Rocket | La progression au détriment des résultats ?
Hier à la Place Bell, l’entraîneur-chef et plusieurs joueurs du Rocket de Laval ont défilé devant les médias pour offrir leurs derniers commentaires sur la saison 2023-2024. L’équipe de TSLH était présente pour couvrir cette journée où les entrevues s’enchaînent de 9h à midi.
Le thème principal de la journée tournait autour de deux philosophies bien distinctes, mais qui s’attachent l’une à l’autre quand même. Le Rocket de Laval avait beaucoup de recrues cette saison. Une équipe inexpérimentée qui tentait de se frayer un chemin vers les séries. Après un début de saison plutôt laborieux, l’équipe s’est redressée. Malheureusement, il était trop tard. Plusieurs partisans furent déçus de ne pas voir la formation lavalloise dans les séries éliminatoires. D’autres voyaient d’un bon oeil la progression individuelle chez plusieurs espoirs de l’organisation. Le bilan tournait beaucoup autour de ces deux points. Et dans l’ensemble, on semble satisfait du travers accompli malgré l’amertume d’une absence en séries.
«La AHL est une ligue de développement. […] Quand tu as une jeune équipe avec des joueurs qui proviennent de différentes ligues, ça peut être difficile dans la AHL. J’avais dit aux gens que ce serait difficile avant les Fêtes et c’était le cas. J’ai aussi dit qu’après les Fêtes ce serait mieux. Ce fut aussi le cas. C’est ça, la courbe d’apprentissage d’une jeune formation,» expliquait d’entrée de jeu Jean-François Houle lors de son bilan annuel le 21 avril dernier. D’ailleurs, l’entraîneur-chef s’est bien sûr fait interroger sur ses intentions l’an prochain. Houle n’a pas de contrat pour la prochaine saison, mais exprime clairement ses intentions de revenir dans l’organisation. Toutefois, il ne peut cacher que s’il reçoit une offre alléchante pour la NHL, il devra la considérer.
Progression individuelle
L’année fut remplie d’émotion aux yeux de Houle. En effet, l’entraîneur expliquait que le souhait de l’organisation était de faire progresser les jeunes. Toutefois, comme entraîneur, tu veux aussi gagner des matchs, ce qui aide à la progression, mais aussi aux résultats collectifs. Néanmoins, Houle dresse un constat positif quant à la progression individuelle de plusieurs individus. La progression qui l’a le plus impressionné cette saison ?
«Dobes. De la manière qu’il a commencé, pas facile. Il a montré beaucoup de caractère pour se redresser. C’est la position la plus dure au hockey et faire ce qu’il a fait, c’est quelque chose sans farce,» répondait sans hésitation l’entraîneur-chef, donnant au passage du crédit à Marco Marciano, entraîneur des gardiens du Rocket de Laval.
Plusieurs joueurs ont réellement grandi au sein du Rocket de Laval. Tant sur la glace qu’en dehors de la patinoire. Même si certains événements sont survenus en début de saison qui montraient quelque peu le manque de maturité d’une équipe ne présentant que très peu d’expérience professionnelle.
«Au début de l’année, on a donné beaucoup d’amendes pour les gars qui arrivent en retard ou trop serrés aux pratiques du côté des jeunes. Je pense qu’ils ont montré beaucoup de maturité par la suite. Ils arrivaient super tôt le matin, prenaient soin de leur corps. Je pense que pour l’organisation, on ne peut pas demander mieux chez les jeunes,» expliquait Tobie Bisson lors de son entrevue de fin de saison. Le vétéran ajoutait que la progression de Mailloux, notamment, fut très impressionnante et qu’il «n’aurait pu faire mieux». Il le voit clairement rapidement dans la NHL.
Privilégier la progression
L’hypothèse d’ajouter des vétérans l’an prochain pour permettre au club de gagner plus fut discutée lors de ce bilan. Toutes victoires sont bonnes pour la progression après tout.
«Je pense que c’est important d’avoir un bon produit sur la patinoire. On veut développer les jeunes joueurs en ayant de bons vétérans qui peuvent te faire gagner. C’est dur de balancer les deux par contre. Dans la AHL, il y a plusieurs vétérans qui pensent encore à leur carrière et ne sont pas encore dans l’âge pour aider les jeunes. Parfois, ça, ça peut faire mal,» avouait JF Houle qui ajoutait que certains vétérans peuvent parfois éprouver des frustrations de voir un jeune prendre sa place en avantage numérique. C’est un point à considérer lorsqu’on veut ajouter des vétérans ou des éléments pour gagner à tout prix.
Un succès dans le développement des jeunes demeure priorisé. Les exemples des joueurs du Rocket qui ont progressé vers la NHL furent nommés tout comme les jeunes comme Luke Tuch et Florian Xhekaj qui se sont joints en fin de saison. Houle ajoutait que les détours d’Armia et d’Arber Xhekaj furent aussi deux bons exemples de réussite pour le développement à Laval. L’objectif au sein de l’organisation demeure tout de même la progression.
«Nous sommes sur la même longueur d’onde (avec les dirigeants). Le développement est important. Les décisions étaient enlignées plus vers le développement. […] Oui c’est sur que c’est une déception de ne pas faire les séries. C’est normal, on est humain. Mais le développement était très important, c’était primordial. On espère avoir placé nos joueurs dans une bonne place et qu’ils continuent d’être meilleur. On en a déjà qui sont en haut et qui risquent d’y rester.» – Jean-François Houle
Une exclusion décevante
C’est bien certain que la déception était palpable quant à cette élimination en séries. Vétérans ou recrues, on voulait y participer. Dans le cas d’un Mitchell Stephens, qui éprouvait quelques ennuis avec des blessures mineurs, il n’était pas question de manquer les matchs importants en fin de saison. Les vétérans éprouvaient-ils de la frustration quant à cette balance qui penchait visiblement plus vers le développement ? Après le match de vendredi, Tobie Bisson s’était fâché concernant l’utilisation des jeunes et des vétérans. Le défenseur a souhaité rectifier le tir.
«Je me suis fait taper sur les doigts un petit peu, je vais faire attention à ce que je dis ! C’est dur de pas faire les séries. On a travaillé tout le monde ensemble cette saison. Ils priorisent les jeunes ici, c’est pour le développement. Ce n’est rien contre les jeunes, ils ont fait une bonne job. C’est plus pour les gars qui jouaient pas, je me sentais mal pour eux (Galipeau, Durandeau…),» exprimait en toute honnêteté Bisson, qui demeure très conscient de son rôle dans l’équipe. Le vétéran ajoutait par la suite qu’il a adoré son rôle auprès de Reinbacher et de Mailloux.
Pour Jakub Dobes, il demeure en terrain connu puisqu’en NCAA ou en USHL, il n’a pas vraiment participé à des séries ou des tournois de fin de saison. Malgré sa progression hautement satisfaisante, Dobes demeure déçu de ne pas avoir offert une ronde en séries aux partisans.
«C’est décevant. Je pense qu’on aurait mérité une chance. Je demeure fier des gars et on s’est donné jusqu’au dernier match. J’adore les partisans ici. J’étais très déçu pour eux de ne pas faire les séries. Ne pas jouer à domicile pour les trois prochains mois me manquera assurément» – Jakub Dobes
Des départs?
Pour l’an prochain, le portrait des vétérans sera à remanier. Plusieurs éléments du club devraient revenir au sein du Rocket l’an prochain et cette expérience ne sera pas à négliger. Un gars comme Xavier Simoneau mentionnait d’ailleurs qu’il se sent prêt à endosser le rôle de jeune vétéran. Néanmoins, on devra possiblement remplacer quelques vétérans qui risquent de ne pas revenir. Lias Andersson ne risque pas de revenir et Mitchell Stephens demeure un cas assez incertain. Ce dernier jouait sur la première unité pendant une bonne partie de la saison pour finalement se retrouver sur la 3e ligne en fin de saison.
«Je n’ai pas encore pensé à mes plans pour l’an prochain. […] Je suis un joueur au hockey, l’entraîneur prend les décisions. Je pourrais m’assoir et me plaindre. Mais pour moi, je ne change pas mon jeu peu importe où je suis dans l’alignement. Nous sommes privilégiés de jouer ici. Si tu arrives avec la mentalité que tu t’es fait arnaquer, ce n’est pas bon pour l’équipe,» affirmait Stephens.
Dans le cas de JF Houle, tous les joueurs se sont montrés unanimes à l’effet que c’est un excellent entraîneur. Que ce soit une recrue ou un vétéran, tous se sont alignés pour vanter l’être humain derrière l’entraîneur. Brandon Gignac expliquait que le succès du développement passe par Jean-François Houle.
«Il a été excellent. On le voit encore que tous les jeunes se sont améliorés. Ça en dit beaucoup sur lui. Il est excellent avec les jeunes et excellent avec les vétérans. C’est sûr qu’on veut le garder ici. Tu le vois que c’est une bonne personne avant un bon coach. C’est facile à voir. Souvent, il y avait des décisions qu’il ne pouvait pas changer, mais c’est la business» – Brandon Gignac.
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