Repêchage 2022 un an plus tard: comment ont performé les espoirs?

Bientôt, la première saison des espoirs sélectionnés au premier tour du repêchage 2022 sera complétée. Certains évoluent encore dans la AHL en séries alors que d’autres performent à la Coupe Memorial. Dans l’ensemble, est-ce que les espoirs de première ronde ont rempli les attentes à leur saison post-repêchage ?

Il ne sera pas question de «redraft» ici. En effet, je pense que de remodeler un repêchage seulement un an après la sélection de ces joueurs est un exercice peu pertinent. Dans ce billet, nous observerons les performances des joueurs en plus de vous partager mes observations si j’ai vu en action les espoirs traités. À la fin, je vous propose un petit aperçu de certaines sélections hors du top 32 qui ont bien fait cette saison.

Voici donc quelques petites histoires de la saison. À la fin de ce texte, je vous propose un tableau récapitulatif des productions offensives des joueurs de la première ronde.

Un top 4, quatre ligues différentes

C’est difficile de comparer précisément ce fameux top 4 du repêchage 2022. En effet, chacun des membres de ce quatuor a évolué dans des ligues différentes cette saison. Et les contextes sont très différents de joueur en joueur. Dans le cas de Juraj Slafkovsky, premier choix au total par les Canadiens, il aura joué strictement dans la NHL. Il fut toutefois blessé une bonne partie de la saison, donc son échantillon est plutôt mince. Globalement, il y a eu une progression dans son jeu. Du côté de Logan Cooley, l’attaquant a joué strictement en NCAA en plus d’apparaître au Championnat mondial junior. Le talentueux joueur de centre a montré qu’il pouvait dominer en NCAA. Il y retournera d’ailleurs l’an prochain. Dans son cas, une progression fut observée, mais on souhaite que son développement se porte plus vers sa transition chez les professionnels.

Dans le cas de Simon Nemec, ce fut une saison d’adaptation en passant dans la AHL. L’arrière n’a pas mal fait, mais il ne fallait pas s’attendre à voir une progression fulgurante. L’espoir des Devils s’est bien adapté dans l’ensemble et il sera intéressant de voir si l’organisation lui confiera un poste dès l’an prochain. Le défenseur entre dans une équipe où on pense à passer au prochain niveau. Les espoirs en défense sont également nombreux.

Enfin, Shane Wright aura eu la saison avec le moins de stabilité dans ce top 4. L’attaquant a commencé à Seattle, s’est fait laisser de côté, fut renvoyé dans la AHL puis au WJC pour ensuite rejoindre Windsor après une transaction dans la OHL pour finalement retourner en AHL pour les séries. Vous êtes essoufflés à la simple lecture de cette phrase ? Imaginez l’espoir qui a vécu dans ses valises toute la saison. Ce ne fut pas la progression la plus facile à évaluer. Shane Wright a peut-être un peu stagné cette saison. Je ne pense vraiment pas qu’il a régressé, mais je m’attendais peut-être à plus de domination dans la OHL. J’ai aimé ce que j’ai vu au WJC, même si une production plus élevée était anticipée.

Un trio affaibli puis décimé

En Suède, la formation de Djurgardens s’alignait cette saison dans la Allsvenskan. Pendant qu’Adam Engstrom, espoir des Canadiens, rejoignait Rogle pour jouer dans la SHL, le fameux trio de cette organisation était cloîtré dans ce calibre d’adulte plutôt «soft». Ça n’a pas servi aux espoirs suédois. En effet, Liam Ohgren et Jonathan Lekkerimaki ont connu des débuts de saison horribles pendant que Noah Ostlund poursuivait légèrement sur sa bonne lancée de la dernière année. Cela dit, le trio n’était aucunement ce qu’il était dans la J20 maintenant dans la Allsvenskan. Dans le cas de Lekkerimaki, l’espoir des Canucks s’est battu contre les blessures toute la saison. Pour Ohgren, c’était de s’adapter au rythme de jeu afin de trouver sa touche.

Heureusement, il y a eu une progression pendant la saison. Ohgren et Lekkerimaki ont connu de très bonnes séries dans la Allsvenskan. Toutefois, Noah Ostlund a vu ses performances se détériorer pendant les éliminatoires. Au final, Djurgardens ne pourra compter sur ces trois excellents joueurs pour la prochaine saison. Noah Ostlund est pressenti pour faire le saut en Amérique du Nord dans la AHL. On s’attend au même dénouement pour Lekkerimaki alors qu’Ohgren passe à Fajerstad l’an prochain. L’attaquant aura ainsi la chance de jouer dans la SHL, un calibre où il avait bien fait à son année repêchage.

Des déceptions en fin 1ere

Lorsqu’on regarde les 5 dernières sélections du premier tour en 2022, on constate qu’il y a plusieurs déceptions. Dans le lot, on retrouve néanmoins un Jiri Kulich qui a connu une superbe saison recrue dans la AHL. L’attaquant des Americans de Rochester s’est très bien adapté au style nord-américain. Ceux qui l’ont suivi l’an dernier n’avaient aucune crainte quant à sa transition. Déjà du côté de la Tchéquie, Kulich était un espoir dont le style s’apparentait déjà à ce qu’on chercher dans le hockey professionnel nord-américain.

On ne peut être aussi enthousiaste pour des noms comme Isaac Howard et Brad Lambert. Ce dernier n’a pas particulièrement répondu aux attentes dans la AHL même s’il ne jouait pas mal. On voit que l’upside offensif tardera à se présenter chez les professionnels. Toutefois, dès qu’il a rejoint les Thunderbirds, on a pu apprécier l’offensive qui se cache chez Brad Lambert. C’est un joueur qui prendra peut-être plus de temps avant d’atteindre un potentiel offensif intéressant. Dans le cas d’Howard, il s’agit d’une saison à oublier. Laissé à lui-même loin de ses anciens coéquipiers du programme de développement américain, l’espoir du Lightning n’a aucunement rempli les attentes. Il a même régressé dans son jeu offensif. Et s’il n’est pas une bombe offensive sur la patinoire, Howard aura peu d’impact à long terme. L’an prochain, il jouera pour Michigan State au lieu de l’Université du Minnesota-Duluth. Espérons que ça le relancera.

Enfin, Maveric Lamoureux n’aura pas eu une saison facile dans la LHJMQ. Individuellement, ça s’est bien passé. Après avoir soigné une bonne blessure, Lamoureux est revenu en force au sein de Voltigeurs. Par contre, ce fut difficile de progresser rapidement au sein d’une équipe qui s’est cherchée toute la saison. L’an prochain, il risque d’opérer dans une équipe plus stable au niveau des performances. Ce sera à suivre. Il devra néanmoins demeurer en santé.

Sortir du gouffre

S’il y a bien un joueur que je surveillerai pour plusieurs années, c’est Joakim Kemell. Lorsque j’ai sorti ma liste des meilleurs espoirs pour le repêchage 2022, Kemell revenait souvent dans les questionnements. Et pour cause. L’an dernier, je l’étiquetais personnellement comme étant le 17e meilleur espoir de la cohorte. Un rang qui faisait parler puisqu’ailleurs, on le voyait dans le top 10 voire même le top 5 à l’occasion. J’étais peut-être sévère, l’avenir nous le dira. Cette saison en Finlande, le calvaire s’est poursuivi pour cet espoir qui a littéralement frappé un mur à la mi-saison l’an dernier. En début d’année de la saison 2021-2022, il produisait à un rythme record. C’est là que ça s’est emballé dans la sphère du scouting amateur. Toutefois, la loi de moyenne a opéré et ça a fessé dans le jeu de Kemell.

Cette saison, c’était tout aussi pire. L’attaquant peinait à exploiter son talent offensif. On se dirigeait vers une solide saison décevante pour l’espoir des Predators. Jusqu’à ce qu’il s’amène en Amérique du Nord. Une transition qui aura fait un grand bien pour celui qui fut une sélection au 17e rang par les Preds. Après une saison de 15 points en 43 matchs en Liiga, Kemell est venu ajouter 13 points en 14 matchs de saison à Milwaukee. Jusqu’ici en séries, il affiche un rendement de 8 points (7 buts) en 11 matchs. C’est une production nettement supérieure à celle de Shane Wright dans la AHL. Et c’est semblable à Jiri Kulich, une sélection au 28e rang. Quand je vous dis qu’un redraft après un an, c’est impertinent…

De bonnes sélections tardives

Je ne peux passer sous silence l’excellente saison qu’a connu Tristan Luneau. Le défenseur fut quelque peu décevant à son année repêchage. Le stress a retombé et l’arrière a renoué avec le rendement qu’il offrait à son année recrue dans la LHJMQ. Le défenseur des Olympiques était vu comme un espoir qui allait nous faire regretter de l’avoir baissé dans les listes. Sans dire de façon catégorique que c’est le cas, disons qu’il a beaucoup mieux performé qu’un gars choisi au 53e rang alors qu’il était perçu un an plus tôt comme une sélection top 32.

Toujours dans la LHJMQ, Jordan Dumais a continué de remplir la feuille de pointage. Son cas demeure encore énigmatique, un an après sa sélection en 3e ronde par les Blue Jackets. 140 points plus tard, les doutes demeurent sur sa capacité à transposer le tout dans la NHL. Surtout à la vue de ses performances contre les grosses équipes et en séries. J’ai trouvé que quand le calibre est plus relevé et plus agressif, Dumais a tendance à disparaître. Notons tout de même qu’il a joué la finale en étant blessé.

Ce serait facile de pointer les joueurs qui produisent beaucoup dans le junior chez les espoirs des rondes tardives. Toutefois, on ne peut pas passer à côté des performances de Lane Hutson, 64e choix de l’encan 2022. Et non, ce n’est pas parce qu’il appartient aux Canadiens. Chez les intervenants du TSLH Espoirs, Huston était vu comme un talent parmi les 32 meilleurs du repêchage. Pour ma part, je le classais au 25e rang de ma liste personnelle des meilleurs espoirs. Sortir fin 2e ronde, pour moi, était vraiment bas. Mais le CH pourrait avoir réalisé le coup de circuit attendu. Huston a performé partout où il est passé. Ce n’est pas un espoir parfait et il a des choses à travailler pour que sa transition chez les pros n’affecte pas trop son potentiel offensif.

En résumé

Au final, il est trop tôt pour dresser des constats finaux sur le développement de ces espoirs de la cohorte 2022. L’an prochain, le portrait global peut changer du tout au tout. Maintenant, observons les rendements offensifs des espoirs de la cohorte 2022.