Est-ce que les collèges américains sont surestimés ?
La suite d’une analyse
Au cours de la semaine passée, je vous avais partagé deux analyses qui m’avaient été inspirées d’une série de «Tweets » produits par Jokke Nevalainen de Dobberprospects.com. Ce dernier a prouvé, avec des données de repêchage de 2010 à 2017, que de plus en plus d’Européens sont repêchés par des formations de la ligue nationale. Les questionnements que m’ont inspirés ses conclusions concernent le taux de succès de cette modification de tendance. Est-ce que de repêcher plus d’espoirs venant du vieux continent en vaut la peine pour le futur des franchises.
Des conclusions intéressantes
Si on repasse rapidement mes conclusions jusqu’à présent on remarque que le taux de succès, c’est-à-dire les chances qu’un jeune repêché joue au moins un match dans la LNH, sont d’environ 50 % pour les ligues européennes. Certains circuits sont moins productifs que d’autres, tandis que la Liiga en Finlande affiche une réussite de 60 % de 2010 à 2015.
Repêcher en Finlande serait un gage de succès https://t.co/KVTDOrLvgL #tslh pic.twitter.com/D3yzIJAKVA
— Toutsurlehockey.com (@Toutsurlehockey) May 20, 2020
Du côté du Canada, on note, tel que Jokke l’avait démontré, une diminution du nombre de jeunes qui sont sélectionnés de ses ligues juniors. Pour le taux de succès, ça tourne autour de 50 % de 2010 à 2015. On a remarqué une légère réduction, mais elle n’est pas significative. C’est la ligue junior de l’Ontario qui présente le plus de succès avec 59 %.
La ligue de hockey de l’Ontario est le meilleur bassin pour la LNH au Canada https://t.co/RUpOBCufIH #tslh pic.twitter.com/A01tMntaCX
— Toutsurlehockey.com (@Toutsurlehockey) May 21, 2020
Les États-Unis sous-estimés ?
Aujourd’hui, c’est du côté des États-Unis que nous allons nous pencher. Je couvre deux ligues ici. La USHL et toutes les ligues « Highschool » que j’ai incluses dans la même catégorie. Je vous rappelle que la base de données que je me suis construite comprend 2010 à 2019 pour le nombre de joueurs sélectionnés dans les repêchages amateurs de la LNH et de 2010 à 2017 pour le taux de succès.
Pour être considéré comme étant un succès, un joueur doit avoir été repêché par une équipe de la LNH et avoir joué au moins un match dans la grande ligue. C’est le seul critère que j’ai mis, car mettre des barèmes de matchs serait injuste pour les années plus récentes.
J’espère que les résultats que je vous expose seront piquer votre intérêt.
« Highschool »
Le graphique 1 nous montre que le nombre de jeunes venant des collèges américains est loin d’être en régression de 2010 à 2019. C’est tout le contraire qui se produit. De 2013 à 2016, on voit des années un peu faibles, mais depuis ce temps, le nombre ne fait qu’augmenter. Généralement, c’est 30 jeunes qui proviennent de ces circuits. Pour le taux de succès, il est en régression depuis 2011, passant de 55 % en 2011 à 34 % en 2015 et 9 % en 2017 (graphique 2).
USHL
Le nombre d’espoirs provenant de l’USHL est assez stable depuis 2010 (graphique 1). Les meilleures années ont été de 2013 à 2016 et depuis ce temps les choses se revenu à la normale avec autour de 25 joueurs par année. En regardant le taux de succès, c’est en régression depuis 2011, tout comme les collèges américains. Il passe de 76 % à 20 % de 2011 à 2017 (graphique 2).
Graphique 1 – Nombre de joueurs repêchés par année jouant dans les ligues américaines
Graphique 2 – Pourcentage du nombre de joueurs repêchés en jouant dans les ligues américaines qui atteignent la LNH
Conclusion
Contrairement à ce qu’on a pu remarquer du côté du Canada, on a vu que pour les États-Unis, le nombre de jeunes n’a pas régressé au travers des années, loin de là. Le truc qui est intéressant est au niveau des années 2013 à 2016. Dans cette période de temps, les « Highschools » ont connu de mauvaises années, alors que l’USHL a connu ses meilleures. Le nombre de joueurs qui augmente est probablement dû au fait que les équipes ont un nombre limité de contrats dans leur organisation (50 contrats). Comme c’est connu, pour un jeune repêché des ligues juniors canadiennes, une équipe a 2 ans pour le signer avant de perdre ses droits. Pour l’Europe, c’est 3 ans et, pour les ligues des États-Unis, c’est 4 ans. Ça amène un préjugé positif envers les espoirs américains surtout pour les organisations qui repêchent beaucoup de joueurs par repêchage. Je m’attends à voir le Canadien piger beaucoup au pays de l’oncle Sam cette année en raison de cela.
Pour le taux de succès, c’est en constante régression depuis 2010. Je crois que c’est en raison du 4 ans de répit pour signer les joueurs. On peut croire que ce laps de temps permet aux formations de laisser leurs jeunes progresser plus longtemps dans les mineurs. Ce sont des ligues qui comprennent de nombreux « late bloomers ». Ils peuvent prendre 5 ou 6 ans avant de jouer leurs premiers matchs dans la LNH. Si on enlève de 2014 à 2017, le taux est au-dessus de 50 % pour l’USHL et d’environ 40 % pour les collèges. C’est tiré par les cheveux un peu comme explications, mais si vous êtes inspirés, partagez vos impressions avec moi. Peut-être qu’il ne s’agit pas d’une bonne option tout simplement. Néanmoins, même s’il y a une régression, l’USHL est très performante de 2010 à 2015 avec un taux moyen de 60 % (pour les « Highschools » c’est 38 %). Je vous mets un graphique du taux de succès moyen des deux ligues étudiées afin que vous ayez une vision de la réduction moyenne du taux de succès des États-Unis. De 2010 à 2015, c’est toujours au-dessus de 40 % et de 2010 à 2012, c’était plus de 50 % (jusqu’à 64 %).
Pour répondre à la question de mon titre, je ne pense pas que ligues américaines sont surestimées et je crois même qu’on n’a pas fini de les voir devenir une option pour les équipes de la LNH. Ce sera probablement au détriment des ligues canadiennes et ce sera ce qu’on va évaluer pour le prochain texte.
Graphique 3 – Taux de succès moyen des ligues américaines à produire des joueurs jouant dans la LNH
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