Gaucher, il vaut mieux ne pas se faire de fausses idées par rapport à l’entraîneur : « On entend souvent parler dans les médias du fameux test de la corde et des pratiques exigeantes. (John Tortorella) sait ce qu’il fait : il est proche de ses joueurs, la chimie est bonne et il est apprécié. Il pousse ses gars au prochain niveau et on l’a vu l’an dernier avec les Flyers. Ils ont surpassé les attentes de plusieurs. (…) J’ai bien hâte de voir le développement de Michkov cette année. Je pense qu’il sera placé dans une situation pour réussir », dit Gaucher.
À ce jour, le Québécois n’a toujours pas empoché de contrat le liant à la LNH, mais il gravit tranquillement les échelons chez les professionnels. La saison des Phantoms de Lehigh Valley prendra son envol le 12 octobre, et Gaucher n’exclut pas la possibilité de prendre part à davantage d’action durant le calendrier préparatoire des Flyers d’ici là. « Amener mon jeu au prochain niveau pour éventuellement monter dans la LNH, c’est sûr que c’est encore mon rêve », avoue-t-il.
Commentaires