Chronique vintage | Jonathan Cheechoo se retire dans l’ombre de son trophée Maurice Richard
De 1997 à 2000, les Bulls de Belleville accueillaient un joueur qui deviendra rapidement l’une des fiertés de cette organisation junior canadienne. En effet, c’est en 1997 que Jonathan Cheechoo débute sa carrière et d’une très belle façon. Auteur de 76 points en 64 matchs, l’avenir est prometteur pour cet athlète natif de Moose Factory en Ontario. Rapidement, il attire les regards des recruteurs et ce n’est qu’à sa deuxième saison qu’il figure de plus en plus sur les listes de recrutement. Lors des séries éliminatoires en 1999, l’attaquant cumule 30 points, dont 15 buts, en 21 parties. Les Bulls raflent tout sur leur passage en plus de représenter l’OHL à la Coupe Memorial. Ils s’inclinent toutefois sans pouvoir lever le prestigieux trophée.
À l’été, les Sharks sont donc convaincus de leur choix lorsqu’ils parlent en deuxième ronde. Jonathan Cheechoo accompli son premier objectif, soit celui d’être repêché par une formation de la LNH. Maintenant, il devait poursuivre son stage junior sans démontrer de baisse de régime, ce qu’il applique à la perfection. Encore une fois, les Bulls dominent la OHL et Cheechoo récole 91 points en 66 matchs. Au cours de ses trois saisons chez les juniors, Cheechoo n’a presque pas manqué de joutes en raison de blessures, ce qui ajoute au fait que les Sharks ont peut-être mis la main sur une belle trouvaille en deuxième ronde.
Début prometteur et un lock-out qui changea tout
Cheechoo passe ensuite deux saisons complètes en LAH. Ses bonnes performances ne lui valent pas un poste immédiatement au début de la saison 2002-2003. Par contre, son début de saison chez les Barons de Cleveland en LAH convainc les dirigeants de lui donner sa première chance en LNH. Il gradue donc au niveau supérieur et récolte 16 points en 66 matchs à sa saison recrue dans le circuit Bettman.
L’année suivante, il est en mesure de rester toute la saison chez les Sharks et il connait une production très honnête de 47 points en 81 matchs. Ses 28 buts le place d’ailleurs au premier rang à ce chapitre, à égalité avec Patrick Marleau. L’excitation est à son comble devant un tel rendement de la part d’un choix de deuxième ronde. Malheureusement, son ascension est rapidement freinée par un lock-out qui annule totalement la saison 2004-2005. C’est dans la SHL qu’il poursuit son développement et son rendement a maintenant de quoi inquiéter les dirigeants à San Jose puisque Cheechoo ne récolte que cinq buts en 20 matchs.
L’Ontarien fait rapidement taire ses détracteurs lorsque la LNH reprend ses activités pour la saison 2005-2006. Cheechoo connait une campagne du tonnerre avec 56 buts pour un total de 93 points en 82 matchs. Il récolte le trophée Maurice-Richard au passage et son duo avec Joe Thornton est des plus dévastateurs. Malheureusement, ces performances furent très éphémères, car dès la saison suivante, il voit sa production baisser tranquillement. Bien sur, le fait de récolter 37 buts pour 69 points demeure un excellent dossier. Or, on ne se doutait pas à l’époque que c’était le début de la fin pour cet attaquant.
Pas nécessairement les blessures, mais…
Tranquillement, Cheechoo commence à manquer plus de parties en raison de blessures. Habitué d’offrir entre 75 et 82 matchs en saison, il voit son nombre de joutes baisser vers les 60 plus sa carrière avance. Ce n’est pas dramatique, mais la baisse drastique de sa production offensive l’est par contre. En 2007-2008, il ne cumule que 37 points alors que la saison précédente, c’était son total de buts seulement. Encore en mesure d’inscrire plus de buts que de passes, son apport devient insuffisant pour le qualifier de joueur de premier trio.
En 2008-2009, il signe son arrêt de mort avec les Sharks alors qu’il ne cumule que 29 points avec seulement 12 buts. Rappelons que l’attaquant était sous l’effet d’un contrat de 3M$ jusqu’en 2011, entente qu’il avait signé immédiatement après sa saison de 56 buts. Drôle «d’adon», mais au moins on ne l’a pas signé pour plus que ça à cet époque.
Une transaction qui marque la fin
L’ex-récipiendaire du trophée Maurice Richard est donc transigé aux Senators dans une transaction des plus étranges. On envoie Dany Heatley à San Jose contre les services de Cheechoo et de Milan Michalek. Des choix de cinquième et de deuxième ronde sont également impliqués. On parle de transaction étrange, car Heatley était dans son «prime» à ce moment, quoique sa production tendait à baisser. Par contre, elle ne baissait clairement pas à la même vitesse que Cheechoo. Au final, Heatley connaîtra deux bonnes campagnes à San Jose alors que Cheechoo ne récolta que 14 points en 61 matchs avant d’être céder au club-école des Sens.
C’est là que sa carrière LNH prend fin, car l’attaquant ne reviendra jamais sous les projecteurs du circuit Bettman. Il écoule la dernière année de son contrat en LAH, où il connait tout de même une bonne campagne avec 47 points en 55 matchs chez les Sharks de Worcester. Malheureusement, rien pour convaincre aucune organisation de lui donner une chance, il signe des contrats de ligue mineure jusqu’en 2013 où il quitte l’Amérique du Nord. À ses derniers milles en LAH, il cumule deux saisons consécutives de 56 points en 70 parties et de 32 points en 35 matchs.
L’Europe pour relancer…ou pour s’éteindre
Devant l’option de s’exiler en Europe, il est évident que Cheechoo désirait relancer sa carrière. Ses bonnes prestations en LAH n’avaient pourtant pas su attirer les regards des organisations. Qu’adviendra-t-il s’il se plante encore plus en allant en Europe ? Et bien le même scénario se produit alors qu’il s’éteint en KHL. Quatre saisons passées en Russie au sein de trois équipes différentes, Cheechoo connait des saisons constantes d’environ 40 points. Rien pour précipiter un retour en LNH.
Cette année, il ne débute pas la saison en tant que joueur actif et ce n’est qu’aujourd’hui qu’il décide finalement de mettre un trait sur sa carrière. Au cours de sa carrière, il aura tout de même cumulé 305 points en 501 parties. Malheureusement, la signature de son contrat après une saison du tonnerre l’aura traîné rapidement vers les bas-fonds. Oui, c’est difficile de remporter un trophée Maurice-Richard dans une LNH où la parité est monstrueuse. Toutefois, c’est encore plus difficile de répéter de telles performances de façon plus ou moins constante.
Jonathan Cheechoo prend donc sa retraite non pas avec la réputation d’un marqueur redoutable, mais bien de celui qui ne fut qu’un feu de paille, éteint dans l’ombre d’un trophée Maurice Richard.
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