Repêchage 2023: impressions de la première ronde
La NHL se présentait dans la ville du country avec tous les espoirs aspirants à être repêchés. Le repêchage 2023 à Nashville aura été l’aube d’une première ronde spectaculaire où les émotions furent brassées par les partisans ainsi que par les observateurs d’espoirs. On souhaite souvent du chaos dans les repêchages pour pimenter le tout. On aura été servi.
Hier, j’étais en compagnie de la gang du TSLH Espoirs pour analyser la première ronde du repêchage via un épisode en direct du TSLH Podcast. C’était soir de consécration pour Connor Bedard au premier rang de cet encan. Sans grande surprise, il arborera dès l’an prochain le maillot des Blackhawks de Chicago. Pour revisionner cet épisode, consultez notre chaîne Youtube ou toutes les plateformes de podcast audio. Je vous conseille aussi de vous procurer le Guide 2023 du TSLH Espoirs afin de connaître en détail les nouvelles sélections et les prochaines pour les rondes 2 à 7.
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Un top 4 figé
En entrevue à BLVD le matin du repêchage, je mentionnais que le top 4 était pas mal fixé et que les joueurs étaient assez interchangeables. Ainsi, les Ducks ont penché pour la candidature de Leo Carlsson avant celle d’Adam Fantilli. Ce dernier s’est retrouvé au 3e rang chez les Blue Jackets. L’organisation avait ouvertement affirmé qu’on se cherchait un centre de franchise au repêchage. Cette description aura donc favorisé l’attaquant canadien à Will Smith, qui est tombé dans les mains des Sharks. Fantilli rejoint donc Kent Johnson, lui aussi ancien porte-couleurs des Wolverines du Michigan. L’arrivée d’un centre de qualité comme Fantilli met de la pression sur Cole Sillinger, un jeune centre qui a rongé son frein cette saison dans l’organisation.
Pour ce qui est de Carlsson, je n’étais pas surpris de le voir sortir au 2e rang. L’attaquant suédois peut évoluer au centre comme à l’aile. L’idée de le voir patrouiller le centre d’une unité avec Zegras et McTavish me fait particulièrement saliver. Dans le cas de Smith, on pouvait s’attendre à ce que les Sharks récupèrent l’attaquant en trop de ce trio qui allait assurément sortir entre 2 et 4.
La grogne
Bon, comme ce sont des impressions sur la première ronde, pas trop le choix de parler de la sélection du CH même si plusieurs doivent déjà tenter d’éviter d’en entendre parler. Je peux le comprendre d’ailleurs. Parlons de l’espoir en soi. David Reinbacher est un défenseur dont la certitude de jouer et de se débrouiller dans la NHL est immense. C’est un arrière qui offre une stabilité et une fiabilité sur le jeu. Mon collègue Simon St-Laurent le compare à un Mattias Ekholm. Maxime Lapierre le comparait à Alex Pietrangelo hier. Certains joueurs ou dirigeants en Suisse voient un potentiel à la Roman Josi.
Analyse détaillée de David Reinbacher
Cette sélection fait mal sur le coup, car on a levé le nez sur du talent élite en offensive. Par contre, tout semble indique que d’échanger le 5e choix n’aurait pas permis à Kent Hughes et son équipe de mettre la main sur Reinbacher. Pourquoi ? La sélection de Dmitri Simashev immédiatement laisse présager que l’organisation ciblait Reinbacher. Simashev est peut-être gaucher, mais il peut jouer à droite également. Il l’a fait à de multiples reprises cette saison. On ne voulait donc pas perdre l’occasion de choisir Reinbacher et on ne voulait visiblement rien savoir de Matvei Michkov. C’est correct, il faut en revenir. Cette sélection pourrait hanter le CH dans 6 ans ou elle pourrait devenir un coup de génie. Qui peut réellement savoir ?
Là où j’ai accroché, c’est dans la déclaration de Kent Hughes après le repêchage. Ce dernier a mentionné que si Reinbacher était gaucher, l’organisation aurait été refroidie. Il a complété en affirmant que l’organisation n’avait pas de profondeur à droite. Donc, j’en déduis qu’après toutes ces semaines à nous dire qu’ils allaient prendre le meilleur joueur disponible, les Canadiens ont penché pour le besoin. C’est fâchant certes. Reinbacher était le meilleur joueur aux yeux du CH au moment de sélectionner. Je ne crois pas que c’était l’unique cible. Comme mon collègue Pascal l’illustre souvent, je pense que dans un même tiers de potentiel composé de 3-4 joueurs, on finit par pencher vers celui qui comble un besoin.
Ainsi, j’aime penser que le CH avait un tiers composé de Michkov, Benson, Dvorsky et Reinbacher. Le CH aura fait son choix. Il faut vivre avec maintenant. Je persiste dans le cas de Reinbacher: je ne le vois pas opérer sur une première paire ni en avantage numérique. Notez bien que cette évaluation est inscrite le 29 juin 2023. S’il se développe en un Roman Josi, on pourra tous se raviser. S’il ne «devient qu’un Mattias Ekholm», pour un 5e choix, ce serait un peu décevant. La pression n’est toutefois pas sur le kid. Elle est sur Jeff Gorton, Kent Hughes, Nick Bobrov et sur le personnel du développement des joueurs.
Le facteur russe
Il n’y en a plus de facteur russe. On a mis un terme à ce mythe hier, je crois. Mais je ne pensais jamais que ce serait en voyant Dmitri Simashev sortir avant Matvei Michkov. Ce fut une surprise, mais une agréable. J’avais Simashev comme 1er défenseur de cette cohorte au 11e rang de ma liste des meilleurs espoirs. Un grand défenseur mobile et fluide qui excelle sur plusieurs facettes sur la patinoire. Il fera un grand bien au pipeline d’espoirs des Coyotes avec son potentiel de première paire. Simashev n’est toutefois pas un «riser», détrompez-vous. C’est un défenseur qui a été excellent du début à la fin cette saison. L’an dernier, il m’était tombé dans l’oeil rapidement par sa prestance sur la patinoire. Cette saison, ça s’est poursuivi même si j’ai parfois été dur avec son offensive. Plus la saison avançait, plus on voyait du positif dans son offensive, laissant présager un réel plafond haut de potentiel pour lui. Mes collègues Pascal et Simon St-Laurent avaient classé Simashev 7e à la fin de la saison. Hockey Prospect, une organe de scouting indépendant que je respecte beaucoup, avait Simashev 5e. Ce n’est donc pas un «riser», mais plutôt une excellente sélection de la part des Coyotes.
Par la suite, Michkov sort à Philadelphie. La paradoxe est complet. On vit la situation Cam York / Cole Caufield, mais à l’inverse chez les partisans des Canadiens et des Flyers. Il sera grandement intéressant de suivre les prouesses de Michkov à Philly. L’attaquant semblait en extase d’être choisi par les Flyers, tout comme son DG. À peine arrivé en poste, Daniel Brière fait preuve d’audace en prenant finalement ce cas que l’on décrivait «à problème» dans les médias francophones.
Peu de temps après, Daniil But rejoint son coéquipier Simashev. Les deux porte-couleurs de Yaroslavl en Russie se retrouveront en Arizona. Des choix spectaculaires tout de même alors qu’on met la main, depuis quelques repêchages, sur des gabarits franchement imposants. Simashev et But rejoignent Maveric Lamoureux et Connor Geekie dans la catégorie des gros bonhommes mobiles. En fin de première ronde, Mikhail Gulyayev fut choisi par l’Avalanche. Un défenseur très mobile et polyvalent qui rejoint une équipe avec beaucoup d’avenir déjà en défensive. Au final, je trouve cette année que les Russes ont sorti là où c’était anticipé ou plus haut. L’an dernier, c’était plutôt le contraire alors que Miroshnichenko et Yurov auraient franchement pu sortir plus haut si ce n’eut été du facteur russe. Pour Michkov, je pense que c’est un ensemble de facteurs qui nous permettait d’anticiper cette chute plus que le simple facteur russe lui-même. L’inaccessibilité à cet espoir, son contrat et les rumeurs sur son attitude n’ont certes pas aidé.
La cassure
Depuis plusieurs mois sur le TSLH Espoirs, on vous parle d’une cassure visible après les 12 à 15 premiers espoirs. On l’a littéralement constaté hier. Plusieurs se demandaient pourquoi un tel sortait haut alors qu’il était classé assez bas dans les listes. On a souvent dit qu’entre 15 et 50, les espoirs peuvent être évalués de façon très similaire. La phrase qui revenait dans nos discussions était «que cette année, on pouvait mettre la main sur un aussi bon joueur au 50e rang qu’au 15e». Je pense que c’est ce qui explique le chaos dans les rangs en dehors du top 10. Plusieurs joueurs ont chuté parce que des équipes ont «reaché» des espoirs pour être sûr de ne pas les perdre sous leur propre rang. Ce qui fait en sorte qu’en 2e ronde, il y a encore du talent disponible.
Mes surprises
Dans cette première ronde, j’ai été surpris de la sélection de Tom Willander. Un très bon défenseur qui a augmenté sa valeur au repêchage avec un excellent U18. Il est sorti néanmoins avant Sandin-Pellikka et avant Zach Benson. La sélection de Nate Danielson aussi haut (8e à Détroit) m’a surpris aussi. C’est un joueur que j’adore, mais que j’envisageais voir sortir après le top 15 disons. Très heureux et il pourra se développer très bien à Détroit. Quelle bonne sélection de Washington avec Ryan Leonard aussi ! Ce n’était pas une surprise de le voir sortir à ce rang, mais j’aurais cru que Washington aurait penché vers un centre.
Dans les surprises moins agréables, la sélection de Charlie Stramel au 21e rang m’a jeté par terre. Le Wild doit aimer le profil et doit espérer que sa saison à Wisconsin est explicable par la piètre organisation des Badgers. Stramel n’a toutefois nullement prouvé cette saison, par son jeu, qu’il méritait une sélection en première ronde. À suivre pour les prochaines années. Le choix d’Oliver Bonk au 22e échelon m’a aussi surpris. Un défenseur que je voyais plus en ronde 2 ou 3 et qui possède très peu d’upside offensif. Quand on choisit Michkov plus haut, je peux comprendre qu’on cherchait un choix plus sécuritaire pour la NHL. Je vois Bonk jouer dans la NHL. Mais c’est pas mal juste ça, son plafond: jouer dans la NHL.
Enfin, tellement content de voir Bradly Nadeau atterrir en Caroline. Même si j’adore son profil, je m’attendais à ce qu’il glisse en 2e ronde. Finalement, les Hurricanes l’auront choisi au 30e rang. Un attaquant très offensif, très intense et qui pourrait devenir un coup de circuit pour l’organisation. Elle peut se le permettre, considérant que le pipeline est super bon et que l’équipe NHL est compétitive.
Mes déceptions
La chute de Zach Benson m’a déçu, mais voir l’équipe qui l’a récupéré m’a rassuré rapidement. L’attaquant figurait au 5e rang de ma liste finale des meilleurs espoirs et il est finalement sorti au 13e rang. Je pense encore qu’il est le 5e meilleur espoir et ce sera aux côtés de son coéquipier Matthew Savoie qu’il pourra se développer. J’avais Savoie en haute estime l’an dernier à son repêchage, le classant 3e meilleur espoir de cette cohorte. Encore un joueur qui écope de son gabarit, mais avec le talent à Buffalo, il pourrait dynamiser rapidement cet alignement.
Je suis incroyablement déçu et triste pour Ethan Gauthier. Je pense qu’il pouvait appartenir parfaitement à la première ronde de ce repêchage. Le kid a un bon mental et il saura se relever. On pouvait voir sa déception hier et c’est normal. Je pense que des équipes ont choisi des joueurs parfois vus plus hauts qu’anticipés. Ainsi, Gauthier a été victime de cet empressement et sa candidature descendait conséquemment.
Pas de gardien en première ronde ! Ce sera la folie en 2e et en 3e je pense et par conséquent, des joueurs pourraient encore glisser en début de journée ce jeudi.
Les meilleurs disponibles
Je vous ai laissé un lien vers mon top 32 plus haut. Dans le Guide 2023, vous avez accès à mon top 64. Pour conclure ce texte, voici les joueurs qui figurent encore sur ma liste personnelle des meilleurs espoirs en prévision de la 2e ronde du repêchage 2023:
- Ethan Gauthier (22e)
- Gracyn Sawchyn (23e)
- Riley Heidt (25e)
- Gavin Brindley (26e)
- Aydar Suniev (27e)
- Kasper Halttunen (28e)
- Oscar Fisker-Molgaard (29e)
- Etienne Morin (30e)
- Jacob Fowler (31e)
- Andrew Cristall (32e)
- Carson Bjarnason (35e)
- Trey Augustine (36e)
- Hunter Bruzstewicz (40e)
- Michael Hrabal (41e)
- Koehn Ziemmer (43e)
- Kalan Lind (44e)
- Mathieu Cataford (46e)
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