Repêcher en Finlande serait un gage de succès
Des constats intéressants
Dernièrement, Jokke Nevalainen de Dobberprospects.com a fait une analyse très intéressante concernant la provenance des joueurs repêchés par les formations de la LNH entre 2010 et 2017. Pour faire une histoire courte, le chroniqueur a prouvé que, durant cette période de temps, la proportion d’Européens sélectionnés durant les encans a augmenté significativement passant de 25,7 % en 2010 à 41,9 % en 2017.
Over the last 2 years, about 42% of draft picks have been used on Europeans. I’m curious to see if that number goes up this year. pic.twitter.com/2OOQUcQQem
— Jokke Nevalainen (@JokkeNevalainen) May 10, 2020
Une analyse qui suscite des questionnements
La LNH se diversifie et c’est réellement une bonne chose pour le produit sur la glace. Toutefois, suite à la lecture de ses « tweets » sur le sujet, je me suis demandé quelque chose. Est-ce que le résultat suit la tendance ? C’est-à-dire, durant cette période, comparativement aux ligues américaines, est-ce que celles européennes ont produit un pourcentage plus élevé de joueurs atteignant la LNH ?
Construction d’une base de données
Pour évaluer cela, je me suis construit une base de données couvrant tous les choix de 2010 à 2019. J’ai noté pour chacun la ligue dans laquelle les joueurs évoluaient à leur repêchage et leur nombre de matchs dans la LNH (seulement pour les joueurs de 2010 à 2017). Je ne me suis pas préoccupé des circuits dans lesquelles les espoirs ont joué après leur repêchage, car ce n’est pas un article concernant le développement (mais ce serait vraiment intéressant).
Des critères à respecter
Ensuite, je ne me suis pas mis de barrière de matchs. Je me suis dit, si tu as réussi à jouer une partie dans la LNH, tu es un succès comparé à beaucoup d’autres. Ça m’a simplifié la tâche et les chiffres n’en sont pas moins intéressants. J’ai regroupé plusieurs ligues ensemble. Les collèges américains ont tous été inclus dans la même catégorie, tout comme le Junior A canadien. La SHL avec les ligues inférieures de Suède sont toutes dans la même catégorie et c’est la même chose pour les pays principaux (Finlande et Russie). J’ai regroupé quelques pays comme l’Allemagne, la Suisse, la République tchèque, la France et la Slovaquie, car le nombre de joueurs qui ont été repêchés en évoluant dans ces pays est minime.
Je vais vous partager mes résultats en espérant que je sois clair et que les conclusions vous intéressent. Je vais séparer l’analyse en plusieurs textes (Europe, Canadien et États-Unis¬) pour finir avec le comparatif entre les deux continents, car tout mettre ensemble serait trop lourd.
Suède
La Suède a été de loin le pays d’Europe le plus sollicité par les formations de la LNH de 2010 à 2019. Sauf pour le repêchage de 2015, on voit plus de 20 à plus de 30 joueurs sélectionnés des ligues de ce pays (graphique 1). Pour le niveau de succès, de 2010 à 2014, ç’a été plutôt stable avec un pourcentage de plus de 40 % jusqu’à 57 %, mais, depuis 2015, une proportion moins importante de jeunes atteignent la LNH (graphique 2).
Russie
Je ne m’étais jamais rendu compte du peu de jeunes qui sont repêchés en jouant dans les ligues de Russie. Ça me donne une bonne piste de réflexion pour comprendre pourquoi certains d’espoirs de ce pays, comme Andrei Svechnikov, choisissent de faire le saut en Amérique à leur année de repêchage. De 2015 à 2019, on voit une nette augmentation, alors c’est une bonne nouvelle pour la LNH, car historiquement, il s’agit d’une bonne ruche à talent (graphique 1). On peut penser que le préjugé envers les Russes commence à s’effacer. Pour le taux de succès des choix, c’est plutôt stable de 2010 à 2015 et très bas pour 2016 et 2017 (graphique 2).
Finlande
Au niveau de la Finlande, encore une fois, j’ai été grandement étonné du peu de jeunes qui ont joué leur année de repêchage dans les ligues de leur pays d’origine. Tout comme la Russie, on note une augmentation assez nette chaque année, mais surtout depuis 2015 (graphique 1). Au niveau du taux de succès, bien qu’on remarque une légère diminution dans le temps, il demeure assez haut de 2010 à 2015 (graphique 2).
Autres pays d’Europe
Pour les autres pays d’Europe, c’est quand même un nombre minime de joueurs qui y sont sélectionnés, mais dernièrement (2018 et 2019), le nombre est plus important (graphique 1). Pour le taux de succès, ça tourne en moyenne autour de 45 % (graphique 2).
Graphique 1 – Nombre de joueurs repêchés par année jouant dans les ligues européennes
Graphique 2 – Pourcentage du nombre de joueurs repêchés en jouant dans les ligues européens qui atteignent la LNH
Conclusion
J’aime voir que la LNH se diversifie en recrutant plus de joueurs dans les ligues d’Europe. On voit que ce n’est pas nécessairement que la Suède qui amène des joueurs, mais bien tous les pays. Je me suis amusé un peu avec les données et, pour votre information, Chicago (25) et Nashville (23) sont les équipes ayant sélectionné le plus de joueurs provenant des ligues d’Europe de 2010 à 2019. San Jose (10), Calgary (7) et Los Angeles (10) sont celles avec le moins de sélection, tandis que le Canadien en compte 14 (Las Vegas n’est pas considéré ici).
Pour le taux de succès des joueurs repêchés en Europe qui atteignent la LNH, on note une certaine stabilité entre 2010 à 2015 et une chute drastique après cela (graphique 3). L’adage veut qu’il faille 5 ans pour déterminer le succès d’un repêchage et je crois que ça ressort ici. Ainsi, il est un peu tôt pour évaluer 2016 et 2017. On gardera cela en tête pour les ligues de l’Amérique afin de confirmer que c’est bel et bien le cas.
Graphique 3 – Taux de succès moyen des ligues d’Europe à produire des joueurs jouant dans la LNH
La stabilité de l’Europe de 2010 à 2015 est dût en partie au taux assez incroyable de la Finlande durant cette période. Les joueurs qui sont repêchés lorsqu’ils évoluent dans les ligues de ce pays présentent 60 % de chances de jouer au moins un match dans la LNH. Pour les autres pays, c’est autour de 46 à 49 %.
Pour conclure, avec le taux de succès qui semble demeurer stable de 2010 à 2015, on peut comprendre l’intérêt grandissant des équipes de la LNH pour le vieux continent. Si le taux de succès demeure similaire malgré l’augmentation du nombre de joueurs provenant de ses ligues, le rapport Amérique/Europe sera de plus en plus près du 1 pour 1. Il serait intéressant de répéter cette analyse à chaque année. Ne pensez-vous pas ?
Le prochain texte concernera les ligues Canadiennes de hockey.
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