Dossier | Quatre choix de premier tour qui ont nécessité plus de temps avant de s’épanouir complétement
Le repêchage n’est peut-être pas une science exacte, mais on s’attend tout de même à ce qu’un choix de premier tour connaisse une belle carrière dans le circuit Bettman. Malgré tout, plusieurs choix sortis en première ronde n’accèdent même pas à la LNH au cours de leur parcours professionnel. Lorsqu’on regarde dans le passé, de nombreux choix n’auraient également pas dû sortir lors des 30 (31) premières sélections. Ceci dit, à quelques occasions, on se rend compte que certains joueurs ont pris un peu plus de temps que les autres avant de s’implanter solidement dans la LNH en dépit de leur étiquette de choix de premier tour. En voici quatre…
Teuvo Teravainen
- Choix 1er tour en 2012 (Hawks)
- Début en LNH: 2014
- Rôle à temps plein LNH: 2015
- Production digne d’un 1er choix: 2017
Notre premier portrait concerne un Finlandais choisi par les Hawks en 2012. L’ailier gauche entend son nom sur la tribune au 18e échelon, peu de temps après Thomas Hertl (17e), Tom Wilson (16e) et Filip Forsberg (11e). Immédiatement après sa sélection, le gardien Andrei Vasilevskiy entend son nom au 19e échelon. Cette année de repêchage est jugée comme étant plutôt faible, alors que les têtes d’affiche prédraft étaient Nail Yakupov, Alex Galchenyuk et Ryan Murray. À l’heure actuelle, Filip Forsberg domine la classe 2012 de repêchage avec 353 points, suivi de près par Alex Galchenyuk (320) et de Teravainen (289).
La sélection de Teravainen demeure donc assez légitime pour les Hawks. Par contre, il aura fallu attendre quelques saisons avant de voir au grand jour son potentiel de choix de premier tour. En effet, après le repêchage 2012, Teravainen demeure en Finlande pour deux autres saisons avant de s’en venir en Amérique du Nord. Après s’être démarqué pendant deux saisons en Liiga, il s’amène en AHL pour quelques matchs. À sa saison recrue, il alterne entre le club-école et le grand club. Ce n’est qu’à la saison 2015-2016 qu’on lui octroie une chance de rester à temps plein dans le club. On lui reconnaît son talent, mais avec l’alignement composé de Kane, Toews, Panarin et Hossa à l’époque, disons qu’il était plutôt relégué à un rôle effacé.
Lors du mois de juin 2016, on décide de se départir de Teravainen. Les Hawks reçoivent un choix de 2e et un choix de 3e contre le Finlandais et Bryan Bickell. Définitivement, Teravainen n’avait pas une aussi grosse valeur qu’anticipée aux yeux des Hawks. Il aura été un dommage collatéral d’une marge salariale trop pleine et les Hurricanes en profiteront pour les années à venir. Après une première saison d’adaptation en Caroline, ce n’est qu’en 2017 qu’il performe comme un réel premier choix. Avec 64 points dans la campagne, il s’impose de plus en plus. La saison suivante, c’est un total de 76 points qu’il affiche alors que cette saison, il s’alignait pour une saison identique, voire même peut-être une production de 80 points. En 2020, on peut désormais affirmer que Teravainen joue comme un choix de première ronde, huit saisons après sa sélection.
Jakub Vrana
- Choix 1er tour en 2014 (Caps)
- Début en LNH: 2016
- Rôle à temps plein LNH: 2017
- Production digne d’un 1er choix: 2019
Ce n’est que tout récemment que Vrana se démarque comme un réel premier choix. En effet, avant la pause forcée de la LNH cette saison, l’attaquant des Capitals de Washington cumulait 52 points en 69 matchs. Il s’agit déjà de sa meilleure production, même si la saison n’est pas achevée. Son parcours aura nécessité toutefois un peu plus de temps en AHL que Teravainen. En effet, Vrana a rejoint l’organisation une saison après sa sélection. À son année de repêchage, le Tchèque jouait sa première campagne dans la SHL. Une deuxième saison lui aura finalement grandement servi puisqu’à son arrivée à Hershey, Vrana se démarquait déjà des autres.
Il s’approche du point par match en moyenne dès son entrée chez les pros, que ce soit en saison ou en séries. Par contre, une deuxième saison est utile à son développement puisque les Caps, de toute façon, n’avaient pas de place dans leur alignement à cette époque. En 2016-2017, on donne quelques matchs à Vrana dans la LNH, mais sans plus. Ce n’est que la saison suivante qu’on débloque une place pour lui. Tranquillement, il ajoute des points au compteur. L’an dernier, il monte son cumulatif à 47 points, dont 24 buts. La saison 2019-2020 devait être celle de Vrana et c’était bien parti. Au final, ce n’est qu’en 2020 qu’on peut dire qu’il joue désormais comme un premier choix, 6 ans après sa sélection au 13e rang du repêchage 2014, tout juste devant Dylan Larkin (15e), Alex Tuch (18e) et David Pastrnak (25e).
Phillip Danault
- Choix 1er tour en 2011 (Hawks)
- Début en LNH: 2014
- Rôle à temps plein LNH: 2016
- Production digne d’un 1er choix: 2019
Évidemment, on ne parle pas d’une production digne de Pastrnak, Eichel, McDavid, etc. Par contre, qui aurait cru que Phillip Danault serait dans la conversation pour le trophée Frank Selke un jour ? L’attaquant a réellement connu un second souffle à sa carrière depuis son arrivée à Montréal. Le potentiel a toujours été là, mais l’utilisation du joueur était déficiente jusqu’à son arrivée dans la Métropole. Pourtant, les Hawks devaient le voir grand tout de même pour l’avoir repêché au 26e rang, tournant ainsi le dos à Rickard Rakell (30e).
Après sa sélection en 2011, il s’est passé plusieurs saisons avant que les Hawks donnent une chance au Québécois. C’est compréhensible, puisque Chicago était en plein coeur de ses années fastes en championnats. Devant un potentiel qui ne semblait pas éclore rapidement au goût de l’organisation, Danault est utilisé comme »throw-in » pour ajouter de la profondeur au sein de l’alignement des Hawks en prévision des séries. À ce jour, il s’agit, à mon avis, de la meilleure transaction de Marc Bergevin. Un coup de chance ? Peut-être. Mais donner Thomas Fleishmann et Dale Weise (qui est revenu par la suite) contre Danault et un choix de 2e tour (Romanov), c’est du génie.
Avec une production établie dans les 50 points depuis deux saisons, Danault démontre de plus en plus le talent qui a fait en sorte qu’il sorte en première ronde. Toutefois, parler de Danault et n’aborder que son rendement offensif, ce n’est pas rendre hommage au joueur. L’impact de Danault dans l’alignement va plus loin. Son efficacité sur les mises en jeu, sa fiabilité défensive et son leadership apportent grandement à la formation. En 2020, neuf ans après sa sélection, Phillip Danault fait honneur à son étiquette de premier choix.
John Carlson
- Choix 1er tour en 2008 (Caps)
- Début en LNH: 2009
- Rôle à temps plein LNH: 2010
- Production digne d’un 1er choix: 2018
Ce dernier portrait risque de vous étonner. Comment puis-je insérer un joueur »qui a pris du temps à se développer » alors qu’il joue dans la LNH depuis 2009 ? Tout simplement parce que John Carlsson aura nécessité neuf saisons avant de réellement s’imposer comme un top défenseur chez les Caps, mais aussi parmi l’élite de la ligue. On parle ici d’un choix de première ronde (27e) qui aurait très bien pu sortir avant cela. Après sa sélection, il décide de quitter la USHL pour se joindre à la OHL chez les Knights de London. LA place par excellence pour développer des joueurs de qualité LNH, on s’entend là-dessus. Par la suite, il débute son aventure chez les pros et rapidement, on lui donne des opportunités dans le grand club.
A-t-on voulu aller trop rapidement avec Carlson en début de carrière ? Peut-être. Du moins c’est ce que je crois. La conséquence à cela ? Six saisons pendant lesquelles sa production stagne sous la barre des 40 points, à l’exception de la campagne 2014-2015 (55 points). Et ce ne sont certainement pas les blessures qui lui auront nui, car Carlson n’a presque pas manqué de matchs depuis ses débuts à temps plein dans la LNH (757 matchs sur une possibilité de 786). Or, ce ne sera qu’à la saison 2017-2018 que le défenseur maintenant âgé de 30 ans s’impose parmi les meilleurs. Il réussit à hausser sa production à 68 points et cette campagne se termine par une Coupe Stanley. Depuis, il demeure régulier à 70 points et plus. Donc, depuis 2018 et encore à ce jour, John Carlson joue réellement comme un premier choix, dix ans après sa sélection au repêchage.
Quelles conclusions peut-on en tirer?
Lorsqu’on regarde les 4 joueurs exposés ici, on constate qu’ils ont tous un point en commun. En effet, les Hawks et les Caps sont les deux équipes représentées ici et les époques exposées voulaient qu’on souhaitait à remporter la Coupe chaque année. Quand on pousse pour la Coupe constamment, il va de soi que nos espoirs en subissent les répercussions. Résultats: Teravainen et Danault se sont épanouis ailleurs alors que Vrana et Carlson ont dû manger leur pain noir pendant quelques saisons supplémentaires avant d’obtenir leur dû.
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